vendredi 23 mars 2012

Hommage à Budd Hopkins 1931 2011




Hommage à Budd Hopkins 15 juin 1931 - 21 août 2011




Budd Hopkins nous a quittés le 21 août 2011 à l’âge de quatre-vingts ans. Il était l’un des chercheurs les plus importants dans le domaine, si difficile et controversé, des enlèvements. Je veux ici lui rendre hommage, l’ayant moi-même rencontré plusieurs fois lors de congrès ufologiques, en France et à l’étranger. J’avais découvert à la fin des années 80 ses deux premiers livres, Missing Time et Intruders, publiés en 1981 et 1987, qui m’avaient beaucoup impressionné (seul le premier livre a été traduit en français : voir plus loin sa bibliographie). Ils m’avaient fait prendre conscience de l’importance de la question des enlèvements supposés par des extraterrestres, encore peu connue en France à l’époque. J’ai eu ensuite le plaisir de le rencontrer, d’abord à la conférence internationale de Brasilia en 1997, puis en Italie et en France. Finalement, j’ai assisté à l’hommage émouvant qui lui a été rendu à New York, en octobre 2011, organisé par sa compagne Leslie Kean, qui a rassemblé plus d’une centaine d’amis.


Leslie Kean, et Greg Sandow, lors de la réunion à New York en octobre 2011


Il faut ici évoquer une polémique lancée publiquement en 2010 sur internet par son ex-épouse, qui l’a beaucoup affecté alors qu’il était malade depuis des années et allait de plus en plus mal. Budd a raconté dans son livre de mémoires Art, Life and UFOs, comment Carol Rainey, qu’il avait épousée en 1996, était devenue de plus en plus critique de son travail, notamment sur le cas remarquable mais controversé de Linda Cortile qu’il avait enquêté en profondeur et présenté dans son livre Witnessed. Hopkins s’est alors rendu compte qu’il avait fait une « erreur majeure » (page 399) et s’est résolu à en divorcer en 2001, après avoir pourtant écrit un livre comme coauteur avec elle, Sight Unseen, publié en 2003.
J’ai été l’un de ceux qui ont pris sa défense, sur la liste « UFO Updates », avec beaucoup d’autres, comme on peut s’en rendre compte sur le site de Katharina « Kay » Wilson, Alien Jigsaw , où elle a cité les nombreux soutiens en sa faveur, ainsi qu’une réfutation des attaques contre lui et Linda Cortile :
Alien Jigsaw Articles
Signalons également l’étude approfondie de Greg Sandow (qui apparaît sur la photo plus haut) sur l’affaire de Linda Cortile (pseudonyme), publiée dans l’ International UFO Reporter, la revue réputée du Cufos. Linda elle-même a répondu à des attaques d’une équipe sceptique menée par Joseph Stefula, dans un long article, traduit et publié en France par Jean-Luc Rivera dans la Gazette Fortéenne (Vol. II, 2003).

Budd Hopkins était également un artiste réputé, comme en témoigne un article élogieux du New York Times qui a rendu compte de ces deux aspects de sa vie. Je propose plus loin deux articles que j’ai traduits de l’américain : celui du New York Times, mais d’abord le texte qui présente son œuvre d’ufologue sur le site de la Intruders Foundation, qu’il avait créée en 1989 à New York et animée pendant de nombreuses années pour venir en aide aux victimes d’enlèvements. Je propose aussi de lire mon article d’introduction générale sur la question des enlèvements, en trois parties sur ce blog, en particulier la troisième partie « Nouvelles perspectives » qui montre la place centrale de Budd Hopkins en ufologie :

Enlèvements extraterrestres 3eme partie

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Bibliographie de Budd Hopkins :

1 Missing Time, Richard Marek Publishers, New York, 1981 ; édition de poche, Ballantine Books, New York, 1988 (trad. "Enlèvements extraterrestres. Les témoins parlent", Éditions du Rocher 1995).
2. Intruders. The Incredible Visitations at Copley Woods, Random House, New York, 1987 ; édition de poche, Ballantine Books, New York, 1987.
3. Witnessed. The True Story of the Brooklyn Bridge UFO Abductions, Pocket Books (Simon & Schuster), New York, 1996.
4. Avec Carol Rainey, Sight Unseen. Science, UFO Invisibility, and Transgenic Beings, Atria Books, 2003.
5. Art, Life and UFOs, Anomalist Books, 2009


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Budd Hopkins, présenté par la Intruders Foundation (texte de 2005)


Budd Hopkins est un artiste de réputation internationale, un auteur et un pionnier dans le domaine de la recherche sur les enlèvements liés aux ovnis. Ayant enquêté sur plus de 700 cas, il dirige à présent la Intruders Foundation, une organisation de recherche scientifique et de soutien sans but lucratif. Budd commença à s’intéresser au phénomène ovni lorsqu’il fit, avec deux autres personnes, une observation en plein jour près de Truro, dans le Massachussetts, en 1964. En 1975, il réalisa sa première enquête importante, un incident comportant un atterrissage d’ovni avec occupants au North Hudson Park dans le New Jersey (Ndt : situé sur les hauteurs faisant face à Manhattan, sur la rive ouest de l’Hudson). Peu de temps après, il commença à concentrer ses recherches sur le phénomène des enlèvements liés aux ovnis, qui le conduisirent à publier ses découvertes. Pris ensemble, ses trois livres, Missing Time,1981, Intruders,1987, et Witnessed, 1996, sont largement reconnus par les chercheurs, et aussi bien par les sceptiques, comme constituant le plus importante série de livres publiés à ce jour sur le phénomène des enlèvements. Ces travaux, avec les conférences de Hopkins, et ses autres présentations, ont conduit d’autres chercheurs connus – David Jacobs, John Carpenter, Yvonne Smith et John Mack, entre autres – à se spécialiser sur ce domaine extraordinaire. Ses découvertes bien documentées sont devenues la base pour la plupart des enquêtes et recherches qui ont suivi.

Budd Hopkins est considéré depuis longtemps comme la personnalité la plus connue en ufologie. Il a joué un rôle de pionnier et il continue à mener des enquêtes sur cet aspect le plus controversé du phénomène ovni – l’enlèvement systématique d’êtres humains par les occupants des ovnis. En tant que premier expert mondial sur ce sujet, il a travaillé avec plus de mille personnes qui ont témoigné sur des expériences d’enlèvements au cours des vingt dernières années. Ces personnes proviennent de toutes sortes de milieux, et elles comprennent des médecins, des psychiatres, des avocats, des officiers de police, des personnels militaires, des hommes politiques, des personnalités du monde du spectacle, et même un scientifique de la NASA.

Ecrivain prolifique et peintre de réputation internationale, Hopkins a fait des centaines de conférences sur les ovnis dans ce pays et à travers le monde. Son premier livre qui a ouvert la voie, Missing Time, fut le premier travail qui compara une série de cas d’enlèvements ovni dans le but de dégager les traits communs qu’ils révélaient. Un deuxième livre, Intruders – The Incredible Visitations at Copley Woods, fut un best-seller du New York Times et il inspira une mini-série populaire de la CBS en 1992, Intruders, qui a été depuis diffusée internationalement. Son dernier livre, qui a été très remarqué, est Witnessed – The True Story of the Brooklyn Bridge UFO Abductions. (Note : il a écrit deux autres livres, en 2003 et 2009. Voir plus haut sa bibliographie).

Le but de Hopkins a toujours été de traiter le phénomène des enlèvements liés aux ovnis dans un esprit objectif, scientifique et dépassionné. À cette fin, il a créé la Intruders Foundation (IF) en 1989. IF est une organisation sans but lucratif consacrée à la recherche et à l’éducation publique concernant cette énigme extraordinaire. Elle publie journal respecté, et offre un service national pour référer ceux qui souhaitent explorer leur propres expériences qu’ils soupçonnent d’être des enlèvements.

En dépit de sa nature extrêmement controversée, la recherche de Hopkins a reçu des commentaires sérieux dans des publications connues, telles que Time, Paris Match, le Washington Post, la New York Review of Books, Omni, People, et Cosmopolitan. Il a été invité à des centaines d’émissions de radio et de télévision, comprenant Nightline, Good Morning America, The Today Show, The Oprah Winfrey Show, The Tonight Show, Charlie Rose, Larry King Live, The Charles Grodin Show, Sally Jesse Raphael, The Geraldo Rivera Show, 20/20, 48 Hours, Unsolved Mysteries, Encounters, A Current Affair, Nightwatch, The Late Show, The Art Bell Show, Tom Snyder, The Laura Lee Show, Hieronimus and Company, Weekend Edition (National Public Radio), Voice of America, Armed Forces Radio, de nombreuses stations affiliées à la BBC, et beaucoup d’autres shows et forums.

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Article sur Budd Hopkins, paru dans le New York Times du 24 août 2011

Budd Hopkins, expressionniste abstrait et auteur sur les OVNIS, meurt à l’âge de 80 ans
Par Margalit Fox


Budd Hopkins, un artiste expressionniste abstrait de qualité qui – après ce qu’il décrivit comme une observation qu’il fit par hasard d’un objet volant non identifiable, plat et argenté - devint le père du mouvement sur les « enlèvements-alien », est décédé ce dimanche à son domicile de Manhattan. Il était âgé de 80 ans. Selon sa fille Grace Hopkins-Lisle, son décès était dû à des complications de son cancer.
Peintre et sculpteur, Mr Hopkins faisait partie du cercle d’artistes de New York qui comptait, dans les années 50 et 60, Mark Rothko, Robert Motherwell et Franz Kline. Son œuvre, - qui, dans les années 60, inclut de grands tableaux avec des formes géométriques sacralisées par de grands champs colorés dans le style de Mondrian - figure dans les collections du Metropolitan Museum et du Musée d’Art Moderne de New York, de la Corcoran Gallery of Art de Washington, et du British Museum, parmi d’autres.


"Guardian LXVII" by Budd Hopkins, 1989. (Grace Hopkins-Lisle)


Plus tard, Mr Hopkins s’est tourné vers de grandes sculptures, presque architecturales, qui semblaient surgir de mythes primordiaux. En 1985, en commentant une telle pièce, « Temple d’Apollon avec Gardien XXXXV » - qui faisait partie d’un lieu de prière, à la fois ruine archéologique et autel de sacrifice – Michael Brenson écrivit dans le New York Times :
« Si ce travail concerne le sacrifice et la violence, il évoque aussi l’extase et l’illumination ». En essayant de redonner une signification la plus large à l’abstraction géométrique qui avait fasciné tant d’artistes du 20ème siècle, Hopkins nous amène à considérer que le rituel, l’adoration, la cruauté et la superstition ont toujours été inséparables ».

Certains articles sur Mr Hopkins ont voulu voir une relation entre ces pièces et sa fascination pour les visiteurs venus d’autres mondes, car ses livres, conférences et apparitions à la télévision l’avaient alors fait bien connaître comme enquêteur sur les OVNIS. Mr Hopkins, cependant, ne reconnaissait pas une telle relation (voir mon commentaire à la fin. GB).

Il s’empressait aussi de souligner qu’il n’avait jamais été enlevé lui-même. Mais après ce qu’il a décrit comme son observation d’un ovni, à Cape Cod en 1964, il a commencé à rassembler des témoignages de gens qui disaient qu’ils n’avaient pas seulement vu des véhicules spatiaux mais qu’ils avaient été enlevés à bord de ceux-ci pour des voyages involontaires et déplaisants.

Etant le premier à rassembler et publier de telles histoires en quantité, Mr Hopkins a été largement considéré comme ayant initié le mouvement des « enlèvements-alien », une ramification des études sur les ovnis. Des écrivains plus connus sur le sujet, comme Whitley Strieber et le psychiatre de Harvard John Mack, ont reconnu que c’était lui qui avait initié leur intérêt pour le sujet. En mettant en avant les récits – dont beaucoup avaient été obtenus sous hypnose – de gens qui disaient avoir été enlevés, Mr Hopkins fut frappé par la récurrence de certains motifs : la route à l’écart, l’obscurité nocturne, le surgissement d’une lumière, le passage soudain, dans l’air, jusqu’à un véhicule en attente, et surtout le sentiment d’un temps manquant.
Il partit à la recherche de ce temps perdu. Voici ce qu’il trouva, histoire après histoire :
Les aliens étaient techniquement sophistiqués, et beaucoup d’entre eux parlaient un anglais « improbablement bon ». Ils étaient petits, avaient des yeux globuleux (note : « bug eyed », expression venant tout droit de la science-fiction américaine, qui convient mal pour ces récits…) aux lèvres minces et à la peau grise. Ils ôtaient les vêtements de leurs sujets, et les sondaient avec des instruments, prélevant souvent du sperme et des ovules.
Ces narrations, a écrit Mr Hopkins, l’ont conduit à une conclusion déplaisante et incontournable : Les aliens - ou les « visiteurs », comme il préférait les appeler - pratiquaient une forme d’eugénisme extraterrestre, visant à redresser leur race en déclin en pratiquant des hybridations avec l’Homo sapiens.

En 1989, Mr Hopkins fonda la Intruders Foundation, basée à Manhattan, pour aider à donner l’alerte. Il a écrit quatre livres sur le sujet, dont « Intruders. The Incredible Visitations at Copley Woods » (1987) qui est resté pendant quatre semaines sur la liste des best-sellers du New York Times et sur lequel reposa un film de télévision en 1992, avec comme acteur principal Richard Crenna. Le travail de Mr Hopkins lui a attiré des foudres, inévitablement ; dans des interviews, il a comparé ses attaquants à des négationnistes de l’Holocauste, une analogie qui provoqué de nouvelles critiques.

Elliot Budd Hopkins naquit à Wheeling, dans la Virginie de l’Ouest, le 15 juin 1931, et survécut à la polio à l’âge de deux ans. Il obtint une licence en histoire de l’art au collège d’Oberlin en 1953, puis s’installa à New York où il se fit rapidement une réputation artistique.
Après son observation de Cape Cod, qu’il décrivit comme un disque argenté, au dessus de Truro dans le Massachussetts, Mr Hopkins commença à enquêter sur les ovnis. En 1976, il écrivit un article sur les enlèvements dans le Village Voice, suivi d’un article dans Cosmopolitan. Cette exposition provoqua une abondance de lettres de lecteurs qui se demandaient s’ils avaient été enlevés eux aussi, et sa seconde carrière était née. Au cours des années 80, elle éclipsa la première.
Les trois mariages de Mr Hopkins, avec Joan Baer, April Kingsley et Carol Rainey, se sont terminés par des divorces. A part sa fille Grace, née de son mariage avec Mlle Kingsley, ses proches comprennent sa compagne Leslie Kean ; une sœur, Eleanor Whiteley ; et un petit-fils.
Son livre de mémoires, Art, Life and UFOs, a été publié en 2009 par Anomalists Books.


Le livre de Budd Hopkins Art, Life and UFOs (2009)


Contrairement à certains écrivains dans ce domaine qui ont décrit leurs propres enlèvements comme les ayant transformés spirituellement, Mr Hopkins ne pensait pas qu’un bénéfice pouvait être retiré du fait d’être le sujet involontaire d’un vaste projet sur le génome humain dans l’espace. Il appelait ses témoins des « victimes », et il organisait pour eux des sessions de thérapie à New York.
Beaucoup de ceux qui ont partagé leurs histoires avec Mr Hopkins n’avaient pas, au début, le souvenir conscient de leurs enlèvements. Mais ils avaient vécu pendant des années, dit-il, avec le sentiment obsédant que quelque part, il leur était arrivé dans leur vie quelque chose de dramatique.
Leur condition, dit Mr Hopkins, n’était pas aussi rare qu’on pourrait le supposer. Selon son estimation, un Américain sur cinquante a été enlevé par des aliens et ne le sait tout simplement pas.

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Note sur cet article du New York Times Gildas Bourdais

C’est avec une surprise agréable que j’ai découvert cet article du New York Times. Il n’est pas courant, en effet, de lire un hommage sérieux et respectueux, rendu à un ufologue dans un journal aussi prestigieux. Certes, Budd Hopkins était connu comme artiste new-yorkais, mais l’article montre bien qu’il avait acquis également une solide réputation dans le monde intellectuel américain en tant que chercheur et auteur de livres sur les enlèvements, un sujet plus connu aux Etats-Unis qu’en France, faut-il le souligner.
Dans son dernier livre Art, Life and UFOs. A memoir, paru en 2009 deux ans avant sa mort, Budd Hopkins nous a offert un bilan de sa vie, à la fois d’artiste et d’ufologue. Il y livre, notamment, quelques réflexions sur une influence possible, peut-être inconsciente, de sa recherche ufologique sur sa créativité artistique (pages 188-189). En fait, Budd a reconnu lui-même, avec perspicacité, que son observation d’un ovni en 1964 avait probablement influencé sa peinture Il évoque ainsi le grand cercle noir qu’il a peint au beau milieu de son tableau Sun Black (« Soleil noir ») en 1966 :
« … J’ai utilisé le cercle à la fois comme un objet impérieux, contrôlé, et comme un vide mystérieux. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce n’est que des années plus tard que j’ai commencé à prendre conscience des possibles liens, formels et philosophiques, entre mon tableau Sun Black et mon observation d’ovni de 1964. Comme je l’ai dit, les artistes essaient rituellement de nier de telles influences pour défendre, sans succès, la pureté virginale de leur travail, et j’admets maintenant, des années plus tard, qu’à l’époque j’étais aussi porté que les autres à cette attitude sans espoir. »


Sun Black 1, huile sur toile, 40” x 52”, 1966


Cette question d’une influence réciproque, même inconsciente, entre art et ufologie, m’intéresse personnellement, ayant moi-même trempé dans ces deux activités. Je l’ai abordée dans mon livre Visions célestes. Visions cosmiques (2007), ainsi que les rapports controversés entre ufologie et science-fiction (voir le chapitre 7 « Visions d’hier et d’aujourd’hui"). Pour les amateurs de peinture, je signale aussi mon site artistique, créé récemment, où apparaissent (discrètement !) quelques engins volants mystérieux :
Site art gildas bourdais

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