jeudi 30 décembre 2010

Roswell. Le faux débris de 1996



Gildas Bourdais, décembre 2010


Juillet 2010 : Denis Denocla mesure la radioactivité d’un débris au musée de Roswell

Le 20 octobre 2010, Denis Roger Denocla publiait, sur la grande liste nord-américaine « UFO Updates », un message dans lequel il annonçait avoir mesuré la radioactivité d’un débris de l’ovni qui s’était écrasé près de la ville en 1947, débris qui était selon lui exposé au musée. Je le cite, traduit en français : « En juillet 2010, j’ai été invité par Julie Shuster, la directrice du Musée et Centre de recherche sur les ovnis de Roswell. J’y ai fait un exposé sur mes études actuelles. J’ai vu que le Musée de Roswell a un débris de la machine qui s’était écrasée dans le désert près de Roswell en 1947. En vérifiant les analyses qui avaient été faites sur ce débris (souligné en gras par moi), j’ai remarqué que, apparemment, il n’y avait pas eu d’analyse de radioactivité de faite sur lui. J’avais mon compteur Geiger avec moi, et j’ai décidé de faire une mesure ». Denis Denocla observe une légère différence de radioactivité par rapport au milieu ambiant - 18,05 particules /minute, à 10 cm du débris, contre 16, 66 au milieu du musée – et demande si quelqu’un pourrait faire une autre mesure. Il annonce également ces résultats sur son site internet :
http://www.denocla.com/?p=1828&lang=en-us
Il y dit la même chose, notamment que « Le musée Roswell détient un débris d’un engin qui s’est crashé dans le désert aux alentours de Roswell en 1947. »

Sur la liste UFO Updates, à laquelle participent des spécialistes reconnus de Roswell, tels que Kevin Randle, Stanton Friedman et David Rudiak, un participant à la liste a fait simplement remarquer qu’un faible écart de ce genre est banal. Deux autres participants - dont moi - se sont étonnés : se pouvait-il qu’un vrai débris de l’ovni, « quête du Graal » de tous les enquêteurs depuis trente ans, soit ainsi exposé au musée ? Une telle nouvelle serait une bombe, et pas seulement dans le petit monde de l’ufologie ! Denis Denocla ne nous a pas répondu.
J’étais intrigué, et j’ai posé la question de la radioactivité au Dr Jesse Marcel Jr, que je connais depuis 1997. Il m’a répondu aussitôt que son père, le commandant Marcel, avait bien fait des relevés de radioactivité lorsqu’il avait inspecté le fameux champ de débris du ranch Foster, et qu’il n’y avait rien d’anormal. Cela est précisé, d’ailleurs, dans plusieurs livres, notamment UFO Crash at Roswell, le premier livre de Kevin Randle et Donald Schmitt, publié en 1991 (p 49 de l’édition de poche). Les officiers chargés des bombardiers atomiques savaient mesurer la radioactivité. Marcel, notamment, qui avait dirigé la sécurité des essais atomiques de Bikini l’année précédente, avec les félicitations de toute la hiérarchie ! (voir mon livre Le crash de Roswell) Ainsi, cette « révélation » de Denis Denocla sur la radioactivité d’un débris de Roswell était déjà, pour le moins, très surprenante.

Qu’était donc ce débris ? David Rudiak m’a suggéré une explication, en privé : c’était peut-être le canular d’un curieux débris apporté au musée en mars 1996, qui avait fait du bruit à l’époque mais avait été vite identifié comme un simple déchet d’un atelier de joaillerie, puis qui était resté exposé dans un coin du musée. Je me suis alors souvenu que je l’avais vu, effectivement, dans une vitrine, en juillet 2007. Voici une photo du débris en question, de petite taille (79 x 43 mm selon Michael Hesemann) qui a été publiée à l’époque.


Le débris de joaillerie exposé au Musée de Roswell en1996.


J’ai rapidement signalé cette piste à Denis Denocla, en lui donnant des références de livres et articles qui ont rapporté cette petite histoire : Beyond Roswell, de Michael Hesemann et Philip Mantle (1997, pages 249 à 251), The Roswell Encyclopedia de Kevin Randle (2000, pages 153 à155), et mes deux derniers livres sur Roswell (2004, pages 433 et 435, 2009, pages 353 et 354). Je lui ai demandé si le fragment montré sur cette photo, d’un aspect très particulier, était bien celui qu’il avait vu au musée, mais il a esquivé ma question à plusieurs reprises. Il a dit avoir « vérifié les analyses qui en avaient été faites », mais la vraie nature du débris semble lui avoir échappé.

J’ai alors pris contact avec la directrice du musée de Roswell, Julie Shuster (qui a pris la succession de son père Walter Haut, décédé), pour avoir son opinion. Dans un message qu’elle m’a adressé 23 novembre, elle m’a confirmé qu’il s’agissait d’un débris de joaillerie, mais elle a ajouté qu’il y aurait d’autres tests à faire : « Quant au test du fragment de joaillerie, je dois clarifier qu’il y a eu seulement un test d’effectué. J’ai appris récemment que 2 ou 3 tests sont nécessaires pour en être certain. Les tests additionnels n’ont pas été faits. » (“As for the actual testing of the jewelry I need to clarify that there was only one test done on it. I have recently learned that 2-3 tests are needed to be certain. The additional tests have not been done.”)

Or, je l’ai vérifié peu après, des tests complémentaires ont bien été faits, et le canular a été complètement démasqué, dès septembre 1996, par le directeur des recherches du musée, Miller Johnson, qui a raconté l’histoire dans un article du Mufon UFO Journal (c’est la revue mensuelle du Mufon - Mutual UFO Network - le plus important groupe ufologique américain).

L’enquête de Miller Johnson, directeur des recherches du Musée de Roswell.

J’ai retrouvé cet article, de plus de quatre pages, paru dans le Mufon UFO Journal de novembre 1996 (dont j’ai la collection complète depuis fin 1990), intitulé « Le débris de Roswell, un déchet de joaillier » (« Roswell débris jeweler’s cast-off »). Miller Johnson y raconte comment des études, faites à la demande du musée dans deux laboratoires réputés, ont révélé que ce matériau n’avait rien d’extraterrestre. Il a été confirmé d’autre part, de plusieurs sources, que c’était un simple débris provenant d’un atelier de joaillerie.

Citons le premier paragraphe de l’article :
« Comme le savent sans nul doute la plupart des lecteurs, un fragment métallique, censé avoir été récupéré sur le site des débris du crash de Roswell, a attiré l’attention du monde entier en mars dernier. Une analyse pour déterminer les éléments qui le composent a été organisée au Bureau des Mines et ressources minérales du Nouveau-Mexique (à Socorro), par Max Littell, du Musée international et centre de recherche. L’analyse par fluorescence aux rayons X (« X ray fluorescence analysis ») a déterminé que le fragment de 1,616 grammes était une combinaison de Cu (cuivre) et de Ag (argent) avec des traces de sodium, d’aluminium, de silicium, de fer, de chrome, de soufre et de chlore. Le Musée ovni de Roswell a alors reçu un second fragment, fourni par la même source. »

Après discussion avec l’auteur du test, Chris McKee, et avec le professeur C. B. Moore (alors en retraite à Socorro) qui y avait assisté, Johnson a recommandé à la direction du Musée une analyse isotopique.

Je saisis ici l’occasion pour corriger une critique injuste de ma part dans mon livre concernant le professeur Charles Moore. J’ai écrit qu’il avait cru identifier une partie d’un train de ballons Mogul, dont il était l’un des partisans, avec son livre à paraître l’année suivante. Or, selon Antonio Huneeus, dans Fate Magazine de juillet 1996, Moore avait dit clairement que ce fragment était « sans rapport avec les cibles radar ni aucun autre équipement utilisé par le NYU Group » (l’équipe de la New York University, dont il faisait partie, chargée de lancer les trains de ballons en 1947 à White Sands). Moore avait seulement indiqué que ce fragment aurait peut-être pu être un composant d’un microphone de bouée acoustique (l’un des instruments de Mogul), mais il ne voyait pas comment un soldat aurait pu le récupérer. L’article de Huneuus, « New Metallic Artifact », a été repris dans le livre The Best of Roswell (Galde Press, 2007, pages 142 et 143). Mais voyons le point important, décisif même, de cette histoire, l’étude des ratios isotopiques.

Lorsque les ratios isotopiques d’un élément sont calculés, on peut les comparer aux ratios courants sur Terre. S’ils s’en écartent de plus de 0,5 à 1 %, on peut les considérer comme une indication positive de possible origine extraterrestre. Celle-ci nécessitait un équipement sophistiqué appelé « spectromètre de masse par ionisation thermique » (« Thermal Ionization Mass Spectrometer », ou TIMS). Miller Johnson a repéré un tel équipement au Laboratoire National de Los Alamos (LANL), au nord du Nouveau-Mexique, et a obtenu qu’une telle analyse y soit réalisée. Faut-il le rappeler, Le laboratoire de Los Alamos est l’un des hauts lieux de la recherche scientifique, notamment militaire, aux Etats-Unis. C’est là que fut conçue la première bombe atomique.


Vue d’ensemble du Laboratoire National de Los Alamos


Après accord signé le 14 juin, l’étude a été réalisée par Larry Callis, chef de l’équipe de spectrométrie de masse, le 1er et le 2 août 1996, avec l’aide de son équipe, sur deux fragments, en présence de Miller Johnson.


Crail Hammond (à droite) et Miller Johnson devant le spectromètre de masse de Los Alamos (photo Larry Callis)


Miller Johnson a reçu les résultats par Fax le 15 août. Celui-ci soulignait que les tests avaient été réalisés avec un appareil (Modèle VG-354, fabriqué par FisonsVg en Grande-Bretagne) utilisé normalement pour des analyses de haute précision de matériaux nucléaires. Citons tout de suite la conclusion de l’étude :
« Ainsi, il apparaît que les ratios isotopiques mesurés sur les deux fragments ne sont pas inhabituels – c'est-à-dire qu’ils sont typiques de valeurs terrestres ».

Résumons les résultats, détaillés par Miller Johnson dans son article. Dans du cuivre ordinaire, on trouve environ 70 % de l’isotope 63 et 30 % d’isotope 65. Plus précisément, le rapport des deux est le « ratio isotopique », 63Cu/65Cu, dont la « valeur acceptée » est de 2,244.
De même, pour l’argent, qui combine normalement les deux isotopes 107 et 109, la valeur acceptée du ratio isotopique 107Ag/109Ag est de 1,0764.
Les valeurs trouvées pour les fragments étaient :
Pour le cuivre : 2,2391 + ou – 0,0022 à 0,0024
Pour l’argent (un seul fragment a pu être étudié par manque de temps) : 1,0764 +ou – 0,0010

La valeur trouvée pour l’argent était parfaitement normale, mais il y avait pour le cuivre une petite variation par rapport à la valeur acceptée, de 0,2 %.
L’étude de Los Alamos commentait ainsi ces résultats :
« Les valeurs publiées indiquent qu’un écart de quelques dixièmes de pour cent sont possibles. Ainsi, pour que les fragments puissent être décrits comme inhabituels, les ratios isotopiques mesurés devraient être bien en dehors des valeurs terrestres possibles, soit différentes d’au moins 0,5 à 1 %. Ce n’est certainement pas le cas du cuivre et de l’argent contenus dans ces fragments ».

Le fragment identifié comme un débris de joaillerie

Ainsi, résume Miller Johnson dans son article, l’analyse isotopique a fourni des valeurs « typiques de valeurs terrestres ». Cependant, il restait un aspect curieux à examiner. Des microphotographies optiques réalisées également à Los Alamos avaient fait apparaître que ces fragments comportaient huit couches très fines, alternées, de cuivre et d’argent, ce qui était inhabituel. Mais cette question a été elle aussi résolue.


Les couches alternées de cuivre et d’argent, révélées par microphoto à Los Alamos


Le 5 septembre 1996, Miller Johnson a eu plusieurs entretiens téléphoniques avec le journaliste John Fleck , de l’Albuquerque Journal, au sujet de ce mystérieux fragment. Fleck lui a dit qu’il était sur une piste, qui a été révélée dès le lendemain en première page du journal. Voici exactement ce qu’en dit Johnson dans son article du Mufon UFO Journal :
« Fleck avait interviewé par téléphone un certain Randy Fullbright, joaillier à Saint George, dans l’Utah. Fullbight lui avait dit que le fragment original était un déchet (« a piece of scrap ») provenant de son studio. Le 7 septembre, j’ai visité la bijouterie James Kallas à Santa Fé pour y photographier des échantillons de bijoux de Fullbright qui y étaient exposés. Pour moi, le mystère des fragments était maintenant résolu à 99%. »
Johnson raconte qu’il a eu trois longues conversations téléphoniques avec M. Fullbright, qui lui a décrit les caractéristiques du débris. Il s’agit d’une ancienne technique japonaise appelé Mokun Gane, et Fullbright lui a posté des échantillons de déchets pour comparaison. Johnson avait maintenant la preuve convaincante, résolvant le puzzle du fragment. Et il écrit : « Le 19 septembre, une réunion matinale avec les officiels du musée a refermé le dossier (« closed the case »). Il a été constaté que le fragment numéro 2 du musée et l’échantillon fourni par le studio de Fullbright coïncidaient (« positive match »).

Miller Johnson conclut ainsi son article : « L’enquête scientifique employée dans cette affaire très commentée, nationalement et internationalement, a renforcé la crédibilité du Musée international et centre de recherche sur les ovnis de Roswell. »
Ce qu’il ne dit pas, c’est que, au cours des mois précédents, le musée avait fait une exploitation commerciale pour le moins imprudente de ce débris, notamment à l’occasion du festival annuel du mois de juillet, qui commençait à prendre de l’ampleur cette année-là, sous l’impulsion de l’avocat Max Littel, administrateur du musée. Ainsi, l’enquête de Johnson venait à point nommé pour redresser la situation… Les livres déjà cités plus haut, et d’autres sources, ont livré quelques détails qui méritent d’être rappelés.

Quelques détails sur le déroulement de l’affaire

Le visiteur du musée qui avait apporté le premier fragment au musée de Roswell, le 24 mars 1996, avait demandé à garder l’anonymat. Il avait raconté à Max Littel que l’objet avait été trouvé par l’un des soldats chargés de nettoyer le site du crash en juillet 1947. Comme le fragment était petit, il avait pu le cacher dans sa poche sans se faire remarquer. Trois jours plus tard, le Roswell Daily Record racontait l’événement en première page, et Little passait à la télévision à Albuquerque.
Le fragment fut acheminé dans les plus brefs délais pour analyse au laboratoire du Bureau des Mines, à Socorro, par Max Littel et le chef de la police de Roswell, Ray Mounts. Incidemment, ceci indique l’intérêt de la ville pour ce débris, qui était peut-être une précieuse découverte. De leur côté, les spécialistes de Roswell tels que Stanton Friedman et Kevin Randle déploraient l’anonymat du témoin, interdisant tout recoupement. Au cours des mois suivants, le musée se livra à une certaine exploitation commerciale du fragment, notamment au festival de juillet, faisant payer les visiteurs pour voir le fragment et vendant des photos de celui-ci ! Selon Littel lui-même, le musée avait encaissé plus de 1 500 Dollars avec la vente des photos (Beyond Roswell, p. 251).

Cette situation n’a pas duré très longtemps. L’article de l’Albuquerque Journal du 6 septembre, déjà cité, révélait non seulement la piste du joaillier Randy Fullbright, mais donnait aussi le nom de la personne qui avait fourni le débris au musée, Blake Larsen, qui avait emporté le débris juste avant d’aller habiter à Roswell. Toujours selon cet article, Fullbright avait averti le musée de l’origine de la pièce métallique lorsqu’il avait vu sa photo dans les journaux, mais on ne l’avait pas écouté !

Une question vient évidement à l’esprit, celle du rôle joué par ce Blake Larsen. Etait-il un mauvais plaisant agissant seul, ou était-il en service commandé ? On ne le sait pas, semble-t-il, encore aujourd’hui.
On peut quand même remarquer que cette petite provocation s’intégrait assez bien dans le débat sur Roswell qui a fait couler beaucoup d’encre à l’époque. En particulier en 1995, avec le trop fameux film de l’autopsie et le gros rapport de mille pages du Pentagone sur les ballons Mogul (The Roswell Report) ; deux ans plus tard avec un nouveau rapport du Pentagone, The Roswell Report. Case Closed, qui a voulu expliquer les témoignages sur les cadavres comme des confusions avec des mannequins en bois pour essais de parachutes. Comme je le raconte en détail dans mon livre sur Roswell, le premier rapport avait été bien accepté dans la presse, mais le second avait plutôt suscité le doute et la perplexité. Cependant, le film de l’autopsie avait fait tellement de ravages en 1995 que le dossier de Roswell a bel et bien été enterré pendant quelques années, malgré les enquêtes déjà approfondies des années précédentes. Ce n’est qu’en 2007 que celles-ci ont été vraiment relancées avec le livre Witness to Roswell, de Tom Carey et Donald Schmitt, qui a révélé des témoignages nouveaux et importants.

Malheureusement, il faut se méfier de certains témoignages douteux, tel celui de ce soldat, apparu récemment, qui dit avoir vu en 1950 un survivant de Roswell, détenu dans un camp militaire en Virginie, dans une petite casemate (cité notamment dans la revue Nexus). Une histoire très suspecte, pour le moins, qui sent fortement la désinformation « amplifiante », selon le principe : lancer une histoire à première vue excitante, mais qui ne va pas faire long feu !

samedi 25 décembre 2010

OVNIS : nouveaux livres et nouvelles polémiques



Gildas Bourdais, décembre 2010

Ces dernières années, le débat sur les ovnis a continué de plus belle dans les médias. Principalement aux Etats-Unis avec des échos de par le monde, mais aussi avec des prolongements spécifiques pour la francophonie. En 2007 puis en 2010, deux conférences de presse à Washington, très favorables aux ovnis, ont contribué à relancer le débat. D’abord, celle des journalistes Leslie Kean et James Fox, en novembre 2007, puis celle de Robert Hastings en septembre 2010, celle-ci centrée sur la surveillance du nucléaire par les ovnis. Des témoins très crédibles ont remis au devant de la scène la réalité des ovnis, et leur possible origine extraterrestre. En 2010 également, Leslie Kean a publié un livre solide et convaincant, UFOs. Generals, Pilots and Government Officials Go on the Record (“OVNIS. Des généraux, des pilotes et des officiels gouvernementaux témoignent”), reprenant et complétant les témoignages de la conférence de 2007. Un physicien réputé, Michio Kaku, l’a salué en ces termes : « Enfin un livre sérieux et réfléchi sur ce sujet controversé », et il est même resté quelque temps sur la liste des best-sellers du New York Times.

Le livre de Leslie Kean


Ainsi, aux Etats-Unis et dans d’autres pays, la cause des ovnis a fait quelques progrès dans les médias. Cependant, d’autres livres, tels que Mirage Men de Mark Pilkington, et Final Events, de Nick Redfern, sont venus embrouiller de nouveau le dossier ovni aux Etats-Unis. N’en soyons pas surpris : la « bataille des ovnis » continue !

En France, un livre d’un psychologue universitaire, Gilles Fernandez, très sceptique sur Roswell mais aussi sur les ovnis dans leur ensemble, est venu ajouter une note « bien de chez nous » au tableau, avec quelques échos favorables, jusque dans le petit monde ufologique. Ce n’est peut-être qu’un épiphénomène, mais il est nécessaire, malgré tout, d’en parler. En décembre 2010, un autre livre, canadien cette fois, traduit en français sous le titre Le phénomène OVNI. Faits, mythes et désinformation, de John Michael Greer (à ne pas confondre avec le Dr Greer !) est venu renforcer encore le camp des sceptiques. Il faut également en dire un mot, mais commençons par les contributions favorables aux ovnis.


2007 - 2010 : Des actions positives aux Etats-Unis

Le dossier de Roswell a encore progressé

Rappelons d’abord le livre important de Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell, dont j’ai beaucoup parlé dans la dernière édition de mon propre livre, réédité en janvier 2009, sous le titre Le crash de Roswell. Fruit de nombreuses années d’enquêtes discrètes, le livre de Carey et Schmitt a révélé ou confirmé une série de nouveaux témoins qui ont renforcé le scénario du crash, et il a remporté un succès mérité aux Etats-Unis, même dans de grands médias. L’éditeur, qui initialement n’y croyait pas, s’était permis de faire des coupes sombres dans leur manuscrit, m’ont-ils raconté. Devant le succès du livre, il leur a alors réclamé d’urgence une mise à jour ! Ainsi, ils ont pu citer encore d’autres témoins dans la réédition de mai 2009, ce qui m’a amené à améliorer ce scénario du crash, dans mon livre de 2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?
Je renvoie aussi aux articles publiés sur mon blog :
http://bourdais.blogspot.com/2009/02/le-crash-de-roswell.html
http://bourdais.blogspot.com/2009/06/roswell-nouveaux-temoins-2009.html

A Washington, une importante conférence de presse en novembre 2007

Il faut insister sur la conférence de presse de Leslie Kean et James Fox, tenue en novembre 2007 dans la grande salle du National Press Club à Washington. Présidée par l’ancien gouverneur l’Arizona Fife Symington, elle a réuni quatorze témoins importants. Je l’ai déjà racontée dans mon livre de 2010 OVNIS. Vers la fin du secret ?, mais je crois utile de citer ici, également, quelques-uns de ces témoins, pour ceux qui ne les connaîtraient pas encore. En voici cinq, parmi les plus solides et les plus connus, dans l’ordre chronologique.
La conférence de presse à Washington le 12 novembre 2007


1976 : Le général iranien Parviz Jafari et son interception d’un ovni
C’est un cas « historique » de confrontation militaire avec un ovni. Le soir du 18 septembre 1976, un ovni était repéré dans la région de Téhéran, et un chasseur reçut l’ordre de décoller pour tenter de l’intercepter. L’avion, un F-4 Phantom II, était l’un des plus modernes de l’époque, dont était équipée l’armée de l’Air de l’Iran, alors allié des Etats-Unis. Or, dès qu’il s’approcha de l’ovni, tous ses instruments et moyens de communication étaient tombèrent en panne, mais il put ensuite rentrer à la base.


Le général iranien Parviz Jafari et Fife Symington


Notre témoin, le Major Parviz Jafari – à présent général à la retraite – reçut l’ordre de décoller à son tour et s’approcha de l’ovni, qui clignotait intensément avec des lumières rouge, verte, orange et bleue. Son radar de bord lui indiquait la cible à environ 40 km, de la taille d’un Boeing 707. Quatre objets s’en sont alors séparés et l’un deux a foncé vers lui. S’estimant menacé, il a tenté de lancer un missile air-air, mais son armement est tombé en panne. En s’éloignant, il a pu rentrer à la base à son tour, sans dommage. Un autre objet détaché de l’ovni s’est alors posé au sol dans une zone désertique, en émettant une lumière si intense qu’il a éclairé le sol à des kilomètres à la ronde. Le lendemain, Jafari a été entendu par des enquêteurs, dont un colonel américain qui a fait un rapport détaillé, maintenant déclassifié, à la DIA (Defence Intelligence Agency). Celle-ci a transmis à son tour un rapport à la NSA, à la Maison Blanche et à la CIA : tout le monde en a été informé aux Etats-Unis, même le Président !

1980 : Le commandant péruvien Oscar Santa Maria et son interception d’un ovni

Le commandant péruvien Santa Maria


Le 11 avril 1980 au matin, tout le personnel de la base aérienne de La Joya, au Pérou, a pu observer un objet inconnu en vol stationnaire, se trouvant à environ 5 km de là et à quelque 600 m d’altitude. Le commandant Santa Maria reçut l’ordre de décoller pour l’intercepter, lui aussi à bord d’un avion très performant, le Sukhoï SU-22 de fabrication soviétique. Ce témoin est particulièrement intéressant pour le public français car on a pu le voir, interviewé dans le documentaire OVNIS. Quand l’armée enquête, diffusé sur la chaîne Canal Plus en mars 2008.
Santa Maria raconte comment il s’est approché de l’ovni, qui avait la forme classique d’une soucoupe, et lui a tiré tous ses obus de 30 mm, sans effet apparent. L’objet a alors commencé à prendre de l’altitude. Le chasseur péruvien l’a suivi jusqu’à se retrouver à son plafond de 19 000 mètres, où l’ovni semblait l’attendre. Il a pu ainsi l’observer de très près, à moins de cent mètres. L’engin avait environ dix mètres de diamètre, était d’aspect métallique avec un dôme de couleur crème. Il se laissait manifestement regarder sous toutes les coutures (en l’occurrence, il n’y en avait pas !). Puis le chasseur, à court de carburant, a dû rentrer à la base, mais l’ovni est resté en vol stationnaire pendant près de deux heures. Non seulement il grimpait plus vite, et n’avait pas peur de le la mitraille, mais il pouvait rester en l’air beaucoup plus longtemps : il y avait là matière à réflexion…

1986 : John Callahan, enquêteur de la FAA, et l’observation d’un ovni géant par un avion de Japan Air Lines
Voici un témoignage d’un autre genre, mais tout aussi intéressant. C’est celui d’un ancien responsable de la Division Accidents, Evaluations et Enquêtes de la FAA (Administration Fédérale de l’Aviation) John J. Callahan, qui a confirmé comment on avait caché au public, en 1986, l’observation d’un ovni gigantesque par l’équipage d’un Boeing 747 de Japan Airlines (JAL). Le 18 novembre 1986, l’avion cargo 1628 de JAL volait au dessus de l’Alaska en direction du Japon quand son équipage, commandé par le capitaine Kenju Terauchi, pilote très expérimenté, a d’abord remarqué la présence de deux ovnis de forme rectangulaire, d’une taille comparable à celle d’un DC-8, qui semblaient accompagner leur avion. Après avoir exécuté quelques manœuvres, les deux ovnis se sont éloignés rapidement. L’équipage a alors découvert, sur écran radar puis visuellement, qu’ils avaient rejoint un autre ovni, cette fois de taille gigantesque ! Lors du « debriefing » qui a suivi à Anchorage, Kenju Terauchi l’a même comparé à … deux porte-avions. L’équipage, passablement secoué par cette confrontation impressionnante, a été cuisiné par la FAA et deux agents spéciaux. L’un d’eux, James Derry, a précisé par la suite que le réseau de surveillance radar du NORAD avait bien suivi l’avion et l’ovni. Malgré la consigne de silence sur l’incident, l’équipage en a parlé publiquement un mois plus tard, ce qui a amené la FAA à rouvrir l’enquête. C’est là que se place le témoignage de John Callahan. Il a révélé qu’il avait participé à une réunion à Washington, à laquelle participaient également le FBI, la CIA et même une équipe scientifique du Président Reagan. On sait, incidemment, que celui-ci s’intéressait beaucoup aux ovnis, en ayant observé un lui-même. A cette réunion, des rapports d’enquête, des enregistrements radar et radio ont été fournis, puis la CIA a tout confisqué et a intimé l’ordre aux autres participants de faire silence sur cette affaire, expliquant que “cela effraierait le public”. Mais Callahan avait gardé une copie des bandes audio et vidéo, qu’il a montrées à la conférence de presse de 2007. Une illustration flagrante, non seulement de la présence d’ovnis, et même pour certains de taille gigantesque, mais du maintien du secret à ce sujet. C’était peut-être justifié…


John Callahan, enquêteur de la FAA, face aux journalistes


1989-1990 : Le général Wilfrid de Brouwer et la vague de “triangles” » en Belgique
A la conférence de Washington, le général Wilfried de Brouwer a pleinement confirmé la réalité de la vague d’ovnis, de forme souvent triangulaire, observés en 1998 et 1990 au dessus de la Belgique. A l’époque, il était en première ligne, colonel et chef adjoint de l’armée de l’Air belge. Il avait tenu une conférence de presse du 11 juillet 1990 qui avait fait grand bruit, au cours de laquelle il avait confirmé le décollage d’intercepteurs F-16 dans la nuit des 30 et 31 mars 1990. Il avait même montré des images enregistrées des écrans radar des avions. Des ovnis avaient bel et bien été repérés, mais les tentatives d’interception avaient échoué. Une fois de plus !

1997 : Fife Symington et l’observation d’un ovni géant au dessus de Phœnix, en Arizona
Le dernier des cinq témoins cités ici n’est pas le moindre : il s’agit de l’ancien gouverneur de l’Arizona Fife Symington, qui présidait justement la conférence de presse de 2007. En 1997, il avait nié publiquement que la ville de Phœnix, où il résidait, ait été survolée par un très grand ovni, le soir du 13 mars 1997, contrairement à ce qu’avaient affirmé de nombreux témoins. Or, il est revenu complètement sur ses dénégations de l’époque, a même avoué qu’il en avait été témoin lui aussi, et a présenté ses excuses ! A l’époque, il avait jugé que son devoir de gouverneur de l’état était de calmer la tension qui montait dans les médias.


L’ancien gouverneur Fife Symington

Il y avait eu en fait deux observations, l’une vers vingt heures et l’autre vers vingt-deux heures, chaque fois avec de nombreux témoins. A vingt heures, ils avaient vu passer au dessus de la ville un immense ovni en forme de boomerang, entouré de lumières et silencieux. C’est cette première observation qui a été confirmée par Symington. Puis, deux heures plus tard, on avait observé une série de lumières qui s’étaient allumées les unes après les autres, au loin, au dessus de la montagne à l’horizon. Cette seconde observation, pour laquelle on dispose de plusieurs vidéos, reste controversée, l’armée de l’Air ayant affirmé qu’il s’agissait d’un exercice d’allumage de fusées éclairantes (flares). Cette explication a été contestée car ces lumières étaient bien alignées, mais des experts indépendants, tel le physicien Bruce Maccabee, l’ont estimée plausible. Bien entendu, les sceptiques ont fait l’amalgame entre les deux observations et ont tout écarté en bloc. On peut se demander si un tel exercice de fusées éclairantes, potentiellement dangereux à proximité d’une grande ville, n’était pas, tout simplement, une manœuvre de diversion.

La déclaration internationale au gouvernement américain
La conférence de presse de 2007 s’est terminée avec la présentation d’une déclaration internationale au gouvernement américain, signée par dix-neuf personnalités, américaines et étrangères, affirmant la réalité des ovnis et appelant le gouvernement à se joindre aux efforts déjà lancés dans de nombreux autres pays, pour informer le public et le monde scientifique, et pour percer le mystère des ovnis. La déclaration se terminait par un “appel à l’action” (Call-to-Action) dont voici un extrait significatif :
« Nous, les soussignés, demandons aux Etats-Unis de se joindre à une coopération avec les gouvernements qui, reconnaissant la réalité des objets volants non-identifiés et les risques entraînés pour la sécurité aérienne, ont déjà mis en pace leurs propres services d’enquêtes. Nous proposons que les Etats-Unis reprennent l’effort de recherche de l’ancien “Projet Livre Bleu”, ou que l’Administration Nationale de l’Aéronautique et de l’Espace (NASA) initie un tel effort de recherche, pour répondre aux soucis exposés ici, fournir les assurances nécessaires, et accroître la connaissance scientifique. »
Parmi les dix-neuf signataires, figuraient des personnalités civiles et militaires qui, n’étant plus en activité, jouissaient d’une certaine liberté de parole. Citons quelques noms, dont trois Français, qui donnaient un certain poids à cette déclaration :
Général Vasily Alexeyev, de l’armée de l’Air de russe
Général Ricardo Bermudez, de l’armée de l’Air du chilienne
John Callahan, ancien chef de la Division accidents, évaluations et enquêtes - auprès de de la FAA aux Etats-Unis
Général Wilfried de Brouwer, de l’armée de l’Air de belge
Richard Haines, Ph.D, ancien responsable à la NASA
Colonel Charles Halt, de l’armée de l’Air américaine
Général Parviz Jafari, de l’armée de l’Air iranienne
Général Denis Letty, de l’armée de l’Air française, et président de l’association COMETA
Nick Pope, du ministère de la Défense britannique (1985-2006)
Jean-Claude Ribes, astronome au CNRS (1963-1998)
Yves Sillard, ancien Directeur Général du CNES, président du comité directeur du GEIPAN, France
Fife Symington, ancien gouverneur de l’Arizona (1991-1997.


Le livre important de Leslie Kean, publié en août 2010

La conférence de presse de 2007 a eu une suite importante, le livre de Leslie Kean, UFOs. Generals, Pilots and Government Officials Go on the Record, (“OVNIS. Des généraux, des pilotes et des officiels gouvernementaux témoignent”), publié le 10 août 2010 aux Etats-Unis. Les témoins de la conférence y figurent, bien entendu, et ils sont rejoints par d’autres témoins tout aussi solides et remarquables. La somme de ces témoignages ainsi rassemblés constitue un document particulièrement solide et convaincant sur la réalité des ovnis.
Le livre s’ouvre sur une préface élogieuse de John Podesta, personnage politique connu et respecté qui collaboré avec les président Clinton et Obama. Podesta est connu également dans l’ufologie américaine, pour avoir notamment soutenu les actions de Leslie Kean et de son organisation, la « Coalition pour la liberté de l’information » (The Coalition for Freedom of Information). Elle a ainsi obtenu gain de cause en justice pour obliger la NASA à rendre publics les documents relatifs au crash d’un mystérieux engin à Kecksburg en 1965, soupçonné d’être un satellite soviétique, ce que les documents NASA n’ont pas du tout confirmé, de sorte que l’hypothèse ovni reste ouverte. Podesta approuve le plaidoyer qu’elle fait à la fin du livre pour la mise en place d’un nouveau service officiel d’étude des ovnis, qui pourrait collaborer avec d’autres organismes analogues à l’étranger, tels que le Geipan français.

Leslie Kean ne se prononce pas sur la nature extraterrestre, ou autre, des ces mystérieux ovnis, et elle laisse aussi de côté des aspects difficiles comme la question du secret, ou celle des enlèvements, dont nous savons pourtant qu’elle très au courant. C’est une démarche tactique, sans doute judicieuse, pour mieux se faire entendre dans le public et les grands médias. Les réactions depuis la parution, avec de nombreuses invitations à des radios et télévisions, donnent à penser qu’elle y a bien réussi.
Cependant, plusieurs témoins importants cités dans le livre ne se privent pas de mettre en avant l’hypothèse de leur origine extraterrestre, tout en reconnaissant qu’elle n’est pas encore prouvée de manière irréfutable. Mais cela invite bien le lecteur à la prendre très au sérieux. En voici quelques exemples.
Commençons par le général Denis Letty, bien connu en France pour avoir dirigé les travaux du COMETA, dont le rapport paru en 1999 avait fortement impressionné Leslie Kean, et est à l’origine de ses dix années d’enquêtes sur les ovnis, comme elle le raconte dans son livre.
Le général Letty a reçu Leslie Kean et James Fox, chez lui en 2008, et leur a confirmé la position du groupe : « Le rapport COMETA montre, sans détours, que l’hypothèse extraterrestre est l’explication la plus rationnelle bien que, évidemment, elle n’ait pas été prouvée » (p. 17).


Le général Denis Letty et Leslie Kean


Monsieur Yves Sillard, ancien Directeur général du CNES et aujourd’hui président du comité d’orientation du GEIPAN, conclut pour sa part :
« Espérons que nos efforts conjoints inspireront les esprits ouverts à considérer l’hypothèse extraterrestre avec le sérieux et la rigueur qu’elle mérite, tant qu’aucune autre interprétation crédible n’aura été formulée » (p. 121).

Yves Sillard, ancien Directeur général du CNES


Le général Wilfrid de Brouwer (voir plus haut), commentant la fameuse vague des ovnis triangulaires en Belgique, en 1989-90, ne veut pas se prononcer catégoriquement sur leur origine mais, ayant écarté celle d’engins de fabrication humaine, en particulier celle d’engins secrets américains, conclut que « la recherche ne devrait pas exclure l’option extraterrestre » (p. 22).

Le général Wilfried de Brouwer

Le général Ricardo Bermudez, qui a créé en 1997 le service officiel d’enquêtes au Chili, rejoint clairement les positions du COMETA : « Personnellement, du mieux que je puisse en juger, je suis en accord avec les positions du rapport COMETA français : il y a une haute probabilité que les ovnis soient d’origine extraterrestre ». Mais il ajoute que « nous devons la soumettre à une analyse scientifique rigoureuse pour arriver à des conclusions viables » (p. 193).

Le général chilien Ricardo Bermudez

Le général José Carlos Pereira, qui a été commandant en chef de l’armée de l’Air brésilienne, dit pratiquement la même chose : « Les preuves montrent que des phénomènes inexpliqués se produisent et cela conduit beaucoup d’entre nous à croire à la présence d’engins alien visitant La Terre ». Mais, ajoute-t-il, nous n’en savons pas assez et il faut que des études scientifiques soient poursuivies (pp. 204, 205).

Le général brésilien José Carlos Pereira

L’ancien gouverneur de L’Arizona Fife Symington (voir plus haut) commente ainsi son observation d’un énorme ovni au dessus de la ville de Phoenix, le 13 mars 1997 : "En tant que pilote et ancien officier de l’Air Force, je peux dire avec certitude que cet appareil ne ressemblait à aucun engin de fabrication humaine que j’aie jamais vu » (p. 262).
Pour conclure, espérons qu’un « bon éditeur » français va faire traduire et de le publier ce livre important.

En septembre 2010, nouvelle conférence de presse, sur les ovnis et le nucléaire

Il faut aussi évoquer une autre conférence de presse, tenue également à Washington en2010, consacrée sur le sujet très « chaud » de la surveillance des armes nucléaires par les ovnis.
C’est une affaire qui a commencé à être mise en avant il y a déjà longtemps, dans les années 70, grâce à des docments militaires déclassifiés à l’époque en application de la loi sur la liberté de l’information (FOIA).
Cette conférence, organisée par Robert Hastings, un spécialiste du sujet très actif et combatif qui a enquêté pendant des années sur le sujet, a réuni un groupe de témoins très crédibles, tous anciens militaires qui ont été en poste sur des bases de lancement de missiles nucléaires. Ce ne sont ni des comploteurs ni des agitateurs, en dépit d’attaques virulentes des sceptiques, comme il se doit pour tout sujet qui dérange. En voici simplement la liste, qui commence par Robert Salas que je connais et dont l’honnêteté ne fait pour moi aucun doute :

Robert Salas, à la « X conference » de 2007

Robert Salas, ancien officier de lancement de missiles nucléaires ;
Dwynne Arneson, lieutenant-colonel, officier responsable du Centre de communication ;
Robert Jamison, ancien officier responsable du ciblage des missiles nucléaires ;
Charles Halt, lieutenant-colonel, ancien commandant de base adjoint ;
Jérome Nelson, ancien officier de lancement de missiles nucléaires ;
Patrick Mac Donnough, ancien officier chargé des repérage géodésiques sur les sites de missiles nucléaires ;
Bruce Fenstermacher, ancien officier chargé du lancement de missiles nucléaires.
Signalons aussi le livre de Robert Hastings, UFOs and Nukes (2008, « OVNIS et armes nucléaires ») dans lequel il a rassemblé de nombreux témoignages sur ce sujet si important de la surveillance des armes nucléaires par les ovnis. En France, Jean-Jacques Velasco y a d'ailleurs consacré un chapitre dans son livre Troubles dans le ciel. (nelle édition 2007).

Le livre de Robert Hastings UFOs and Nukes



Une nouvelle vague de publications sceptiques

Ne soyons pas surpris de voir que les actions positives de ces dernières années ont été contrebalancées par des ouvrages sceptiques. Ceux-ci ont donné de nouveau du grain à moudre au scepticisme, encore prédominant dans les grands médias. En voici quelques exemples.

Révélations sensationnelles de Nick Redfern dans son livre Final Events

Nick Redfern est un auteur britannique qui s’était fait une bonne réputation, il y a une dizaine d’années, avec plusieurs livres de qualité sur les ovnis. Puis, émigré aux Etats-Unis, il a « évolué ». Rappelons seulement son livre de 2005, Body Snatchers in the Desert, qui racontait les révélations d’une série d’agents secrets sur le crash de Roswell. Oubliez la soucoupe, avait-il expliqué : mes sources m’ont expliqué qu’il s’agissait en réalité d’une méprise des aviateurs de Roswell qui avaient découvert, non pas un ovni écrasé, mais un engin bizarre, dérivé des ailes volantes allemandes et des ballons Fugo japonais, à bord duquel des chercheurs américains avaient fait de sombres expériences, très secrètes évidemment, d’irradiation en vol de prisonniers, récupérés à la fin de la guerre au camp japonais de Harbin en Mandchourie! Or, ce pays ayant été « libéré » par les Soviétiques en dix jours avec 5 000 chars, les Américains n’y avaient pas mis les pieds, et toute l’histoire était absurde de A à Z. J’ai été l’un de ceux qui l’ont démolie, sur Internet, au cours de l’été, et j’ai même fait un article à la demande du Mufon UFO Journal, paru en novembre 2005, dont on peut lire la version française sur mon blog :
http://bourdais.blogspot.com/2008/03/roswell-et-un-livre-de-nick-redfern.html
Ce magazine, connu en ufologie, a publié en mars 2006 la réplique, furieuse, de Redfern. Incidemment, c’est le même mois qu’a commencé une campagne violente contre moi sur Internet, anonyme mais dont l’auteur a été vite identifié : un journaliste français émigré, lui aussi, aux Etats-Unis… Curieux « hasard ». En juillet 2007, Nick Redfern présentait encore son histoire à dormir debout au festival de Roswell, auquel j’étais également invité comme conférencier. Lors du débat final, questionné par un spectateur, il avait avoué du bout des lèvres que personne ne le soutenait. Mais voilà, dans un nouveau livre, paru en 2010, Redfern révèle à présent qu’il était déjà sur une nouvelle piste : celle des ovnis diaboliques, soutenue notamment par l’organisateur de cette conférence, un certain Guy Malone, aux allures de MIB avec ses lunettes noires. Malone et Redfern étaient visiblement en bons termes à Roswell, et Malone m’avait d’ailleurs mal reçu lors du cocktail offert aux auteurs. Il y avait déjà, en 2007 à Roswell, d’autres partisans de cette école des ovnis diaboliques, tels que Joe Jordan qui s’est penché particulièrement sur les enlèvements – diaboliques, évidemment – (ne pas raconter cela à un enlevé, svp), et le bibliste Michael Heiser, que j’ai rencontré aussi à Roswell. Il était vain d’essayer de discuter avec cet homme plein de certitudes.
Le titre de ce nouveau livre de Nick Redfern annonce un vaste programme : Final Events and the Secret Government Group on Demonic UFOs and the Afterlife (« Événements finaux et le groupe secret gouvernemental sur les ovnis démoniaques et l’après-vie »).


Essayons de résumer les choses. C’est encore toute une série d’agents de services secrets, ou de personnages proches de ceux-ci, qui révèlent progressivement à Redfern qu’un groupe hautement secret, appelé bizarrement « the Collins Elite », composé à la fois de civils et de militaires, a découvert depuis plus de cinquante ans la nature diabolique des ovnis. C’est le secret des secrets, qu’il faut absolument cacher au public pour ne pas provoquer la panique !
Le premier de ces informateurs est un prêtre anglican, Ray Boeche, connu dans l’ufologie américaine. Il n’exclut pas qu’il y ait - aussi – de vrais extraterrestres, mais cette prudence est écartée par les informateurs suivants, qui ne voient plus que des démons. Redfern apprend qu’il y a un grand responsable de tout cela, Jack Parsons, ingénieur et ésotériste, disciple d’Aleister Crowley, qui avait ouvert par mégarde en 1947 une « porte interdimensionnelle » lors d’une dangereuse expérience qui lui avait coûté la vie. C’est par cette porte, ou « portal » qu’aurait pu pénétrer dans notre monde une nuée de démons, avec leurs fausses soucoupes qui déferlèrent peu après aux Etats-Unis ! C’était le « rituel de Babalon » auquel avait participé un autre personnage sulfureux, Ron Hubbard, qui allait créer plus tard l’ « église » de scientologie…
Ce sont ces démons, explique-t-on à Redfern, qui nous trompent en se faisant passer eux-mêmes pour des aliens. Par exemple, le crash de Roswell a droit à une nouvelle explication, que lui raconte Ray Boeche (p. 174) : « … l’accident a peut-être été concocté cosmiquement et alchimiquement dans des régions lointaines, puis placé soigneusement et délibérément sur le terrain désertique du ranch Foster » !

Pourquoi toutes ces mises en scène compliquées ? L’objectif des démons est de s’emparer de nos âmes et de préparer le retour de l’Antéchrist, puis les « événements finaux » : l’Armagedon (la grande bataille finale entre forces du Bien et du mal), l’Apocalypse et la fin des temps, etc. Ainsi, en accueillant avec enthousiasme des bienfaiteurs extraterrestres, nous adorerons en fait des démons ! On reconnaît là les croyances de toute une frange chrétienne fondamentaliste qui a fait un retour en force ces dernières années, principalement aux Etats-Unis.
A un moment, Redfern semble perplexe et se demande s’il ne se fait pas désinformer, comme pour sa précédente histoire des Body Snatchers, mais cette interrogation ne dure pas longtemps. Avec ce triste livre, il se positionne ainsi parmi les auteurs qui font la jonction entre ufologie et fondamentalisme religieux. Faut-il le souligner, un tel livre ne peut qu’apporter de l’eau au moulin des sceptiques rationalistes. Heureusement, il ne semble pas faire beaucoup de bruit, pour le moment. Mais voici un autre livre sceptique de la cuvée 2010, qui a eu plus de succès, semble-t-il.

Le livre de Pilkington Mirage Men

Voici un autre livre, Mirage Men, de Mark Pilkington, paru également au cours de l’été 2010, qui s’en prend aux ovnis, avec beaucoup d’habileté mais sous un autre angle : en gros, les ovnis sont des mensonges, fabriqués habilement dans les ateliers de désinformation militaire pour nous faire croire aux extraterrestres et cacher de vrais secrets ! Le titre complet du livre donne le ton : Mirage Men. A Journey in Disinformation, Paranoia and UFOs (“Les hommes du mirage. Un voyage dans la désinformaion, la paranoïa et les ovnis »).

Son auteur, Mark Pilkington, est un journaliste et auteur britannique, qui a fait une enquête aux Etats-Unis avec son ami John Lundberg. Notons, pour situer ces deux hommes, qu’ils sont connus en Grande-Bretagne, et ne s’en cachent d’ailleurs pas, comme circlemakers c’est à dire comme auteurs de faux « cercles de culture ». On sait aussi que Lundberg a des « relations » avec la CIA, et Pilkington se plaint, en s’en moquant, qu’on le soupçonne d’être un agent du MI6. Une chose est sûre : comme Nick Redfern, d’ailleurs, ils s’y connaissent en matière de services secrets et de désinformation. Est-il bien utile de parler d’un tel livre ? Oui, car il est bien écrit, fait état de nombreux contacts et d’une abondante documentation, et semble avoir eu des échos assez favorables dans la grande presse, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Mark Pilkington reprend dans son livre toutes les idées, dont certaines circulent depuis longtemps, selon lesquelles les ovnis sont en fait un mythe qui a été créé et entretenu depuis 1947, essentiellement par des services militaires américains, pour camoufler toutes sortes d’opérations secrètes. Il faut lui rendre justice, cependant, en signalant qu’il avoue, vers la fin du livre, sa perplexité devant certains faits et témoignages difficiles à expliquer. Mais on peut se demander si ce n’est pas là, de sa part, une dernière « habileté ».
Les sceptiques ont toujours brodé sur les thèmes des méprises avec tout ce qu’on voit dans le ciel, depuis les modestes ballons jusqu’aux planètes telles que Vénus et Jupiter. Un autre thème classique est l’influence des croyances ésotériques, et de la science-fiction. Ces thèmes sont présents ici également, mais l’argument majeur du livre, développé également par certains auteurs septiques plus récemment, est que beaucoup de confusions ont été entretenues, et même favorisées pas de fausses annonces et même de fausses apparitions d’ovnis. Un exemple classique, repris bien entendu par Pilkington, est le discours tenu en 1997 par l’historien de la CIA, Gerald Haines, qui a expliqué que les services secrets avaient discrètement favorisé les confusions avec des avions d’espionnage, comme l’U-2 et le SR-71 Blackbird. Ce discours, aussitôt adopté par la grande presse en 1997, a été encore tenu en 2007 par Haines à un jeune journaliste de France 3 pour l’émission « Pièces à conviction » d’Elise Lucet. Bornons-nous à souligner que l’avion U2, au demeurant d’allure on ne peut plus classique, fit son premier vol en1955 à Groom Lake, à l’abri des regards dans le désert du Nevada, et ne peut donc pas expliquer les observations d’ovnis antérieures. Ni postérieures, d’ailleurs car, construit à seulement cinquante exemplaires, il a été basé surtout en Allemagne et en Turquie pour aller survoler les pays de l’Est. Si l’explication était la bonne, c’est par là qu’auraient dû avoir lieu la plupart des observations d’ovnis, ce qui n’est pas du tout le cas. Mais qu’importe : cette fable peut encore servir !
Pilkington met en avant l’opinion d’un physicien américain, Leon Davidson, qui s’était persuadé, avec d’obscurs arguments, de la justesse de la théorie des faux ovnis mis en scène par les services secrets américains, notamment pour tromper les Russes. Il reprend aussi à son compte l’histoire échafaudée par Jacques Vallée autour d’une lettre écrite en 1952 par l’ingénieur Howard Cross, de l’Institut Battelle, à l’armée de l’Air, dont il avait trouvé une copie qui dormait dans les archives de son patron de l’époque, l’astronome Allen Hynek. L’institut ayant été chargé de faire une étude statistique sur les observations d’ovnis (qui fut bien faite, et publiée plus tard sous le nom de « Rapport 14 » de la commission Livre Bleu), l’ingénieur Cross suggérait que l’on mette en scène, à titre de contrôle, des passages d’avions et autres aéronefs sur une zone choisie pour surveiller les ovnis, et voir s’il y avait beaucoup de méprises. Vallée, qui a donné à cette lettre le nom mystérieux de « mémo de Pentacle », a spéculé que cette idée avait été ensuite appliquée à grande échelle … pour faire croire aux ovnis ! Or, toute l’histoire de la politique militaire américaine a été, et est encore aujourd’hui, tout au contraire, de nier l’existence des ovnis.
Voir à ce sujet mon article sur mon blog, en deux parties : http://bourdais.blogspot.com/2001/04/jacques-valle-et-le-mmorendum-de.html http://bourdais.blogspot.com/2001/04/jacques-valle-et-le-mmorandum-de.html

Comment Pilkington s’y prend-t-il pour « expliquer » la première vague de « soucoupes volantes » de 1947 ? En ressortant les vieilles histoires éculées de soucoupes néo-nazies, et d’ailes volantes Flying Flapjack, dont le prototype ne fit que quelques sauts de puce sur la côte Est. Et en racontant les mésaventures de Kenneth Arnold à Maury Island, où il se serait fait désinformer par un mystérieux « homme en noir ». L’histoire est glauque, en effet, mais un peu courte pour évacuer la vague de 1947, dont la réalité se trouve confirmée par de nombreux documents militaires ou du FBI, déclassifiés depuis des années. L'incident de Maury Island suggère cependant qu’il y avait peut-être déjà des services secrets au courant des ovnis et pratiquant la désinformation à leur sujet. Mais pas pour faire croire aux ovnis !
Sur Roswell, Pilkington flirte notamment avec la théorie de Redfern (que celui-ci a déjà abandonnée, nous l’avons vu) qui supposait que le communiqué de presse visait à faire croire eux soucoupes pour cacher d’horribles expériences d’irradiation en vol ultra secrètes (p. 41). Cet exemple montre comment une fable absurde continue à vivre, même après avoir été abandonnée par son auteur. Il y a un commentaire intéressant, cependant, quand Pilkingon souligne que le colonel Weaver, qui a dirigé l’édition des deux gros rapports du Pentagone sur Roswell, en 1995 et 1997, était un spécialiste de la désinformation, et supérieur hiérarchique de l’agent spécial Richard Doty, dont Pilkington fait dans son livre un personnage de première ligne dans son vaste scénario de désinformation.
Mark Pilkington s’étend longuement sur le rôle, effectivement ambigu, joué pendant des années par Richard Doty. D’abord quand il était en poste comme agent spécial de l’AFOSI sur la base de Kirtland, où il montra à Linda Howe un « briefing pour le Président », censé l’informer sur les secrets ovni. Il s’étend aussi, sans suprise, sur les manœuvres qui firent perdre la raison au pauvre ingénieur Paul Bennewitz. Sur ces histoires complexes, je renvoie le lecteur à mon livre OVNIS. Vers la fin du secret ? Pilkington a rencontré Doty plusieurs fois, avec son ami Lundberg, et en garde l’impression que celui-ci continue à jouer un rôle dans des histoires plus récentes de désinformation amplifiante, telles que le très douteux dossier « SERPO » (voir mon livre également). Il est, pour Pilkington, l’un de ces « hommes du mirage », avec deux autres personnages qu’il a aussi rencontrés : Walter Bosley, un ancien officier qui lui « révèle » le secret des voyages temporels, et le médecin Kit Green, censé faire partie de la fameuse « volière », qui semble lui confirmer la réalité de contacts extraterrestres. Ce sont « …des hommes à divers niveaux de connaissances de l’intérieur, entrainés aux techniques de dissimulation, habiles dans l’art du secret, qui nous racontent des choses allant du bizarre à l’étrange » (p. 287). Cependant, Pilkington admet, à la fin de son livre (p. 306), que Kit Green, en particulier, l’a impressionné et troublé : se pourrait-il qu’il y ait une part de vérité dans certaines de ces histoires ? Concédons que c’est un livre presque sceptique, mais pas totalement…

Encore un livre sceptique,sur le "Phénomène OVNI"

Mentionnons rapidement un autre livre sceptique, canadien cette fois, qui vient d’être traduit et publié en français, en cette fin d’année 2010 : Le phénomène OVNI. Faits, mythes et désinformation, de John Michael Greer (The UFO Phenomenon, 2009. Ne pas confondre cet auteur avec l’enthousiaste Dr Steven Greer !). Espérons qu’il va faire une courte carrière en France car c’est un livre sceptique « en béton ». John Greer nous livre la clé de son analyse à la fin du livre. Selon lui, il n’y a presque aucune chance pour qu’une éventuelle civilisation extraterrestre puisse nous rendre visite. Bien d’autres disent la même chose, mais pas toujours pour les mêmes raisons. Le zététicien Henri Broch, par exemple disait, à la fin de l’émission d’Elise Lucet, déjà citée, que les étoiles sont trop loin, tout simplement. Mais Greer avance un autre argument :
« … les chances que des espèces intelligentes aient eu accès à une réserve suffisante d’énergie concentrée - l’énergie nécessaire à une civilisation industrielle qui aurait progressé jusqu’à développer la technologie du voyage spatial – pour atteindre une autre étoile sont quasi nulles. (souligné par moi). Et l’absence de vaisseaux extraterrestres dans les cieux de la Terre s’explique peut-être ainsi » (p. 330).

Sans même parler d’ovnis, comment peut-il affirmer cela ? En posant les limites du progrès, dans son dernier chapitre « La fin d’un rêve », il explique que, lorsque nous aurons fini de brûler les combustibles fossiles, nous aurons peut-être perdu la bataille de l’énergie. Et, bien sûr, il en va de même pour d’autres civilisations éventuelles. Quel pessimisme ! On peut lui répondre que la réalité des ovnis, et la probable origine extraterrestre d’au moins une partie d’entre eux, nous indique au contraire que d’autres sources d’énergie existent (l’énergie « du vide » ?) et que des civilisations plus avancées que nous savent s’en servir !
On comprend dès lors pourquoi cet auteur s’emploie à mettre en doute tous les aspects du dossier ovni. Les ovnis ne peuvent exister, et il faut donc leur trouver des explications ! Sa thèse principale est qu’ils proviennent de la science-fiction, des croyances ésotériques, et d’un engouement populaire pour ce genre d’histoires qui font rêver. Dès le début, il s’étend longuement sur les écrits ésotériques précédant la vague de soucoupes volantes de 1947. Il cite un exemple parmi cent autres : les communications médiumniques de Mark Probert, à San Diego, avec une « entité extraterrestre, E Yada Da Shi’ite, l’émissaire du Haut Conseil interplanétaire », qui attirèrent l’intérêt d’un cercle d’étudiants mené par le grand occultiste Meade Layne. Ces révélations ésotériques seraient à l’origine « d’une nouvelle mode : celle des intelligences extraterrestres » (p. 38), Ce qui l’amène à conclure ainsi son premier chapitre :
« Sur l’ensemble de la scène spirituelle américaine, on se mit à lever les yeux, attendant de voir dans ciel les signes de cette venue extraordinaire. Bientôt, Kenneth Arnold apercevra neuf appareils étranges au-dessus de la chaîne des montagnes Cascades. Le phénomène des ovnis allait enfin naître ».
Incidemment, Arnold était un homme d'affaires pas du tout porté à l'ésotérisme, mais qu'importe !
C’est ensuite un véritable jeu de massacre auquel se livre John Greer, reprenant tout le fonds des arguments sceptiques mais passant sous silence les aspects qui le gênent. Par exemple, les documents militaires et du FBI, dont bon nombre ont été déclassifiés depuis des années, qui prouvent, dès 1947, la réalité des ovnis. Il évoque bien la commission « Livre Bleu » mais ne cite même pas le nom du capitaine Ruppelt. Il est prolixe, en revanche, sur les « contactés » de l’époque, comme Dorothy Martin et ses « enseignants extraterrestres natifs de la planète Clairon » (Clarion), qui l’avaient avertie en 1954 : « la moitié Est des Etats-Unis allait être détruite par des marées gigantesques le 21 décembre ». Remarquons au passage d’une annonce de ce genre a été faite de nouveau, récemment, par un « contacté » français !
La désinvolture de John Greer atteint son comble sur des dossiers encore controversés, tels que les enlèvements (des fabulations) ou les mutilations de bétail (fortement exagérées), sur le crash de Roswell, expédié en une demi-page. Le Major Marcel y est rétrogradé au rang de sergent-major, et le général Ramey, qui commandait la région aérienne à Fort Worth, se retrouve « commandant des opérations à Roswell Field » (p. 44) !
John Greer s’intéresse aussi à l’idée, décidément assez répandue, que certaines agences ont favorisé la croyance aux ovnis pour cacher des opérations secrètes. Ainsi, il croit possible que la vague de 1947 ait eu pour origine un programme russe de ballons de reconnaissance, un projet inspiré par les ballons incendiaires Fugo des Japonais. Et il en tire argument pour le crash de Roswell : « Cela pourrait expliquer pourquoi les autorités américaines ont rapidement récupéré ce qui s’est écrasé à Roswell pour l’amener à Wright Field ». Ainsi, le communiqué de Roswell n’aurait été qu’une opération de camouflage d’un ballon russe ! C’est quand même mieux, n’est-ce pas, que le train de ballons « Mogul » et ses ridicules petits ballons météo.
Autre exemple : Greer soutient encore l’idée que l’affaire de Rendlesham – l’observation d’un ovni au sol, en décembre 1980 en Angleterre, avec plusieurs témoins militaires solides, tels que le colonel Halt et le sergent Penniston (présents dans le livre de Leslie Kean)– n’aurait été en fait qu’un atterrissage d’urgence d’un prototype secret près de la base amériaine de Woodbridge. Ainsi, la « mythologie des ovnis », explique Greer, « fournissait une couverture idéale pour mettre les Soviétiques sur une mauvaise piste »! Incidemment, Jacques Vallée a déjà joué avec une idée du même genre. Sur l'affaire de Rendlesham, je renvoie à mon article sur ce blog :
Rendlesham et le risque de désinformation
http://bourdais.blogspot.com/2007/03/rendlesham-et-le-risque-de.html

En France, encore un livre sceptique sur Roswell.

Beaucoup d’ufologues convaincus de la réalité des ovnis – quelle que soit leur nature - restent sceptiques sur la possibilité d’un événement aussi étrange, incongru, qu’un accident d’ovni. Ils pourraient donc être séduits par le livre Gilles Fernandez Roswell : Rencontres du premier mythe, totalement sceptique sur le crash de Roswell. Sa diffusion risque d’être assez faible, cependant, car on ne peut se le procurer que sur Internet. Je connais un peu les arguments de cet universitaire car il m’a critiqué l’année dernière, avec virulence, sur mon blog, au point que j’ai dû finalement refuser ses messages. Messages anonymes, d’ailleurs, qu’il signait seulement de ses initiales.
Gilles Fernandez soutient, après bien d’autres, l’explication militaire d’un train de ballons « Mogul ». Je dois admettre qu’il a creusé la question, mais pas assez ! J’ai essayé lui montrer qu’il faisait des erreurs, mais cela n’a fait qu’augmenter sa colère. Il se trouve que je connais bien la discussion sur Mogul, à laquelle j’ai participé avec les spécialistes américains, comme Kevin Randle, David Rudiak et Brad Sparks. Pour moi, le débat était clos depuis 2005 environ. Je l’avais exposé dans mon livre de 2004, mais je l’avais fortement réduit dans l’édition de 2009. J’ai donc refait un exposé détaillé, que l’on peut lire sur mon blog, sous le titre « L’imposture des ballons Mogul » :
http://bourdais.blogspot.com/2009/08/retour-sur-limposture-des-ballons-mogul.html

On peut faire plus court, en achetant une baguette de balsa, de 8 mm de section comme celles sur lesquelles étaient montées les fragiles cibles radar censées avoir été trouvées par le commandant Marcel et le capitaine Cavitt, et la casser avec la plus grande facilité entre ses doigts. On saisit immédiatement le ridicule de l’explication « Mogul » !
Reconstitution d’un lancer de ballon « Mogul », avec ballons météo et cibles radar


Depuis que le livre de Fernandez est paru, quelques critiques élogieuses ont été publiées, notamment dans la revue Ufomania, avec un article de Didier Gomez intitulé « Roswell démystifié ». Je suppose que le livre de Fernandez y est bien résumé, sur deux pages et, s’ajoutant au débat sur Mogul, cela m’en dit assez sur ce livre et m'en épargne la lecture. Si j'en crois l'article, tout y est déformé, caricaturé ou simplement erroné.
Donnons juste un exemple : Fernandez, cité par Gomez, dit que Stanton Friedman, lorsqu’il rencontre Jesse Marcel en 1978, pense « qu’il a enfin trouvé le témoin idéal d’un crash extraterrestre qui pourrait rouvrir un débat ». La vérité, racontée en 1992 par Friedman dans son livre Crash at Corona, est tout autre. Il était de passage en Louisiane pour y faire une conférence, et c’est presque par hasard qu’un ami de Marcel le lui a signalé. Quand il l’avait appelé au téléphone, il était tombé des nues car il ne savait rien sur Roswell et, en fait, il n’a vraiment commencé à enquêter que six mois plus tard, grâce à son ami Bill Moore qui avait retrouvé des articles de journaux de l’époque.
Et voici l’interprétation de Gilles Fernandez : « Dans la communauté ufologique pro-extraterreste, une énorme fanfare débute » ! En réalité, c’est seulement à la fin des années 80 que les enquêtes ont pris de l’ampleur, avec notamment Kevin Randle et Donald Schmitt. Ceux-ci étaient assez sceptiques au départ, car le premier livre sur Roswell, publié trop vite par Moore et Berlitz en 1980, ne les avait pas convaincus. Ils étaient allés à Roswell pour le compte du CUFOs, pensant déblayer l’affaire en deux ou trois semaines, mais ils furent très surpris de retrouver rapidement des témoins importants, comme le fils du fermier Brazel et les voisins, qui racontèrent tous la même chose. Voilà pour la "fanfare" médiatique.

Pour dire les choses franchement, j’en ai plus qu’assez de ce genre de massacre ufologique. Je fais remarquer que ce Gilles Fernandez est en fait complètement sceptique sur les ovnis.
Cela dit, il y a eu, heureusement, d’autres livres et articles dignes d’intérêt, ces dernières années, mais dont la liste serait un peu longue, et je ne voudrais pas risquer d’en oublier. Cet article se limite donc à quelques livres, dont le livre important de Leslie Kean, que je voulais commenter.

dimanche 24 octobre 2010

Débat à la FNAC Forum à Paris



J’ai le plaisir de vous annoncer que je participerai, mardi prochain, à un débat sur les ovnis, à la FNAC Forum des Halles à Paris :

Conférence OVNI Mardi 26 octobre à 18h, Paris, FNAC Forum des Halles (Espace Rencontres - Niveau 2 du magasin), entrée gratuite.

Rencontre avec Gildas Bourdais, auteur de OVNIS, vers la fin du secret (Ed. Le Temps Présent) et Jean-Luc Rivera, rédacteur en chef de La Gazette Fortéenne. Depuis toujours, la question de l'existence des extra-terrestres reste un mystère. » http://www.fnac.com/Paris-Forum-des-Halles/O-V-N-I/cp1370/w-4?SpaceID=74

C’est l’occasion de faire un petit commentaire sur la méconnaissnce ovnis dans les grands médias français. Soulignons qu’il s’agit d’un exemple pris dans la grande presse, car le sujet est souvent beaucoup mieux traité dans la presse régionale. Malheureusement, ce sont les grands médias qui « mènent le bal ».

Les Martiens dans « Le Monde », 24 octobre 2010

Voici le début d’un article intitulé « Chroniques martiennes du chaos économique », paru dans le journal « Le Monde » du 24 octobre 2010. Il est signé de Pierre-Antoine Delhommais, qui est un bon chroniqueur sur les questions d’économie, mais qui dit ceci sur les ovnis :

« Regardant l’autre soir la télévision, nous avons été tirés d’un demi-sommeil par la diffusion d’images d’archives où l’on voyait le présentateur vedette de l’époque, Jean-Claude Bourret, disserter de façon aussi savante que passionnée, des ovnis. Petit moment de nostalgie, car plus personne aujourd’hui ne parle de soucoupes volantes ».
Delhommais se demande alors si les extraterrestres, « venus faire un petit tour sur Terre, ne seraient pas «repartis aussi sec, effrayés par ce qu’ils ont vu, épouvantés par les paradoxes et les contradictions d’une humanité pourtant censée se distinguer par sa grande rationalité ».

S’il y a une vérité dans ce point de vue, c’est que les grands médias français ne parlent presque plus des ovnis, beaucoup moins en tout cas que dans les années 70, à l’époque où Bourret était le présentateur bien connu du journal télévisé. Pour ne prendre qu’un exemple récent, rien n’a été dit, ou presque, d’une importante conférence de presse tenue à Washington sur la surveillance des bases nucléaires par les ovnis, avec le témoignage de sept anciens officiers américains et britanniques. Par contre, TF1 prépare une émission qui va parler d’un canular de l’époque de la grande vague de 1954. Rires et bon audimat assurés. Au journaliste qui m’a appelé à ce sujet, j’ai répondu qu’ils pourront me rappeler quand ils voudront faire une émission prenant au sérieux les ovnis. Mon tort est de ne pas avoir toujours répondu ainsi, et de m’être fait piéger plus d’une fois…

Cordialement
Gildas Bourdais

lundi 19 avril 2010

Nouveau livre: OVNIS. Vers la fin du secret ?




Par Gildas Bourdais - Parution fin avril 2010
Editions JMG - Le Temps présent, environ 430 pages, 20,50 Euros




Voici, pour présenter le livre, l'avant-propos, suivi du sommaire détaillé.

AVANT-PROPOS

Le secret sur les ovnis pourra-t-il être maintenu indéfiniment ?

Depuis la première édition de ce livre, paru en juin 2001 sous le titre OVNIS : la levée progressive du secret, il n’y a pas encore eu, au début de 2010, de grande divulgation sur les ovnis. Ainsi, à première vue, on pourrait penser que la situation n’a pas bougé. Et les sceptiques de toujours peuvent continuer à expliquer qu’il n’y a pas de secret, puisqu’il n’y a pas d’ovnis ! Or, non seulement les ovnis sont une réalité, mais il y a bel et bien, on va le voir, une politique du secret, aux Etats-Unis et dans d’autres pays. Je vais essayer de montrer, cependant, qu’il y a eu, au cours de cette décennie, des signes d’évolution favorable, dans un certain nombre de pays, dont la France, et même les Etats-Unis, vers cet objectif encore hypothétique de levée du secret.

En France, le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), après avoir fermé en 2004 son petit service d’étude des ovnis, le SEPRA, a fait demi-tour dès l’année suivante pour le remettre en activité sous le nom de GEIPAN, “Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés”. Son comité de pilotage est présidé par Yves Sillard, lui-même ancien directeur général du CNES, et ancien délégué général pour l’armement. C’est dire que la question est de nouveau prise au sérieux. Le point important, à souligner tout de suite, est que le GEIPAN n’a pas tardé à confirmer publiquement la réalité des ovnis, contredisant ainsi les sceptiques. C’est un premier pas ! Nous verrons en détail cette évolution intéressante de l’ufologie “officielle” au chapitre 3.
Cependant, de fortes réticences subsistent, dans le monde scientifique, intellectuel et médiatique, en France et dans le monde. On sent une hésitation dans l’air avec, à la télévision, des émissions tantôt ouvertes, tantôt sceptiques. Récemment encore, le dernier mot a été donné aux sceptiques à l’émission de France 3, Pièces à conviction, du 27 juin 2007, animée par Elise Lucet. Cette émission a pu sembler équilibrée entre les pour et les contre, mais c’était un faux-semblant. En réalité, elle ne l’était pas du tout. Heureusement, d’autres émissions ont choisi une approche plus ouverte, comme nous le verrons.

Comment se place la question des ovnis dans le monde scientifique ? La première étape du débat est la question de la vie dans l’Univers : la vie est-elle apparue ailleurs que sur Terre ? Aujourd’hui, à la suite notamment de la découverte de nombreuses planètes “extrasolaires”, gravitant autour d’autres étoiles, les scientifiques en sont de plus en plus convaincus. L’idée se répand dans le monde intellectuel, et même religieux. Récemment, des astronomes du Vatican se sont exprimés favorablement, lors d’une semaine d’études sur l’astrobiologie en novembre 2009. Le Père jésuite Jose Funes, astronome et directeur de l'Observatoire du Vatican, était l'un des principaux artisans de cette conférence. Il avait déjà déclaré, dans un entretien le 13 mai 2008, joliment intitulé L'extraterrestre est mon frère, que l'immense étendue de l'Univers montre qu'il est possible que d'autres formes de vie existent en-dehors de la Terre, même des êtres évolués, et que cette idée “ne saurait être contraire à la foi chrétienne” parce que les “aliens” seraient, comme les hommes, des créatures divines. Selon lui, nier l'existence des E.T. serait comme imposer des limites à la liberté du Créateur. “Comme il existe une multiplicité de créatures sur Terre, il peut y avoir d'autres êtres également intelligents créés par Dieu”. C’est bien dit ! (1)

La possibilité de la vie extraterrestre pose logiquement la question de l’existence d’autres civilisations, dont certaines sont forcémment plus anciennes que la nôtre, étant donné l’immensité de l’univers, dans l’espace et dans le temps. C’est là que surgit la question des ovnis ! Avons-nous été, sommes-nous visités, discrètement, par d’autres civilisations ? Déjà, après la seconde guerre mondiale, le grand physicien nucléaire Enrico Fermi avait posé la question : “où sont-ils ? Ils devraient être déjà là ! ” Cet argument a été souvent cité par les sceptiques, et récemment par l’astronome Alfred Vidal Madjar. Dans un entretien publié à l’occasion de la parution de son livre Où allons-nous vivre demain ?, il dit : “Une civilisation née avant la nôtre aurait dû se manifester. Aussi, aujourd’hui, suis-je profondément convaincu que nous sommes seuls dans l’Univers” (2) Il fait ainsi l’impasse, évidemment, sur la question des ovnis. Pas d’ovnis, pas de visiteurs, donc nous sommes seuls ! C’est vite dit.

Les arguments des sceptiques sont variés, et parfois même contradictoires. Ainsi, à la fin de cette émission de France 3 déjà citée, Pièces à conviction, le sceptique Henri Broch expliquait, lui, que la probabilité de l’existence d’autres civilisations était pratiquement de 100%, mais qu’il n’y avait quasiment aucune chance qu’ils nous aient visités, étant donné l’immensité de l’espace, et aussi du temps : les civilisations, dit-il, meurent avant d’avoir le temps de se rencontrer ! Mais que savons-nous, en fait, de la durée d’une civilisation avancée ? Rien du tout. Peut-être sont-elles capables de se perpétuer très longtemps ? En tout cas, ces deux sceptiques se contredisent complètement. Donc, au moins l’un des deux se trompe. Eh bien, l’un des objectifs de ce livre est de montrer qu’ils se trompent tous les deux.

Puisque nous y sommes, jouons carte sur table et essayons d’en résumer les principales idées :
Les ovnis existent, et ils sont probablement d’origine extraterrestre. Leur présence reste furtive, et souvent trompeuse, mais elle est délibérée. On ne peut que spéculer sur les intentions de ceux qui les mettent en scène, ainsi que sur les voies et moyens par lesquels ils sont venus et se manifestent. Il y a une politique du secret, menée principalement par les autoritées responsables aux Etats-Unis, depuis la première grande vague médiatisée d’observations au cours de l’été de 1947. Ils détiennent les preuves matérielles de cette présence, mais continuent à la nier. Il y a cependant des signes d’évolution de l’opinion dans ce pays, en faveur d’une divulgation, et elle a déjà commencé, prudemment, dans d’autres pays. Il est bien difficile d’avancer une date pour une divulgation globale, car il subsiste des difficultés, peut-être graves, qui s’y opposent. Mais la politique de secret ne pourra pas durer indéfiniment, et ce lent processus de divulgation va continuer. C'est ce que nous nous proposons de montrer dans ce livre.

La première étape de l’étude des ovnis, communément appelée l’ufologie (de l’anglais UFO, Unidentified Flying Object), commence dès les années 1947-48, avec des documents militaires américains, à l’époque classés secrets, et même “top secret”, mais dont certains ont fini par être déclassifiés. Ils affirmaient déjà, clairement, la réalité des ovnis, comme étant des appareils volants d’origine non-humaine. C’est le premier constat, par lequel il convient de commencer, pour désamorcer notamment une explication courante des sceptiques d’une confusion avec des avions secrets. Cet argument a été servi, encore une fois, à l’émission de FR3 déjà citée, par l’ancien historien de la CIA, Gerald Haines, qui a fait référence à l’avion espion U2. L’argument est parfaitement ridicule, cet avion ayant fait son premier vol en 1955 : huit ans après la première grande vague d’observations !

_____________________________________

SOMMAIRE

Avant-propos Le secret sur les ovnis pourra-t-il être maintenu indéfiniment ?

Chapitre I L’étrange silence américain

1947 : les militaires américains étaient déjà convaincus
1949-1953 : la politique du secret se renforce aux États-Unis
Années 50 et 60 : le paravent de la commission “Livre Bleu” et l’enterrement des ovnis par le “Rapport Condon”.
La renaissance de l’ufologie et la bataille de la FOIA à partir des années 70
Une importante conférence de presse, à Washington en novembre 2007

Chapitre II Avions secrets ou engins extraterrestres ? La physique mystérieuse des ovnis

Triangles, boomerangs, ovnis géants : une vague mondiale
Des avions secrets sont-ils responsables de ces observations ?
Quelques remarques sur la propulsion “MHD”
D’étranges effets physiques liés aux ovnis
L’antigravitation, ou propulsion par “champ de force”
Des recherches secrètes aux États-Unis ?
Nouvelles idées pour les vols interstellaires

Chapitre III En France : Le rapport du COMETA et la relance de l’ufologie officielle

Des généraux convaincus face aux secrets américains
Juillet 1999 : la bombe du « rapport COMETA »
Le GEIPAN : la mort, puis la relance en 2005 des enquêtes officielles

Chapitre IV
Le crash de Roswell, au cœur du secret


L’histoire résumée
La découverte de l’ovni, confirmée par de nombreux témoins
Le vrai scandale de l’autopsie
1997 : les critiques redoublent sur Roswell

Chapitre V
États-Unis : Les secrets peu à peu dévoilés. Accidents d’ovnis, contacts secrets


1950 : le scandale du livre de Frank Scully
Les années 50 et 60 : des témoignages rares mais importants
Nouvel afflux de témoignages dans les années 70
Les témoignages rassemblés par Leonard Stringfield
Les témoignages d’opérations sur le terrain
Témoins sur les bases militaires
Autres témoignages sur la base de Wright-Patterson
Témoignages sur des autopsies
Aliens vivants ? Contacts secrets ? Premiers témoignages


Chapitre VI
Nouvelles inquiétudes dans les années 80


L’accélération des événements à partir de 1980
Le dossier inquiétant du bétail mutilé
Les récits d’enlèvements : a-t-on des preuves ?
La question épineuse de l’hypnose
La dépréciation des témoins
L’examen global et statistique du phénomène
La question des implants
La surveillance militaire des enlèvements

Chapitre VII Révélations spectaculaires et désinformation

La saga des documents “Majestic 12”
L’ingénieur Bennewitz et la base fantôme de Dulce
1987-1989 : la vague des “révélations” effrayantes
Années 1990-2010 : les révélations continuent
L’essor des théories “conspirationnistes”


Chapitre VIII Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

E.T. farceurs, aliens trompeurs
Les mystérieux “hommes en noir”
Quelques tentatives d’explication
Des “visiteurs” bienveillants ?
Visions de médiums et de channels. La “conspiration de Stargate”
Recherches secrètes sur la “vision à distance”
Sommes-nous menacés par des aliens prédateurs
Des opinions moins radicales, plus complexes
Points de vue religieux

Conclusion
Sommes-nous à l’aube d’une grande mutation pour l’humanité ?


___________________________

dimanche 11 avril 2010

Ummo : Controverses



Ummo : suites de la controverse

Notes de Gildas Bourdais, 2002 et avril 2010


L’affaire Ummo semble être une source de débats et de conflits inépuisables, notamment sur Internet. Ces dernières années, des forums se sont créés, des scissions ont eu lieu. Les premiers livres en français, en particulier ceux de Jean-Pierre Petit, se vendaient encore bien en 2010, par exemple sur Amazon.com., et pas mal d’autres livres sont encore apparus ces dernières années, souvent bien placés dans les rayons d’ésotérisme. Ummo reste un "bon sujet".
Mon article en deux parties "Retour sur l'affaire Ummo" (à lire sur ce blog) a provoqué de vives réactions, après sa publication en janvier 2002. Mentionnons d’abord une réplique virulente de Jean-Pierre Petit qui a été publiée sur le site Ufocom, puis retirée rapidement à sa demande. Il s’est également exprimé à la radio Europe 1, et sur son site internet. L’argument principal de Petit, repris d’ailleurs par d’autres auteurs, semble être la richesse des lettres ummites, qui contiendraient selon lui des idées remarquables et originales "prouvant" leur origine extraterrestre. Or, lorsque l’on y regarde de plus près, on a l’impression que des idées analogues sont « dans l’air » à l’époque, qui auraient bien pu inspirer ces lettres, comme je l'ai écrit dans mon article. Je lai redit, notamment dans le texte qui suit, « Pseudo révélations ummites ».

Un autre auteur qui s’en est pris à moi, avec violence, est Jean Pollion, le "Champollion" qui affirme avoir réussi à décoder le langage ummite, dans son livre Ummo. De vrais extraterrestres ! (Editions Aldane, 2002). On trouvera plus loin, également, ma réponse à Pollion, écrite en août 2002.
Je veux citer tout de suite un élément capital, à mes yeux, de cette polémique. J'ai remarqué que Jean Pollion, dans son livre, avait omis de signaler que des enquêteurs espagnols avaient découvert dans les années 80 que Vicente Ortuño,censé être un témoin indépendant de l'observation d'Aluche, était en réalité un vieil ami de Jordan Peña. A la suite de quoi ils avaient reconnu avoir fait ensemble les canulars d'Aluche et de San José de Valderas (avec les fameuses photos). Or Pollion a déclaré, dans sa critique de mon article, que ça n'avait aucune importance! Et je ne dis pas de quoi il m'a traité en privé...

La pile des livres sur l’affaire Ummo s’est encore « enrichie » ces dernières années, avec une série de livres de Christel Seval,puis un livre de Denis Denocla, chez qui les Ummites sont maintenant appelés les Oummites ou les Oummains. Je vais me contenter de citer ici une page d'un livre de Seval paru en 2005, qui prétend révéler "Le plan (des Ummites) pour sauver la Terre". Il me fustige à la page 77, dans un paragraphe intitulé "La critique de Gildas Bourdais" où il ne fait que citer Pollion. Ensuite, il fait un petit résumé de l'observation d'Aluche en omettant à son tour de signaler que Vicente Ortuño avait été démasqué! Tout cela est d'une désinvolture confondante.

Citons encore, parmi les tenants des lettres ummites, deux anciens pilotes d’Air France, Jacques-André Holbecq, qui a animé un forum « Ummo Science » (réservé, paraît-t-il, aux « adeptes»), et Jean-Charles Duboc, témoin d’un ovni au dessus de Paris, qui s’est révélé être lui aussi un partisan très convaincu des lettres.
Duboc m’a cité comme argument, qui se voulait sans réplique, l’observation d’un énorme "ovni galactique" en Espagne, à haute altitude, par un pilote de ligne espagnol. Je remarque que les petites "nefs" ummites des débuts ont pris de l'ampleur. Le "grand spécialiste" Antonio Ribera citait des dimensions de 1,20m par 4,80 m. Il fallait avoir de l'estomac, d'ailleurs, pour traverser les espaces interstellaires à bord de telles coques de noix ! Heureusement,ils ont fait beaucoup mieux depuis, si je comprends bien. Le pilote avait même vu le grand symbole ummite, peint sur le ventre de l’ovni !
Comme je lui demandais des précisions, Duboc m’a renvoyé vers un site web espagnol, d'un certain Juan Benitez, où était présenté ce cas. Mais ce site ne donnait pas de références claires, notamment d’articles de presse. De plus, j'ai découvert que ce Benitez est un personnage pour le moins controversé. Il s’est fait une bien mauvaise réputation, notamment au Brésil, où il a fait une enquête sur l’affaire de Varginha (voir mon article sur ce blog), sans consulter les enquêteurs de l’affaire. Il a prétendu y avoir trouvé des traces d’atterrissage de l’ovni, ce que contestent absolument les spécialistes du cas, très irrités par son amateurisme esbroufeur.
Sur l’affaire Ummo, Benitez a mis également sur son site la longue étude des photographies de San José de Valderas, faite par un laboratoire de la Guardia Civil, qui prouverait que les photos sont non truquées. J'ai parcouru ce gros rapport, or il dit seulement qu'ils n'ont pas réussi à prouver un canular,et donc ne peuvent l'exclure, ce qui n'est pas tout à fait la même chose... Pour la plupart des spécialistes, cette étude n’est pas probante, et je partage cet avis. Pourquoi s’acharner ainsi, avec une analyse controversée, alors que les deux auteurs des fausses photos, Peña et Ortuño, ont avoué depuis longtemps leur canular ! Voici maintenant deux répliques que j'avais faites en 2002.

__________________________

Pseudo-révélations ummites (réponse à Jean-Pierre Petit) Gildas Bourdais, 22 janvier 2002

A la suite de l'émission d'Europe 1 et du débat des derniers jours sur internet, il me semble nécessaire de revenir encore sur la question des "révélations" qui seraient contenues dans les lettres ummites. Certains continuent à croire que ces révélations sont si extraordinaires qu'elles ne peuvent être que d'origine extraterrestre. Je me suis efforcé, dans mon article, de montrer par quelques exemples qu'on est loin du compte, que ce ne sont que des pseudo-révélations et que leur origine peut très bien être humaine.

En l'occurrence, si j'ai bien entendu Jean-Pierre Petit à Europe 1, il a mis beaucoup d'eau dans son vin au sujet des Ummites : "Je ne sais pas qui sont les auteurs", répond-t-il à Marc Menant qui lui demande si les Ummites sont bien les auteurs des lettres. Puis il essaie d'éviter le sujet, préférant parler de ses travaux scientifiques. Mais Menant revient plus loin à la charge, ce qui amène Petit à faire ce commentaire étonnant : "je n'ai jamais affirmé qu'ils existent !". Là, je dois avouer que j'en suis resté un peu ébahi.

Une variante de cette idée, encore défendue par Jean-Pierre Petit à Europe 1, est que ces lettres contiennent des révélations scientifiques couvertes par le secret militaire, en premier lieu la MHD. Or, soulignent certains à la suite de Petit, il n'est pas possible de répandre ainsi des secrets militaires pendant 35 ans. Les services secrets s'y seraient opposés depuis longtemps.
Eh bien, je suis désolé mais il y a une erreur à la base du raisonnement : à l'époque de cette lettre ummite, la MHD était déjà connue publiquement, et ce n'était donc pas un secret militaire ! Je ne peux que répéter et compléter ce que j'ai déjà dit dans mon article. La lettre ummite de 1968 évoque la MHD brièvement, d'ailleurs de manière peu claire et sans la nommer. Les textes de Stanton Friedman, de la même année, sont bien plus explicites : article de février 1968 dans la revue Astronautics and Aeronautics, actes du Symposium sur les ovnis de juillet 1968, organisé par le Congrès américain, publiés par l'imprimerie du gouvernement!
Friedman explique qu'il suffit d'extrapoler dans l'atmosphère la théorie de la MHD sous-marine développée dès 1964 par l'ingénieur américain S. Way. Cette théorie figure, avec toutes les formules et les calculs étalés sur plusieurs pages, dans une publication de l'ASME, importante association privée des ingénieurs de mécanique américains (American Society of Mechanical Engineers), datant du 24 septembre 1964. En 1966, le même ingénieur Way avait essayé avec succès un modèle réduit de sous-marin MHD, dans la baie de Santa Barbara, en Californie. Sauf erreur de ma part, les Japonais ont fait eux aussi des études comparables mais ultérieurement.
Voilà pour la MHD, grand secret militaire soi-disant dévoilé par une lettre ummite en 1968 ! Cela dit, il paraît évident que ces idées ont dû intéresser les militaires, non seulement aux Etats-Unis mais dans d'autres pays, et que des études y ont été poursuivies, couvertes cette fois par le secret militaire, mais ceci est une autre histoire.
D'autre part, je le rappelle encore, les premières publications du professeur Auguste Meessen sur la MHD datent de 1973, dans les numéros 8, 9 et 10 de la revue de la SOBEPS Inforespace. Dans le numéro 10, Meessen faisait état des travaux de Way et Friedman :
"Nous avons appris entre temps que le physicien américain S. T. Friedman admet également que la physique des plasmas pourrait intervenir dans la propulsion de ce qu'il appelle des "modules d'excursion terrestre". Il suppose (comme dans notre premier modèle) qu'un champ magnétique exerce une "force de Lorentz" sur des courants ioniques et il rappelle également l'existence du sous-marin électromagnétique expérimental de Way".
Ces premières études du professeur Meessen sont également mentionnées dans le livre de Michel Bougard, Des soucoupes volantes aux Ovnis, paru en 1976. Les premières publications de Jean-Pierre Petit datent, elles, de 1975 et 1976. Il ne peut donc prétendre avoir été le premier à découvrir la MHD pour aérodynes.

Je ne vais pas revenir sur d'autres pseudo-révélations scientifiques des lettres ummites, telles que l'univers gémellaire, idée qui se trouve déjà dans une étude de Sakharov publiée à la même époque. Sur l'hypothèse de révélations de secrets militaires, il faut encore dire un mot de la lettre révélant certains aspects des plans alliés d'attaque du Koweit, qui fut déclenchée le 16 janvier 1991. Là aussi, je répète ce que j'ai écrit dans mon article (seconde partie). Il y a déjà une incertitude sur la date de cette lettre. Jean-Pierre Petit donne la date du 5 janvier, mais Godelieve Van Overmeire cite une lettre, répertoriée D.1751, qui fut reçue par Villagrasa le 14 janvier, soit deux jours avant l'attaque. Si cette date est la bonne, cela ne laissait pas beaucoup de temps à ces révélations pour atteindre le quartier général irakien, d'autant plus que les correspondants espagnols avaient pour instruction de garder les lettres secrètes ! Pour ma part, je vois là une manipulation de plus, destinée à entretenir ou relancer la croyance dans les lettres ummites. Et on en devine l'origine, proche du Pentagone !

Encore une remarque. Certains croient que l'affaire Ummo a été dévoilée au public en 1990-1991. Il est vrai que c'est le premier livre de Jean-Pierre Petit qui a fait connaître cette histoire dans le grand public français en 1991, avec un tirage à 100 000 exemplaires ou plus. D'autres livres, ceux d'Antonio Rivera traduits en français, et de Martine Castello, ont également contribué à cet engouement en France. Mais le dossier Ummo était connu depuis longtemps des ufologues français, aussi bien qu'espagnols, et la plupart d'entre eux l'avaient complètement écarté. Les photographies de San José de Valderas avaient été dénoncées comme fausses, en 1977, par Claude Poher en France et par William Spaulding aux Etats-Unis. Quand l'afaire Ummo est devenue célèbre en France, elle était déjà presque morte en Espagne !

Alors, pourquoi toutes ces lettres ummites ? Je le répète, l'hypothèse la plus plausible est à mon avis celle d'une manipulation au long cours, comme les services secrets savent très bien en faire - ils ont tout le personnel et les conseillers scientifiques qu'il leur faut pour cela - dont l'objectif est de décrédibiliser l'idée de présence extraterrestre. Un présence bien réelle, mais aujourd'hui encore très secrète. Je crois que ce secret ne pourra être maintenu indéfiniment, comme j'ai essayé de l'expliquer dans mon dernier livre (note : réédité en 2010). Les témoignages sur de véritables contacts continuent à s'accumuler, en dépit de toutes les manœuvres et fausses révélations destinées à les discréditer. Il est frappant que la grande presse soit restée silencieuse sur la présentation de témoins organisée par le Dr Greer en mai 2001 à Washington (note : on a fait mieux depuis. Voir la nouvelle édition de mon livre : OVNIS. Vers la fin du secret ? ), et ait par contre relayé en cœur la soit disant fermeture du Bureau des soucoupes volantes britannique. De telles manœuvres marchent encore, mais pour combien de temps ?

___________________________

Réponse à Jean Pollion (août 2002)

A l’automne 2001, j’avais été amené à étudier de plus près l’affaire Ummo pour répondre à la demande d’un correspondant qui me demandait les raisons de mon scepticisme. J’ai ainsi écrit un article en deux parties intitulé " retour sur l’affaire Ummo ", qui a été publié sur le site Ufocom, et plus récemment dans la revue " Lumières dans la Nuit " (numéros 363 et 364 . Voir maintenant les articles sur ce blog). J’ignorais alors l’existence de l’étude de Jean Pollion, qui vient d’être publiée aux éditions Haldane, sous le titre " Ummo. De vrais extraterrestres ! ", avec une préface de Jean-Pierre Petit, qui a été comme chacun sait le principal promoteur de cette affaire en France depuis le début des années 90.
Comme il était prévisible, j’ai dû affronter les critiques, non seulement de Jean Pollion, mais d’un certain nombre de partisans de Ummo et de Jean-Pierre Petit, notamment Jean H. Holbecq, qui m’a mis en demeure de m’exprimer sur le livre de Pollion, dans un message du 21 juillet sur la liste " Ovni Science ". J’ai répondu le 25 juillet en indiquant que je ne souhaitais pas poursuivre ce débat, mais je suis maintenant obligé de répondre de nouveau, non seulement à une réplique de Holbeck, faite le jour même, mais à celle de Pollion le 30 juillet, dans laquelle il annonce la parution sur le net d’une longue critique de mon article. Le ton agressif employé par Jean Pollion m’oblige à sortir de ma réserve.

Je vais essayer de répondre à ces différents papiers de manière aussi brève et synthétique que possible.
Lorsqu’on aborde une affaire comme Ummo, il s’agit en premier lieu, avant même d’étudier le contenu des lettres, d’évaluer la crédibilité des " pièces à conviction ", qui sont :
- les trois observations supposées d’une " nef " ummite, avec des témoins, des photos, des objets trouvés sur les lieux (tubes métalliques) et même une trace au sol.
- les lettres reçues anonymement par diverses personnes.

C’était l’objet de mon article, et je maintiens entièrement mon opinion que ce dossier est extrêmement douteux, pour le moins. Je ne vais pas revenir sur tous les détails, mais je voudrais d’abord souligner les points les plus faibles concernant les observations supposées, à Aluche (1966), à San José de Valderas (1967) et à Voronej en Russie (1989).

Les trois observations
A Aluche, le témoin principal, Luis Jordan Peña, est le principal pourvoyeur de témoins, non seulement pour Aluche mais aussi l’année suivante pour San José de Valderas. Or ce personnage incontournable va finalement avouer, en plusieurs étapes, que toute l’affaire Ummo est un canular, dont il est l’auteur ! Je vais revenir sur ce point capital.
Il y avait bien, à Aluche, un témoin supposé indépendant de Jordan Peña, Vicente Ortuño, mais patatras, les enquêteurs ont découvert qu’il était un ami de Jordan depuis des années, comme je l’ai signalé dans mon article. Sur ce point très grave, je rappelle ici ce que m’a écrit Javier Sierra, l’un des enquêteurs espagnols les plus impliqués (il était un ami d’Antonio Ribera) :
"L'affaire Ummo est très difficile. Il est exact que je me suis beaucoup impliqué dans son étude, de 1988 à 1994, en découvrant que le cas de Aluche en 1966, qui est à l'origine de toute l'affaire, était un canular perpétré par Jordan Peña et Mr Vicente Ortuño, les deux témoins du cas. Ils étaient apparus dans la presse comme des témoins indépendants, mais la vérité est qu'ils étaient de très bons amis. J'ai obtenu la confession d'Ortuño dès 1988. Et plus tard celle de Jordan".

Dans sa critique de mon article, Jean Pollion tente de mettre en doute la portée de cette révélation en arguant qu’ils se connaissaient seulement " par la cantine où ils prenaient leurs repas ". Je suis navré, mais cet argument me paraît plus que mince face à une révélation aussi dommageable. Mais il y a plus grave : Jean Pollion cite ce témoin dans son livre (p. 70) sans mentionner qu’ils se connaissaient. Il y a là un flagrant délit d’escamotage.
Toujours sur Aluche, Jean Pollion me reproche d’avoir escamoté les traces au sol, dont j’ai pourtant donné la photographie. Il s’agit de trois traces de 15 x 30 cm, profondes de quelques cm. Il a fait ses calculs : elles correspondent selon lui à une masse de l’engin de plus de 40 tonnes. Je note que que, dans une première version de ses critiques qu’il m’avait adressée en privé fin janvier, Pollion l’évaluait à 14 tonnes. Et dans son livre (p. 75), il parle de " plus de 13 tonnes ". A quel texte faut-il se fier ? Nous supposerons qu’il faut multiplier 13 ou 14 tonnes par trois, ce qui fait une fourchette de 36 à 42 tonnes au total. Cela dit, je pose la question : est-il impossible de fabriquer une fausse trace de ce genre, même dans un sol dur ? Bien que je ne sois pas ingénieur ni technicien, j’ai l’impression que ce n’est pas hors de portée d’un bon bricoleur avec des outils ad hoc, discrètement pendant la nuit (les traces ont été découvertes le lendemain-matin sur un terrain vague, on ne sait par qui). Je pose la question à la ronde : quelqu’un aurait-il une solution à proposer ?

Venons en aux photographies de la " nef " ummite, censées avoir été prises à San José de Valderas l’année suivante. Il est déjà très bizarre que deux témoins indépendants qui flânaient par là, et avaient comme par hasard un appareil photo chargé, aient pris des photos très semblables au même endroit, sans se connaître, et aient eu la même démarche de les remettre anonymement à la presse. Mais abrégeons : ces photos ont été jugées fausses par au moins trois équipes d’enquêteurs, à ma connaissance : Claude Poher, disposant des moyens d’analyse optique du CNES ; William Spaulding et le groupe " Ground Saucer Watch " aux Etats-Unis (un groupe très en pointe à l’époque sur la divulgation des documents secrets américains) avec une analyse informatique faisant apparaître un fil ; une équipe d’enquêteurs espagnols dont les résultats ont été publiés par Charles Berché dans les Cuadernos de Ufologia en 1994. J’ai obtenu cette publication, et l’on y aperçoit, sur une photo analysée par ordinateur, un fil très fin auquel semble être suspendue la maquette.
Jean Pollion dénonce dans son livre les conclusions de Claude Poher. Pour ma part, autant l’analyse de Poher me paraît excellente, autant les objections de Pollion me paraissent compliquées et peu convaincantes. Dans ses critiques de mon article, Pollion cite une autre analyse, faite par la Guardia Civil espagnole (en 1999-2000) concluant à l’absence de trucage. Mais alors, je me demande pourquoi il ne la mentionne pas dans son livre !
Quoi qu’il en soit, même si ces enquêteurs n’ont pas complètement démonté ces photos, le contexte n’en reste pas moins extrêmement douteux. Citons par exemple l’affaire trouble au possible de la pseudo découverte de petits tubes métalliques non loin de là à Santa Mónica, contenant un bout de feuille plastique frappé du sigle Ummo : un matériau fabriqué par Du Pont de Nemours aux Etats-Unis et non commercialisé à l’époque ! L’analyse chimique, pourtant faite par les soins de Rafael Farriols, lui même industriel des plastiques, est mise en doute par Pollion, qui met en doute également la découverte des tubes ! Ici, l’affaire sombre dans la plus totale confusion. Sans parler de la photo du tube postée peu après par un certain Dagousset, que personne n’a pu retrouver…

En ce qui concerne les témoins de l’ovni à San José, il suffit de lire le livre de Pollion lui-même pour être saisi d’un doute affreux. Les trois témoins qu’il cite (p. 79) sont anonymes et ont été interviewés par … Luis Jordan Peña ! les autres témoins, nous dit Pollion, " ne sont pas des observateurs directs et ne méritent pas le qualificatif de témoins ". C’est bien noté.

Passons rapidement sur la troisième observation, revendiquée comme authentique par Jean Pollion, celle de Voronej en Russie, en 1989. Sur cette affaire, je renvoie à l’excellent livre de Boris Chourinov, OVNIS en Russie (Guy Trédaniel, 1995), pages 194 à 205. Si vous croyez encore à la solidité de cette observation après avoir lu ces pages, vous avez de l’estomac.

L’homme orchestre : Luis Jordan Peña

En résumé, de ces trois observations supposées d’une " nef " ummite, il ne reste rien de solide aujourd’hui. Et en plus, le témoin principal, l’homme orchestre, Luis Jordan Peña, a avoué être l’auteur de la supercherie! Jean Pollion admet lui même que Jordan était omniprésent, mais il ne croit pas à ses aveux (p. 75) :
"On verra tout au long de l’histoire des documents ummites en Espagne la présence quasi-permanente de José Luis Jordan Peña, à presque toutes les occasions. De nombreuses situations n’étant pas complètement clarifiées, beaucoup d’ufologues ont pensé que Peña était soit l’instigateur, soit un complice majeur de la mise en scène de l’affaire Ummo, érigée en gigantesque supercherie. Je ne le pense pas, et le résultat du présent travail établit le contraire ".
Autrement dit, c’est son analyse du langage ummite qui réfute, selon lui, cette hypothèse.
Or, même sans les aveux de Peña lui même, il y a de nombreux indices en direction d’une machination des plus troubles dans laquelle il aurait trempé. Prenons par exemple les dessins des lettres ummites. On a remarqué un air de famille avec les dessins exécutés par Jordan Peña, mais Pollion doute de cet argument car, remarque-t-il, ces dessins ont été publiés seulement en 1989 dans une revue de parapsychologie espagnole. Entendez par là que Jordan Peña a pu contrefaire les dessins ummites. Mais pourquoi aurait-il fait cela à une époque où il était encore un acteur de la supercherie ?
Son premier aveu date en effet de 1993. Pour permettre au lecteur d’apprécier cette ressemblance, voici une planche comparative de dessins de Peña et de lettres ummites. Ressemblance troublante, en effet (les dessins " ummites " sont en haut, ceux de Peña en bas).



Comparaison entre des dessins de Peña et des lettres ummites

  Comme je l’ai expliqué dans mon article, Jordan Peña était clairement impliqué dans l’affaire, mais celle-ci était bien trop complexe, ainsi que les lettres, pour qu’il en soit le seul auteur.
Or justement, Jean Pollion donne dans son livre (pp 97, 98) une information tout à fait révélatrice, me semble-t-il : Jordan a fini par avouer en 1998, dans une lettre privée à Igniacio Darnaude, l’un des chercheurs espagnols les plus impliqués dans l’affaire Ummo, qu’il avait travaillé avec une " organisation nord-américaine ".

Pollion choisit évidemment de mettre en doute cet aveu, arguant qu’il est en contradiction avec son aveu précédent. C’est son droit, mais je pense pour ma part qu’un aveu privé à un vieil ami a plus de poids qu’un aveu public. Un scénario plausible est que, en 1993, Jordan avait été forcé à se dénoncer publiquement comme étant le seul auteur, mais que tout cela a fini par peser sur sa conscience et qu’il a voulu s’en libérer auprès d’un ancien ami.

L’hypothèse d’une manipulation

Argumentons un peu cette hypothèse d’une manipulation. Outre les aveux de Jordan Peña, il y a de nombreuses indications allant dans ce sens. Une hypothèse de travail est que des " services ", vraisemblablement américains puisque Jordan le dit lui même, mais cela n’est pas prouvé, ont fabriqué le dossier ummite avec l’intention de le couler plus tard pour faire un maximum de dégâts dans les rangs de l’ufologie.
C’est le principe du canular destiné à être démasqué. Pour des " debunkers " des ovnis, une bonne technique n’est-elle pas de lancer eux mêmes des canulars ? c’est plus facile pour les démasquer ensuite.
Ce pourrait être le cas de l’affaire Ummo. La piste du KGB a été également évoquée, mais elle n’a pas été prouvée. J’ajoute ici que selon l’enquêteur espagnol Manuel Carballal, des services espagnols, le SECED puis le SECID, auraient été impliqués dans l’affaire ummite. Il est plausible que différents services se soient intéressés de diverses manières à cette affaire qui a eu d’ailleurs de nombreuses ramifications internationales.
Remarquons par exemple que sa dénonciation par les leaders eux mêmes lors d’une réunion en 1985, véritable suicide collectif, détruisant des années d’efforts, avait été ordonnée par une lettre ummite, qui avait demandé la convocation de cette réunion ! Pour expliquer la manoeuvre, Pollion, suivant en cela l’explication de Rafael Farriols, suppose qu’il s’agissait "… de " nettoyer " la salle des auditeurs parasites " et non réellement intéressés. Objectif réalisé. Il faut reconnaître que cette explication est d’une logique et d’une simplicité déconcertante ". J’avoue que je trouve moi aussi cette " explication " confondante, mais pas dans le même sens que Jean Pollion.

En marge de cette étrange réunion, rappelons l’incident rapporté par Jean-Pierre Petit, qui se réveille complètement paralysé dans sa chambre d’hôtel et aperçoit des hommes dans sa chambre. Ceux-ci lui administrent alors une nouvelle dose d’anesthétique (voir mon article). S’agissait-il d’Ummites en vadrouille ? Ils ressemblaient plutôt à des agents secrets.
Sur le thème de la manipulation, on peut encore relever des histoires de micros clandestins. Une lettre ummite " révèle " la présence d’un micro dans la salle de réunion du groupe Eridani qu'avait créé Jordan Peña en 1970. Dans le même ordre d’idées, on peut citer cet incident survenu au domicile de Rafael Farriols en 1996. Il reçoit une première lettre lui demandant de répondre verbalement à une question, dans son bureau. Il s’exécute, tard le soir et à voix basse pour ne pas réveiller tout le monde. Peu après, il reçoit une nouvelle lettre lui demandant de reformuler sa réponse en dépassant 17 décibels ! On ne peut rêver mieux pour rendre quelqu’un complètement paranoïaque.
Incidemment, l’ingénieur américain Paul Bennewitz fut victime de procédés analogues destinés à le rendre fou, qui furent couronnés de succès (voir pour les détails mon livre OVNIS : la levée progressive du secret. Note : réédité en avril 2010 sous le titre OVNIS. Vers la fin du secret ? ).

Un autre aspect qui va dans le sens d’une manipulation destructrice, ce sont les loufoqueries dont sont émaillées les lettres ummites. J’en ai cité une, que Jean Pollion conteste, avec toujours la même virulence : les véhicules à pattes. J’ai écrit dans mon message du 25 juillet :
" Je pense par exemple aux véhicules à pattes, sans roue, détail parfaitement ridicule que Pollion oublie d'ailleurs de mentionner, sauf erreur, dans son livre. Cela me fait penser aux albums de Zig et Puce de mon enfance. "
A cela Pollion me répond, d’abord en me citant un témoignage fragile de l’affaire de Roswell. Or la situation est complètement différente. Un mauvais témoin ne suffit pas pour couler une affaire, observe-t-il. Il est assez probable qu’il y a eu, sur Roswell, un certain nombre de faux témoins apparus pour déstabiliser les enquêteurs. C’est sans doute le cas de l’ancien policier Gerald Anderson, par exemple. Il n’est pas prouvé que ce soit le cas de Frank Kaufmann (note : Kaufmann a été effectivement discrédité depuis...), cité par Pollion, même s’il est vrai que ce témoin est fragile, comme Jim Ragsdale d’ailleurs (certains auteurs auraient bien fait de se méfier davantage de ces témoins). Mais c’est un tout autre problème ! Dans le cas d’Ummo, il s’agit d’une citation de lettre ummite, censée être authentique aux yeux des partisans d’Ummo.
Là dessus, Pollion écrit, le 30 juillet sur " Ovni Science " :
" J'ajoute que cette observation est absurdement fallacieuse. Gildas Bourdais ignore sans doute que les recherches les plus récentes en matière de robotique portent sur des automates multipodes, pour pouvoir affronter les terrains les plus difficiles comme les plus faciles. "
Eh bien non, Monsieur Pollion, je n’ignore pas cela. Je sais même qu’il s’agit d’une technologie de pointe, encore en développement et d’un coût très élevé. C’est se moquer du monde que de vouloir faire croire à une civilisation qui aurait de tels engins comme véhicules courants. J’ai bien peur qu’il y ait là un piège, assez drôle d’ailleurs, pour faire trébucher les ufologues trop crédules !

Faut-il continuer à réponde à toutes les critiques de Jean Pollion sur mon article, qui en ont fait doubler pratiquement le volume ? Franchement, je crois que c’est inutile. J’estime en avoir dit suffisamment pour inciter le lecteur, au minimum, à la plus grande prudence sur toute cette affaire Ummo. Je remarque que Claude Poher avait déjà bien senti le danger, dans son article sur les photos, en 1977 :
"On frémit à la pensée qu’il ne s’agit peut-être pas là d’un simple jeu intellectuel pour embêter quelques amateurs d’histoires croustillantes d’OVNI, mais peut-être bien d’un jeu d’adulte plus grave, moins pacifique, … d’une simulation de diffusion de fausses informations à grande échelle ou de simulation de création d’une secte par exemple… En tous cas un jeu qui a parfaitement réussi… "

Remarquons à cet égard que les années 80 ont été l’époque d’une intensification manifeste des opérations de désinformation aux Etats-Unis, à la suite des premières révélations sur Roswell par le Major Marcel, en 1977.

Le " langage " ummite
Il me faut encore commenter la thèse majeure du livre de Jean Pollion sur ce curieux langage ummite qui, selon lui, ne peut pas être d’origine humaine. Je rappelle ici ce que j’ai dit dans mon message sur la liste " Ovni Science " (le 25 juillet). D’abord, que la thèse de Jean Pollion, à savoir qu’il prouve dans son livre l’origine extraterrestre du langage ummite, est si ambitieuse qu’on ne peut se contenter de son opinion, alors qu’il n’est pas linguiste, ni logicien. Il paraît capital d’obtenir des avis d’experts indépendants. J’ai ajouté que Pollion semblait conscient de cette difficulté, en faisant référence au grand philosophe et logicien Bertrand Russell, mais que cela ne nous suffit pas : il faut qu’il obtienne des avis d’experts sur son travail !
Pollion m’a répliqué, dans son message du 30 juillet, que c’est là une affirmation " discréditante " et " dévalorisante ". Il me reproche d’avoir employé le mot " s’appuyer sur " à propos de Russell : " Dialectique bassement misérable de la déformation des faits ", s’exclame-t-il ! Je vois que, avec Jean Pollion, il faut faire très attention au choix des mots. A mon avis, il serait bien avisé de faire de même.
J’ai fait un nouvel écart de langage avec mon objection suivante. Pollion affirme dans son livre que la langue ummite ne peut être une création humaine car il y a " incompatibilité sémantique et incompatibilité de la pensée " (dans un message du 22 juillet). J’ai trouvé cette affirmation " extraordinairement présomptueuse ", d’autant plus que Pollion prétend avoir percé le mystère de cette langue si extraordinaire. Il me semble qu’il y a là une contradiction grave entre les deux affirmations.

Jean Pollion s’est indigné de mon excès de langage, trouvant l’expression " présomptueux " " doublement hors de propos et quasiment injurieuse ". Je retire donc l’expression, mais je maintiens l’idée qu’il n’a pas vraiment démontré l’impossibilité d’une origine humaine de ce vocabulaire bizarre. A cela, Pollion me répond qu’il n’a jamais dit que c’était impossible (message du 30 juillet) :
" Qu'est-ce qui interdit quoi que ce soit ? Rien, Monsieur Bourdais, rien! L'imagination est sans limite. Mais la réalité est tributaire du rapport résultat/prix de revient (surtout dans le pays inventeur du "capitalisme") et du bon sens… Le problème n'est pas dans les ordinateurs, mais dans la tête des humains, CIA ou pas. "
Cette fois je suis perplexe : je ne sais plus très bien si Pollion considère comme impossible, ou non, une création humaine de ce langage. Que vient faire ici le critère du prix de revient ? Savez-vous à combien se montent les budgets des services secrets aux Etats-Unis, sans parler des budgets " noirs " dont aucun compte n’est rendu au Congrès ? Il s’agit là de dizaines de milliards de dollars chaque année. Or l’enjeu du secret sur les ovnis est énorme, si seulement une partie des informations qui circulent disent la vérité (sur ce point, je renvoie encore le lecteur à mon dernier livre). Dans ces conditions, on peut supposer que les services secrets américains n’ont pas lésiné à la dépense pour semer le trouble et la confusion dans les rangs ufologiques. Une opération comme " Ummo " ne serait pas tellement considérable, vue sous cet angle. Et j’ajoute, pour que ce soit bien clair, que je ne prétends nullement prouver que l’affaire Ummo est une fabrication américaine. Je m’efforce seulement de montrer que cela pourrait bien être le cas. Surtout après le dernier aveu de Jordan Peña !

Quoi qu’il en soit, je n’ai pas l’impression d’avoir trouvé dans le livre de Pollion (que je confesse avoir lu assez vite, n’étant pas linguiste), pour affirmer qu’il ne peut s’agir d’une création humaine. A ce sujet, je note que Josée Chelkof, qui est bien plus compétente que moi en la matière, et que quelques autres dans notre petit monde ufologique, a exprimé la même opinion :
" Désolée, Monsieur Pollion mais, ce système du deuxième niveau de langage ummite (que vous appelez par erreur "le premier" ) et que vous avez semble-t-il su décrypter pourrait aussi bien être l'oeuvre d'un terrien. Son originalité ne prouve rien et ne constitue nullement une "preuve" de leur "extraterrestrialité". Elle peut aussi bien être terrienne qu'extra-terrestre. " (message du 28 juillet).
Merci à Josée Chelkof pour cette prise de position claire et courageuse ! Il faudrait que je réponde encore à de nombreuses critiques, mais j’en ai assez de ce débat interminable qui risque de lasser le lecteur, et je préfère m’arrêter ici. J’invite chacun à faire preuve d’esprit indépendant et à réfléchir pour son propre compte à cette " ténébreuse affaire".
Gildas Bourdais
Août 2002