jeudi 12 février 2009

Le crash de Roswell

Le nouveau scénario du crash,

dans le livre Le Crash de Roswell

Gildas Bourdais, février 2009



Note importante : cet article est maintenant mis à jour à la date d'août 2009, et j'invite le lecteur à s'y reporter car il intègre un certain nombre de nouveaux témoignages. Voir l'article intitulé :
"Le crash de Roswell, confirmé par de nouveaux témoins"

Où en est-on, au début de 2009, dans les enquêtes sur le crash de Roswell ? Depuis la parution en 2004 de mon livre Roswell. Enquêtes, secret et désinformation, le dossier s'est enrichi de nouveaux témoignages qui permettent de cerner de plus près le déroulement de l'événement, au cours des premiers jours de juillet 1947. Une étape importante dans cette voie a été le livre de Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell, paru en juin 2007, auquel s'ajoutent d'autres sources, notamment les livres de Kevin Randle et du Dr Marcel Jr. Carey et Schmitt ont proposé dans leur livre un nouveau film des événements (« time line »), qui représente un gros progrès par rapport aux ouvrages précédents, mais qui comporte encore, à mon avis, quelques difficultés. J'en ai discuté avec les auteurs, et je leur ai suggéré de légères modifications, tenant mieux compte des témoignages. Donald Schmitt a fini par me dire, en septembre 2008, son accord sur mes suggestions. C'est ce scénario remanié que j'ai retenu dans la nouvelle édition de mon livre, publié en février 2009 sous le titre Le crash de Roswell. Enquête inédite (JMG, Le Temps Présent).

Livre le crash de Roswell

Ce scénario est développé principalement dans le chapitre VI : « Nouveaux témoins et scénario révisé ». Il intègre de nombreux témoignages, anciens et nouveaux, comme les pièces d'un puzzle dont l'image générale apparaît de mieux en mieux. Je pense qu'il va surprendre plus d'un lecteur, tellement il a gagné en précision. En voici un bref résumé.

Mercredi 2, ou Jeudi 3 juillet 1947, au soir

Orage violent dans la soirée du mercredi 2, ou du jeudi 3 juillet (le débat reste ouvert sur la date exacte). Le fermier William « Mack » Brazel, éleveur de moutons au ranch Foster (situé à environ 65 milles au nord-ouest de la ville de Roswell à vol d'oiseau), entend une forte explosion, différente du tonnerre.

Jeudi 3 ou Vendredi 4 juillet

Découverte du champ de débris, et de plusieurs cadavres près de celui-ci

Le matin du jeudi 3 ou du vendredi 4 juillet, Brazel, en conduisant son troupeau de moutons, découvre le champ de débris à quelques milles de sa maison, en compagnie de Timothy « Dee » Proctor, un fils des voisins Proctor, âgé de sept ans, qui l'accompagne souvent à cheval.

Puis il découvre aussi, toujours avec Timothy, un site avec des cadavres, à 2 milles et demi à l'est du champ de débris. Ils sont abîmés et sentent très mauvais. Les témoignages sur cette découverte sont indirects et, pour cette raison, elle a été laissée longtemps de côté par les enquêteurs. Ce sont : Loretta Proctor, la mère de Dee ; Sydney « Jack » Wright, qui était un camarade de Dee ; le journaliste Frank Joyce auquel Brazel en a parlé au téléphone dès le dimanche 6 à Roswell. Sydney, fils d'un employé du ranch Richards (situé au sud du ranch Foster), a témoigné en 1998 qu'il avait vu lui aussi ces cadavres, en présence de Mack Brazel. Selon lui, Brazel était très impressionné par cette découverte.

Appelons ce site « le troisième site » pour bien le distinguer du « deuxième site, plus proche de Roswell, où ont été découverts un ovni et des cadavres.

La photo de Brazel par Robin Adair le 8 juillet à Roswell

Dee Proctor et des camarades retournent sur les deux sites du ranch Foster, à l'insu de Brazel, et y ramassent des débris. Ce sont Sydney « Jack » Wright, deux fils du rancher Thomas Edington, et l'une des filles du rancher Truman Pierce. Il semble qu'il y ait eu d'autres visiteurs, dès le vendredi (ou le jeudi ?), car des débris auraient même circulé au rodéo du vendredi 4 juillet (jour de fête nationale), à Capitan, bourgade située à une heure de route au sud-ouest du ranch Foster. Pour cette raison, il paraît plausible que le crash ait eu lieu dès le mercredi-soir 2 juillet.

Brazel rend visite à ses voisins les plus proches, Floyd et Loretta Proctor dont le ranch est à 10 milles du sien, et leur montre des débris. Brazel, habituellement calme et réservé, est très excité par sa découverte. Il leur propose d'aller voir le site. Sur le moment, les Proctor ne veulent pas se déplacer, mais Floyd ira plus tard voir le terrain et y ramassera des débris, qui seront ensuite récupérés par l'armée. D'autres voisins viennent voir le champ de débris : Budd Eppers, Truman Pierce, Glaze Sacra. Les parents de Danny Boswell, qui ont un ranch à 25 milles à l'est, viennent voir aussi. Tous ramassent des débris, qui seront ensuite récupérés, sans ménagement, par l'armée.

Brazel se demande comment nettoyer le champ de débris, que les moutons refusent de traverser. Le samedi 5 juillet, Il va à la petite ville de Corona, située à 32 milles à l'ouest du ranch. Il y montre des débris à son oncle Hollis Wilson, aux patrons du Wades's Bar, et à l'épicerie, la General Store. Voulant résoudre son problème, il montre également des débris à son ami policier Robert Scroggins, qui lui conseille d'aller voir les militaires à Roswell.

Un point à souligner, important pour comprendre le déroulement de cette histoire, est que, dès le début du week-end, pas mal de gens des environs sont au courant des débris étranges, et en ont ramassé. De plus, personne n'a identifié des ballons météo, et cibles radar montées sur baguettes de balsa, matériels banals qu'ils connaissaient bien, mais qui constituent encore aujourd'hui l'explication de l'armée de l'Air américaine.

Dimanche 6 juillet

Le fermier Mack Brazel vient à Roswell avec quelques débris. Les routes ne sont pas toutes goudronnées - il y a même une vingtaines de milles de chemin de terre - et le trajet, d'une centaine de milles au total, dure trois heures avec sa vieille voiture. Il montre ces débris au shérif George Wilcox, qui appelle aussitôt la RAAF (Roswell Army Air Force), la base des bombardiers B-29 située juste au sud de la ville. Des officiers viennent rapidement, examinent les débris et retournent à la base avec Brazel.

Auparavant, Wilcox a passé Brazel au téléphone au jeune journaliste Frank Joyce, de la radio locale KGFL, qui se trouve venir aux nouvelles à ce moment-là. Premier entretien de Brazel avec Joyce, qui lui révèle avec émotion avoir découvert des corps étranges : « Ils ne sont pas humains ! » (« They are not human ! »). Joyce finira par révéler cet entretien en mai 1998.

Franck Joyce en 1998

Dès le dimanche-soir, Brazel repart au ranch Foster avec le commandant (Major) Jesse Marcel, responsable de la sécurité de la base, et le capitaine Sheridan Cavitt, responsable du contre-espionnage, sur ordre du colonel William Blanchard. Celui-ci informe aussitôt de la découverte sa hiérarchie, sur la base de Carswell, près de Fort Worth au Texas, laquelle informe à son tour le Pentagone à Washington. C'est à Fort Worth que se trouve le quartier général de la 8ème Armée aérienne, dirigée par le général Roger Ramey, et son adjoint, le colonel Thomas DuBose.

A Fort Worth, le colonel DuBose reçoit l'ordre du général de division aérienne (Major General) Clements McMullen, commandant adjoint du Strategic Air Command, d'envoyer immédiatement à Washington des débris, dans un sac scellé. C'est le premier vol Roswell – Fort Worth, avec le lot de débris apportés par Brazel, dès le dimanche-soir.

Le colonel DuBose supervise à Fort Worth le transfert sous sac scellé pour livraison d'urgence à Washington, confié au colonel Al Clark, commandant de la base de Carswell.

Un premier lot de débris est donc examiné au Pentagone dès le matin du lundi 7, ce qui va provoquer une série de réactions en haut lieu.

Lundi 7 juillet

Marcel et Cavitt au champ de débris

Le commandant Marcel et le capitaine Cavitt inspectent le champ de débris toute la journée, et ils retournent le soir à Roswell.

Marcel est resté plus longtemps sur le site, et passe chez lui très tard en revenant. Il montre des débris à sa femme Viaud et à son fils, Jesse Marcel Jr., alors âgé de onze ans et demi. Celui-ci va devenir, quarante ans plus tard, un témoin direct important sur les débris.

En août 2007, la chaîne SciFi a révélé un nouveau témoin sur cet épisode : l'ancien lieutenant Jack Trowbridge, qui était membre du service de renseignement de Marcel. Il raconte qu'il jouait au bridge avec des collègues quand Marcel est revenu du ranch Foster, et leur a montré des débris. Remarquons que ce nouveau témoignage n'est pas tout à fait cohérent avec ceux des Marcel, père et fils. Le Major Marcel a dit, et son fils l'a confirmé, qu'il avait réveillé sa femme et son fils à une ou deux heures du matin pour leur montrer des débris, étalés dans la cuisine. Mais il ne leur a peut-être pas dit qu'il était passé d'abord les montrer à ses collègues et amis.

Pendant ce temps, dans la journée du lundi, Walt Whitmore Sr, patron de la radio KGFL à Roswell, alerté par son journaliste Frank Joyce, envoie quelqu'un chercher Brazel sur son ranch, le reçoit chez lui et enregistre son témoignage avec l'intention de le diffuser le lendemain. Il l'héberge pour la nuit, selon le témoignage du propre fils de Whitmore.

Le troisième site, avec des cadavres, près du champ de débris

Sur le troisième site, situé à deux milles et demi à l'est du champ de débris, se trouvent deux ou trois cadavres, très abîmés, en voie de décomposition et sentant très mauvais. Il est très probable que le fermier Brazel a montré également à Marcel et Cavitt ce site proche avec cadavres abîmés, étant donné qu'il en avait déjà parlé la veille au journaliste Frank Joyce. Ce n'est pas une certitude, cependant, car son propre fils, le Dr Jesse Marcel Jr, en doute. Il me l'a dit encore en juillet 2007 lors d'un dîner à Roswell : son père ne lui en avait jamais parlé. Mais il y a d'autres témoins, proches du Major Marcel qui l'ont confirmé. Le sergent Herschel Grice, membre de l'équipe de Marcel en 1947, a dit que Marcel lui avait même décrit leur apparence physique, avec des visages blancs, d'aspect « caoutchouteux » (« white, rubbery figures »). C'est également Sue Marcel Methane, de la famille Marcel, qui avait recueilli cette confidence de Marcel peu avant sa mort. Il lui avait décrit des visages blancs et « poudreux » white powdery figures »).

Pour sa part, Marcel a fait comprendre plusieurs fois aux enquêteurs qu'il n'avait pas tout dit (interview de Linda Corley en 1982 ; interview à la radio KOAT en 1985, un an avant sa mort). Ce qu'il a toujours dit, en revanche, c'est que le capitaine Sheridan Cavitt était retourné avant lui à la base, alors qu'il était resté plus tard pour continuer à étudier le champ de débris. Ainsi, il semble évident que Cavitt a alerté le colonel Blanchard dès son retour le lundi-soir, sur leur double découverte extraordinaire, du champ de débris et des cadavres non loin de là.

Il semble plausible, en tenant compte, on va le voir, d'autres témoignages sur la base, qu'il ait été décidé d'aller chercher ces cadavres au plus vite et de les rapporter à la base le soir même, malgré le risque sanitaire que cela impliquait. Le premier souci était déjà à ce moment-là, sans doute, d'imposer le secret sur cette extraordinaire découverte. Il était trop tard, ce lundi-soir, pour prendre le contrôle du vaste champ de débris, mais il était possible de retourner sur le terrain avec une petite équipe, guidée par Cavitt, pour récupérer d'urgence les cadavres. Plusieurs témoignages semblent le confirmer, notamment celui-ci, recueilli par Carey et Schmitt : le sergent LeRoy Wallace, de la police militaire, est appelé un soir pour aller à un site de crash aux environs de Corona, « pour aider à charger des corps ». Selon sa veuve, lorsqu'il est revenu le lendemain-matin, ses vêtements étaient imprégnés d'une odeur épouvantable, et elle les a brûlés. C'est aussi suggéré indirectement par le nouveau témoignage d'Eli Benjamin, que nous allons voir plus loin.

Selon ce scénario, les deux ou trois cadavres du troisième site, très abîmés, sont transportés à la base, dans des sacs hermétiques et dans un véhicule frigorifique. Ils sont déposés à l'hôpital, et ils font l'objet d'un premier examen le soir même. En effet, selon la veuve d'un chirurgien de l'hôpital, qui vivait sur la base, le colonel Blanchard avait appelé son mari pour une affaire urgente, vers 23 h 30. Il s'était absenté pendant une heure et demie et ne lui en avait jamais rien dit ensuite. Il est plausible qu'un premier examen ait été fait ce soir-là, mais c'est le lendemain-matin, mardi 8 juillet, qu'aurait eu lieu une première autopsie à l'hôpital de la base.

La découverte du deuxième site, plus près de Roswell : ovni, cadavres, et un survivant !

Le lundi-matin, une équipe d'archéologues découvre le deuxième site du crash, avec l'ovni, plus près de Roswell, à environ 40 milles au nord de Roswell et 5 milles à l'ouest de la route 285. Il faut environ trois quarts d'heures pour y aller par la route depuis Roswell.

Ce n'est pas exactement le lieu qui avait été indiqué par Franck Kaufmann au début des années 90, témoin aujourd'hui discrédité. Selon les témoignages nouveaux recueillis par Tom Carey et Donald Schmitt, il est un juste peu plus au nord. Incidemment, ce site est à seulement 15 ou 20 milles à vol d'oiseau au sud-est du champ de débris. Tom Carey, lorsque je l'ai rencontré à Roswell en juillet 2007, m'a pointé le lieu exact sur une carte détaillée, mais c'est un détail qui reste confidentiel pour protéger ce terrain privé.

L'équipe d'archéologues découvre un petit engin de forme ovoïde, trois cadavres et un survivant ! L'un d'eux signale leur découverte par téléphone, en allant au hameau de Mesa sur la route 285 (soit une marche de cinq à six milles pour y arriver) Ils préviennent le shérif et les pompiers de Roswell. Ceux-ci arrivent rapidement, suivis de peu par les militaires, qui prennent aussitôt contrôle du site. Cet épisode est en fait l'un des premiers à avoir été révélés, de toute l'histoire de Roswell, mais on croyait à l'époque que le site était dans la plaine de San Agustin, à l'ouest de la vallée du Rio Grande ! Les principaux témoins (voir au chapitre V de mon livre Le crash de Roswell) sont le Dr Bertrand Schultz, le Dr Curry Holden, qui dirigeait l'équipe archéologique, Mary Ann Gardner, et Frankie Rowe, fille du pompier Dan Dwyer.

Nouveaux témoins militaires, sur le deuxième site, avec l'ovni :

Plusieurs témoins militaires importants, permettant de préciser le film des événements, ont été révélés en 2007, notamment dans le livre de Tom Carey et Donald Schmitt, et dans des émissions de télévision comme celles de CNN (Larry King Live) et SciFi Channel (Voir Le crash de Roswell).

Le sergent Homer Rowlette faisait partie du 603ème escadron d'Ingénierie de l'Air (Air Engineering Squadron). Son fils Larry et sa fille Carlene Green (vidéos sur le site SciFi) ont dit ce qu'il leur avait révélé sur son lit de mort en mars 1988. Il avait fait partie de l'équipe de nettoyage déployée sur le site au nord de Roswell. Il avait eu en main l'une de ces feuilles controversées « à mémoire de forme » décrites par beaucoup. Plus important encore, il avait vu l'appareil, qu'il a décrit comme étant de forme « à peu près circulaire », et a dit qu'il avait vu « trois petits êtres » avec de larges têtes. Au moins l'un d'eux était vivant.

Le sergent Homer Rowlette (RAAF Yearbook)

Carlene Green, fille de Homer Rowlette (SciFi Channel)

Le soldat de 1ère classe (PFC) Roland Menagh était un autre MP (police militaire) sur le site, selon ses fils Michael et Roland Jr. Il leur a décrit un appareil en forme d'œuf et sans traces de soudure. Michael se souvient qu'il avait aussi décrit trois cadavres. Son père leur a dit qu'ils avaient chargé l'appareil sur un camion à 18 roues et recouvert d'une bâche (le lendemain mardi, épisode que nous allons voir plus loin). Il l'avait escorté avec une jeep, à travers la ville et jusqu'à la base, où l'épave avait été déposée dans un hangar.

Lundi-soir, et nuit du lundi 7 au mardi 8 juillet

Les militaires sont probablement arrivés assez tard sur le deuxième site, plus proche de Roswell. Il a fallu un certain temps pour qu'un membre de l'équipe d'archéologues aille à pied jusqu'au hameau de Mesa sur la route 285, pour téléphoner au shérif de Roswell. Il a fallu également du temps pour que le shérif, les pompiers, puis les militaires, envoient des équipes sur le terrain. Mais le site était plus petit que celui du ranch Foster avec son vaste champ de débris, et ils ont été en mesure de le boucler rapidement, le soir même. Ainsi, contrairement aux cadavres du ranch Foster, non gardés, qu'il fallait récupérer au plus vite en dépit de risque sanitaire, il a pu être décidé de garder les cadavres sur le site, au moins pour la nuit, à l'abri d'une tente, bien gardée par des soldats armés.

Deux témoignages au moins indiquent cela, de soldats qui ont été chargés de garder cette tente. Selon des membres de leurs familles, le soldat Ed Sain et le caporal Raymond Van Why furent emmenés sur le site dans une ambulance, le soir du 7 juillet, pour garder une tente où se trouvaient les cadavres, et reçurent l'ordre de tirer sur toute personne qui essaierait d'entrer. Par contre, s'il y avait bien un survivant sur le deuxième site, ils ne le virent pas. Il semble très probable qu'il fut ramené le jour même à la base, sans doute à l'hôpital. Deux témoins indépendants l'auraient même vu entrer, en marchant, à l'hôpital.

Il faut dire ici que Tom Carey et Donald Schmitt ont supposé, dans leur livre de 2007, que cet épisode de la tente avait eu lieu, non pas sur le deuxième site proche de Roswell, mais sur le troisième site, au ranch Foster. Or cette option est contredite par le fait que ces deux soldats, chargés de garder la tente, ont dit qu'ils avaient vu l'ovni, qui était sur le deuxième site, plus proche de Roswell. De plus ils ont dit que le trajet n'avait guère duré plus d'une demi-heure sur la route, avant de s'enfoncer dans la « cambrousse » (« into the boondocks »). Cette durée du trajet correspond bien à l'emplacement du deuxième site. Dans un message qu'il m'a adressé en septembre 2008, Donald Schmitt m'a dit son accord à ce sujet.

Le caporal Raymond Van Why (RAAF Yearbook)

Donnons quelques précisions sur ces deux témoins importants. Selon Carey et Schmitt, en 1947, le soldat Ed Sain faisait partie du 390eme Air Service Squadron (ASS), lui-même rattaché au 509eme Groupe de bombardement, l'unique groupe de bombardiers atomiques de l'époque, basé à Roswell. Cet « escadron », dirigé par le Major Richard Darden, était chargé spécialement de garder les bombardiers B-29 du 509eme groupe. C'était une mission de confiance, et les soldats de l'ASS avaient une habilitation au niveau « top secret », plus élevée que celle de la police militaire, la 1395eme compagnie, dirigée par le Major Edwin Easley. C'est à celle-ci qu'appartenait l'autre témoin, le caporal Raymond Van Why. Selon Ed Sain, interviewé par Carey et Schmitt, les deux commandants Darden et Easley étaient déjà sur ce deuxième site de la plus haute importance, lorsqu'ils sont arrivés. Les deux soldats reçurent des provisions pour garder la tente la nuit, avec ordre de tirer sur toute personne essayant d'y entrer… Heureusement, personne ne se montra. Ils furent relevés avant même la fin de la nuit, et ramenés la base. Carey et Schmitt ont pu aussi s'entretenir avec le fils de Sain, Steven, qui lui a précisé que son père avait mis trente ans pour se décider à en parler, à lui et à son frère : « Il leur dit qu'il avait prêté serment de secret et qu'il craignait pour sa vie s'il disait quoi que ce soit… Il ne voulait regarder aucune émission, ni lire aucun livre sur Roswell. Ce n'est que récemment qu'il a commencé à en parler ». Il a aussi évoqué l'appareil, qui était « la chose la plus étrange qu'il avait vue de sa vie ».

Raymond van Why est décédé en 2001 à l'âge de 76 ans. Selon sa veuve Leola, il était très peu bavard sur les neuf années et demie qu'il avait passées dans l'armée. Il avait notamment gardé le B-29 Enola Gay (le bombardier d'Hiroshima). Lorsqu'il a quitté l'armée, il a jeté tous ses papiers militaires. Selon elle, il a parlé pour la première fois en 1954, en lisant un article de magazine sur un crash supposé d'ovni. « J'ai vu cela ! » s'est-il écrié. Il lui a raconté qu'il avait dû garder un site dans le désert, à Roswell, là où un engin spatial s'était écrasé. « Mon mari m'a dit que c'était bien un ovni qui s'était écrasé, que c'était un disque rond ». Comment le sais-tu ? lui avait-elle demandé. « Parce que j'étais là et que je l'ai vu ! ».

Mardi 8 juillet

Le briefing du colonel Blanchard, et le communiqué de presse

Avant d'en venir à un autre épisode important, celui du transport à la base de Roswell de tout ce qui a été découvert – ovni, cadavres, débris, sur les trois sites - pour lequel de nouveaux témoins sont apparus également, il faut placer ici, chronologiquement, le briefing du colonel Blanchard, très tôt dès le mardi-matin, moment crucial où toute la suite des opérations va être décidée, certainement en liaison avec la hiérarchie militaire. Cet épisode, que l'on croyait bien connaître, a été fortement secoué par le témoignage posthume de Walter Haut, selon lequel le général Ramey et son adjoint le colonel DuBose étaient venus de Fort Worth pour y participer (voir le texte intégral de son affidavit dans Le crash de Roswell).

Le commandant Marcel et le capitaine Cavitt informent le colonel Blanchard, dès 6 h du matin, de ce qu'ils ont trouvé sur le ranch Foster (et sans doute dès la veille au soir pour Cavitt). Blanchard convoque son briefing hebdomadaire plus tôt que d'habitude, à 7 h 30. Il y fait le point de la situation sur les différents sites, avec plusieurs responsables de la base. Des débris rapportés par Marcel et Cavitt, qui participent eux aussi à la réunion, sont examinés.

Le lieutenant Walter Haut y assiste aussi en tant que responsable de la communication

Dès la publication de l'affidavit de Walter Haut, dans le livre de Carey et Schmitt, un point a été débattu : la présence du général Ramey et du colonel DuBose à ce briefing. Sont-ils venus dès la veille au soir de Fort Worth (situé à 600 km, à une heure et demie de vol) ? C'est plausible, étant donné que toute la hiérarchie était déjà en alerte. Rappelons les signes d'agitation dans les hautes sphères militaires et politiques à Washington (évoqués au premier chapitre de mon livre Le Crash de Roswell). Si c'est bien le cas, Ramey et DuBose ont dû repartir dans la matinée de mardi pour Fort Worth, où ils ont « joué » la mise en scène au ballon météo pour la presse en fin d'après-midi.

Le communiqué de presse

Dans la matinée, le colonel Blanchard dicte au lieutenant Walter Haut le célèbre communiqué de presse annonçant la découverte d'un « disque volant ». Haut le diffuse vers midi aux deux journaux et aux deux radios de Roswell. L'annonce est aussitôt diffusée à la radio, et déclenche une tempête médiatique de portée internationale.

Pourquoi le colonel Blanchard, officier d'élite promis à une brillante carrière (il deviendra général à quatre étoiles), a-t-il ordonné de publier ce communiqué étonnant ? Comme me l'a souligné Walter Haut quand je l'ai rencontré en 1995, il ne l'a sûrement pas décidé tout seul. Ce communiqué a donc fait partie d'un plan d'action décidé au sommet. L'explication qui me semble la plus plausible est que cela a été décidé, dans la matinée, pour parer au risque de ne pouvoir garder totalement le secret, alors qu'il y a trois sites sur le terrain dont seul le deuxième est sous contrôle à ce moment-là. On s'aperçoit que la nouvelle du crash commence à se répandre dans la région. On dissuade la diffusion l'interview de Brazel à la radio KGFL, et on bloque l'annonce du journaliste John McBoyle à la radio KAOT d'Albuquerque (selon le témoignage de Lydia Sleppy), mais un dérapage médiatique reste possible, et dans ce cas le communiqué permettra de faire bonne figure. L'essentiel est de cacher la découverte principale, celle de l'ovni sur le deuxième site. Si les militaires arrivent à boucler les trois sites et à tout bien contrôler sur le terrain, ils pourront revenir en arrière et démentir le communiqué. C'est exactement ce qui a été fait, le soir même, à Fort Worth, dans le bureau du général Ramey.

Bouclage et nettoyage du champ de débris

Dès le début de la matinée, le colonel Blanchard envoie une équipe de 50 à 60 hommes pour boucler, puis nettoyer le vaste champ de débris au ranch Foster.

Le mardi-matin, le directeur de la radio KGFL Walt Whitmore a amené à la base le fermier Brazel, qui avait passé la nuit chez lui. C'est sans doute Brazel qui va conduire les militaires pour aller sur le ranch et prendre le contrôle des lieux. Selon certains, il aurait été emmené dans un avion d'observation pour les guider plus rapidement.

Le commandant Edwin Easley, chef de la police militaire, et le commandant Richard Darden, commandant adjoint de la base et chef de l'unité d'élite pour la garde des bombardiers atomiques, dirigent les opérations, sur les trois sites. Des MP de la 1395eme compagnie (dirigée par Ealsey) sont postés le long de la route 285 (au nord de Roswell) jusqu'au hameau de Ramon. Plusieurs témoins indépendants les ont remarqués, notamment William Woody et son père.

Des témoins civils ont observé de loin le bouclage du champ de débris. Trinidad « Trini » Chavez, fils d'un employé du ranch Richards (au sud du ranch Foster), a observé le travail des soldats sur le champ de débris, avec des camarades, à distance depuis une colline. Il était trop tard pour s'approcher et ramasser des débris, mais il a appris ensuite que son père en avait déjà ramassé. Le jeune Charlie Schmid, qui habitait au nord de la ville, a eu vent de l'événement. Il a enfourché sa moto et a réussi à s'approcher du champ du débris. Il a eu juste le temps de regarder quelques pièces métalliques, avec des inscriptions étranges. Mais, en entendant des véhicules militaires arriver, il a préféré s'éclipser, comprenant qu'il était tombé sur une affaire très secrète.

Le début de marche –arrière à Roswell

Dès mardi-matin, on l'a dit, la radio KGFL est fortement dissuadée de diffuser l'interview de Brazel, par deux coups de téléphone, depuis Washington. Ainsi, tout est déjà dirigé d'en haut. C'est le codirecteur de la station à l'époque, George « Jud » Roberts, qui l'affirme : il a été appelé par le bureau du sénateur du Nouveau-Mexique Dennis Chavez, et par T. J. Slowie, secrétaire exécutif de la FCC (Federal Communications Commission). Celui-ci lui a fait comprendre que, s'il diffusait l'enregistrement de Brazel, sa radio risquait de perdre sa licence dans les trois jours !

John McBoyle, directeur de la station de la radio de Roswell KSWS, appelle Lydia Sleppy à Albuquerque (elle est le premier témoin dont a eu connaissance Stanton Friedman dans les années 70), et lui annonce la découverte de l'ovni. Mais l'entretien tourne court, et il lui dit d'oublier cet appel. La transmission à Los Angeles est arrêtée par un télex du FBI sur sa machine Télétype.

Dès le mardi-midi, l'armée a complètement bouclé les trois sites, et pense contrôler enfin la situation. Elle peut alors commencer à faire marche-arrière par rapport au communiqué de presse du matin. Sur le bouclage du site des débris, rappelons l'un des plus anciens témoins retrouvés par les enquêteurs. Budd Payne, éleveur des environs, avait voulu pénétrer sur le ranch de Brazel, à la recherche d'une bête égarée, mais il avait été arrêté par un garde armé. Il arrivait par l'ouest, ce qui veut dire que le ranch était déjà bouclé dans sa totalité. Que de précautions pour quelques kilos de ballons météo !

En début d'après-midi, quelques tentatives sont faites par les militaires de Roswell pour arrêter la diffusion du communiqué de presse. On va encore récupérer des copies le 9 juillet, à Roswell, Albuquerque et Santa Fé. Cependant, dès le mardi-matin, la rumeur de la découverte s'est déjà répandue à Roswell. Le communiqué de midi est publié par le Roswell Daily Record dans l'après-midi, ainsi que d'autres journaux du Centre et de l'Ouest des Etats-Unis (par exemple le San Francisco Chronicle). Les journaux de la côte Est publieront directement le démenti du soir, le lendemain 9 juillet. Rappelons également ici cette mise en scène à Fort Worth, avant de présenter les nouveaux témoignages, très importants, sur la récupération de l'ovni et des cadavres du deuxième site.

La mise en scène de Fort Worth, mardi-soir 8 juillet

Le général à la retraite Thomas DuBose a clairement dit, dans un « affidavit» signé en 1991,

qu'ils avaient reçu l'ordre du Pentagone (le général McMullen), au quartier général de la 8eme armée aérienne à Fort Worth, de mettre en scène un cover-up et de tout oublier ensuite.

Le mardi en fin de matinée a lieu un vol de B-29 (Dave's Dream) à Fort Worth, avec à son bord le Major Marcel et d'autres officiers. Marcel a pour mission d'apporter personnellement au général Ramey un nouveau lot de débris ramassés sur le ranch Foster. Equipage très galonné, selon le sergent-chef (Ms Sgt) Robert Porter, qui était à bord comme mécanicien de vol. A sa tête, le Lieutenant-colonel Payne Jennings, adjoint du colonel Blanchard (selon l'affidavit de Porter). Porter a eu en main des paquets de vrais débris, d'une surprenante légèreté. A Roswell, le lieutenant Robert Shirkey a assisté à leur départ.

Arrivé à Fort Worth, le commandant Marcel montre quelques débris au général Ramey, dans son bureau. Celui-ci l'emmène dans la salle des cartes pour qu'il lui montre le lieu précis du crash. Au retour dans son bureau, les débris ne sont plus là.

Pendant ce temps, le colonel DuBose, adjoint de Ramey, réceptionne des débris de ballon météo et de cible radar très abîmés, livrés sans doute par un autre avion car il n'a pas vu Marcel, et va les étaler lui-même dans le bureau de Ramey. Pour lui, ce ne sont que des débris bons à jeter, selon ses entretiens avec des enquêteurs.

Avant même l'arrivée des vrais et faux débris, le général Ramey, répondant à des journalistes, commence déjà à dire, en début d'après-midi, que c'est une confusion avec un ballon. Il annonce aux journalistes que le vol prévu vers la base de Wright Field (Ohio), pour examen des débris, est annulé. Mais un télex du FBI, à 16 h17 CST (qui sera rendu public sur demande FOIA), indique que non.

La célèbre conférence de presse au ballon météo a lieu vers 16 h 30 (CST).

Le reporter photographe John Bond Johnson prend en photo Ramey et DuBose devant les débris étalés, qui seront publiées le lendemain. D'autres photos sont prises de Marcel, également devant des débris de ballon.

L'adjudant Irving Newton, responsable météo convoqué au bureau de Ramey, identifie immédiatement ballon et cible radar, et est congédié. Sur ordre de Ramey, Marcel a assisté à la séance sans rien dire, contrairement à ce que racontera plus tard Newton, devenu un important témoin pour la thèse militaire des ballons.

Le lendemain, le démenti de Fort Worth est publié en première page dans tous les journaux, et l'incident est clos pour trente ans. Mais à Roswell, et ailleurs, les opérations continuent.

Le démenti à Roswell

A Roswell, en début d'après-midi, de nombreux appels continuent à arriver de partout, mais le colonel Blanchard est injoignable. On dit qu'il est parti en congé ! En fait il est allé visiter les sites, selon le lieutenant-colonel Joe Briley. Les jours suivants, Blanchard se serait fait installer un bureau provisoire, à l'écart sur la base.

Le mardi après-midi, arrivée à Roswell des journalistes Robin Adair et Jason Kellahin, de l'Associatd Press. Témoignages contradictoires : Adair, venant d'El Paso par avion sur ordre urgent de l'AP à Washington, survole deux sites par avion. Des militaires en armes leur font signe de s'écarter. On montre à Kellahin, venu en voiture d'Albuquerque, des débris de ballons, près de la route 285. C'est manifestement une petite mise en scène arrangée spécialement pour lui.

Nouvel entretien de Brazel le soir, aux deux journaux et aux deux radios, cette fois sous escorte militaire (témoignage de Paul McEvoy, éditeur du Record). Maintenant, Brazel dit qu'il a trouvé des débris de ballon le 14 juin, au lieu de début juillet. Sa femme Margaret, sa fille Bessie et son fils Vernon étaient avec lui. Brazel raconte maintenant qu'il avait trouvé en fait 5 livres de ballons. Mais alors, pourquoi s'est-il donné la peine de faire le voyage à Roswell ?

Photo de Brazel par Adair, publiée le lendemain avec son témoignage modifié et le démenti de Fort Worth (article « Harassed rancher »…).

Plusieurs témoins voient Brazel déambuler dans les rues de Roswell sous escorte militaire: Floyd Proctor, Lyman Strickland, Leonard « Pete » Porter, Bill Jenkins, et L. D. Sparks. Brazel semble ne pas les voir.

Second entretien de Brazel avec le journaliste Frank Joyce. Joyce lui fait remarquer qu'il a changé son histoire. Commentaire final de Brazel, très mal à l'aise, au moment de partir : « ils ne sont pas verts ! » Brazel est ensuite gardé près d'une semaine à la base, dans la maison d'hôtes (témoignages de sa famille et de ses voisins).

Cependant, des vols spéciaux, non programmés, commencent à arriver à Roswell : de Washington DC, de White Sands (Alamogordo AFB), de Fort Bliss (près d'El Paso), et de Kirtland AFB. On fait venir des équipes de nettoyage en renfort, depuis Fort Bliss et Alamogordo.

Revenons maintenant au film des événements sur les sites et sur l'acheminement des débris, de l'ovni et des cadavres à Roswell, précisé par de nouveaux témoins.

Le mardi 8 matin, séance photo sur le deuxième site

A Washington, le Pentagone, alerté par Roswell et Fort Worth sur la découverte des deux sites, a décidé dès le lundi d'expédier par avion à Roswell une équipe de photographes : le sergent Frederick Benthal et le caporal Al Kirkpatrick, de la Anacostia Naval Air Station à Washington (Benthal avait photographié les tests atomiques de Bikini en 1946). Cet épisode de la séance photographique a été raconté aux enquêteurs par Benthal lui-même, en 1993.

Décollage de Washington vers 10 h, vol en B-25, arrivée à Roswell le lundi soir vers 17 h (MT). Au petit matin, Benthal et Kirkpatrick sont conduits sur le deuxième site. Ils doivent revêtir des tenues de protection. Ils voient des tentes, gardées par des hommes en armes, ainsi qu'un camion frigorifique. Kirkpatrick est envoyé sur un autre site : sans doute le champ de débris, que l'on est en train de boucler. Benthal voit s'affairer un certain nombre de soldats et d'officiers, dont deux commandants dont il ne connait pas les noms : sans doute les Majors Darden et Easley. Benthal doit faire des photos des cadavres, au flash sous la tente, où sont alignés des petits corps sur une toile en caoutchouc. Il remarque une odeur de désinfectant (formaldéhyde).

Les deux photographes sont ramenés le jour même à la base de Roswell. Caméras et films confisqués. Retour le lendemain-matin à Washington, debriefing par le lieutenant-colonel Bibbey, et interdiction de parler. Peu de temps après, Benthal va être envoyé en mission en Antarctique !

Transport des cadavres à la base

Après la séance photo sous la tente, les cadavres du deuxième site sont transportés à la base, sans doute en fin de matinée. Nous connaissons déjà un témoin probable de cette opération : le sergent Melvin Brown (selon sa fille Beverly Bean). Ils sont d'abord installés dans le grand hangar P-3 (qui existe encore aujourd'hui, sous le nom de hangar 84), puis une équipe est chargée de les transporter à l'hôpital de la base.

Voici un nouveau témoignage important, celui du soldat Elias « Eli » Benjamin qui, selon Tom Carey et Donald Schmitt, s'est décidé à parler en 2005. Jusque là, il n'osait pas, de peur de perdre sa pension de retraite militaire.

Finalement, il a parlé publiquement pour la première fois, à l'âge de quatre-vingts ans, lors d'une émission de la chaîne câblée SciFi, qui a été diffusée en novembre 2006 aux Etats-Unis (en 2008 en France).

Eli Benjamin avec Richard Dolan et Lisa van Camp, au hangar P-3 (SciFi Channel)

Un matin de juillet, Eli Benjamin vient de terminer une garde de nuit, quand il reçoit l'ordre de rester en alerte pour une mission spéciale. Il remarque une activité importante et inhabituelle autour de quartier général de la base : c'est sans doute la fameuse réunion du mardi-matin. Dans l'après-midi, il reçoit l'ordre d'aller au hangar P-3. Lorsqu'il arrive au hangar, il découvre que l'officier qui lui avait dit de prendre ce poste est en proie à une grande agitation, et est contraint au silence par des MP : Il a craqué en voyant les cadavres dans le hangar ! Ceux-ci sont disposés sur des lits à roulettes (gurneys), trois ou quatre, croit-il se rappeler, et recouverts de draps. Benjamin est alors chargé, par un autre officier arrivé sur les lieux, d'escorter le transport de ces corps à l'hôpital de la base, dans une ambulance. Selon Benjamin, l'un d'eux semble se mouvoir. Le drap a glissé et il a aperçu un visage grisâtre, une large tête sans cheveux qui n'était pas humaine. Devant la caméra de SciFi Channel, Benjamin imite le mouvement de sa tête se penchant sur le côté, comme s'il était mourant.

Lorsque Benjamin arrive à l'hôpital, plusieurs médecins, et des officiers, sont là, attendant les corps. Ils enlèvent les draps, ce qui permet à Benjamin de les apercevoir furtivement. Il remarque que les médecins sont comme fascinés, immobiles, autour des cadavres. De mémoire, Benjamin fait la description d'un petit corps, avec une grosse tête en forme d'œuf, des yeux allongés, une bouche mince comme une fente, et deux trous à la place du nez.

La tête de l'alien selon Eli Benjamin (dessin de Don Schmitt)

Benjamin remarque aussi une très forte odeur de cadavres décomposés. Or cette odeur ne provient pas des corps qu'il vient d'acheminer. Ce détail suggère que les cadavres très abîmés du troisième site étaient déjà là, et semble confirmer le récit qu'une infirmière aurait fait à Glenn Dennis d'une tentative d'autopsie à laquelle elle aurait dû participer.

Un nouveau témoignage à l'hôpital

A l'hôpital, Miriam « Andrea » Bush, âgée de vingt-sept ans, était la secrétaire de l'administrateur de l'hôpital, le lieutenant-colonel Harold Warne. Selon son frère George et sa sœur Jean, elle est revenue un soir en état de choc. Elle a fini par dire qu'il y avait à l'hôpital du personnel médical qu'elle ne connaissait pas. Warne l'avait emmenée dans une pièce d'examen où elle avait vu plusieurs corps, petits comme des enfants. L'un d'eux était vivant. Leur peau était grisâtre ou tirant vers le brun, et ils avaient une grande tête et de grands yeux. Le lendemain, elle a déclaré que personne ne devait plus rien dire sur cette histoire. La famille a eu l'impression qu'elle avait été sévèrement menacée. Selon eux, l'événement l'avait tellement perturbée qu'il a gâché sa vie. Elle est morte en 1989 dans des circonstances suspectes, avec des traces de coups sur les bras, mais il a été conclu au suicide, en s'étouffant avec un sac en plastique noué autour de sa tête… Sa belle-sœur Pat Bush a témoigné publiquement (la vidéo a été publiée sur le site SciFi). Elle ne croit pas du tout au suicide, et est convaincue que Miriam avait été menacée.

Pat Bush, belle-sœur de Miriam Bush (SciFi Channel)

Rappelons le témoignage de l'ancien employé de pompes funèbres Glenn Dennis. Il a raconté qu'il avait été appelé par la base pour savoir s'ils disposaient de petits cercueils, hermétiques, et comment faire pour embaumer des corps. Il aurait ensuite rencontré une infirmière à l'hôpital qui lui dit avoir participé à une séance d'autopsie, interrompue à cause de l'odeur insupportable des cadavres. Son témoignage est aujourd'hui mis en doute car il a caché le nom de l'infirmière en donnant de faux noms, mais il l'aurait fait pour la protéger. L'avenir dira peut-être si ce témoignage est quand même véridique.

Les corps sont ensuite amenés dans une chambre froide, située à mi-chemin entre le hangar et l'hôpital (ceci a été confirmé récemment à Carey et Schmitt par une personne qui y a travaillé dans les années 90, et a entendu parler de l'événement de 1947). Puis, ils sont ramenés dans le hangar P3 pour la nuit, où l'on a préparé un local à cet effet, et où l'on a fabriqué des caisses spéciales en bois pour leur transport le lendemain. Il s'agit là des corps du deuxième site, ramenés à Roswell en début d'après-midi. Les corps très abîmés du troisième site sont traités à part, comme on va le voir plus loin.

Mardi-soir : préparatifs pour le transport des corps du deuxième site.

Il y a plusieurs témoignages crédibles de soldats qui ont dû garder le hangar P-3 pendant la nuit de mardi à mercredi, et préparer des caisses pour le transport le lendemain. Certains soldats sont postés pour garder le hangar la nuit. Certains ont vu les cadavres. Parmi eux, le sergent Melvin Brown (selon sa fille Beverly Bean) est l'un des plus anciens témoins connus.

Il y a aussi le soldat Francis Cassidy qui a dit à sa femme, Sarah Mounce, qu'il avait vu les corps à l'intérieur. Autre témoin : selon sa veuve Wanda Lida, le caporal Robert J. Lida lui a dit qu'il avait gardé le hangar et observé à l'intérieur l'épave et de petits corps, que l'on préparait pour être expédiés. Ce sont encore le sergent Robert Smith et d'autres membres de la First Air Transport Unit (1st ATU) qui ont participé aux préparatifs.

Le lendemain, probablement, a eu lieu le chargement et le transport de ces corps, directement vers la base de Wright Field, à bord d'un quadrimoteur C-54 (Douglas DC-4 en version civile). Cet avion a été piloté par le capitaine Olivier « Pappy » Henderson (selon les témoignages de sa veuve Sapho Henderson, et de sa fille Mary Kathryn Groode).

Chargement et transport des cadavres du troisième site

Les cadavres du troisième site, que l'on a rapidement renoncé à autopsier à l'hôpital à cause de leur odeur très forte, sont entreposés pour la nuit dans une tente, placée à l'extrémité de la base, le plus à l'écart possible des bâtiments, et non loin des puits de chargement (« bomb pits ») des bombardiers B-29 pour les bombes atomiques, en vue de leur transport dès le lendemain-matin. Les encombrants cadavres, à évacuer au plus vite, ont peut-être transité eux aussi par la chambre froide, où on les a mis dans de la glace et dans des housses étanches, puis on les a installés dans une grande caisse en bois. Au cours de la nuit, cette caisse est placée dans le puits de chargement No 1, et est chargée dans la soute du B-29 « Straight Flush ».

Deux soldats ont raconté comment ils avaient gardé l'avion pendant qu'on le chargeait sur le bomb pit. L'un d'eux a décrit comment le puits avait été entouré de deux toiles pour empêcher quiconque de voir à l'intérieur. Il avait dû monter la garde en aveugle entre les deux toiles (ces témoignages, qui se recoupent bien, sont détaillés dans Le Crash de Roswell).

Le compte-rendu le plus intéressant, peut-être, sur le chargement du B-29 est celui de du capitaine Meyers Wahnee, selon sa fille Blanche Wahnee. Son père avait révélé à sa famille que l'incident de Roswell était véridique, dans la dernière année de sa vie. Officier de sécurité de haut niveau, il était venu à Roswell par avion de Fort Simmons, au Colorado, pour superviser le transport d'un « élément top secret », de Roswell à Fort Worth par un vol spécial de B-29. L'élément était une unique, grande caisse en bois, que Wahnee devait accompagner comme garde de sécurité dans le puits de chargement. Il dit qu'il contenait les corps d'aliens trouvés près de Roswell. Comme plusieurs autres témoins dans le livre, il a précisé qu'il y avait trois sites de crash.

Nous allons voir comment toute une série de témoins, dont certains sont nouveaux, ont décrit ce transport des corps par B-29 le lendemain mercredi, vers le quartier général de Fort Worth, au Texas. Mais, pour respecter la chronologie, plaçons d'abord ici l'épisode du transport de l'ovni à la base, le mardi après-midi, pour lequel il y a aussi de nouveaux témoins.

Chargement et transport à Roswell de l'ovni du deuxième site

Le mardi 8, pendant qu'est mis en scène à Fort Worth le démenti public au ballon, les opérations de récupération continuent sur les sites et sur la base de Roswell. Dès 5 h du matin, le sergent Earl Fulford voit son ami, le sergent George Houck, quitter la base au volant d'un camion avec une longue remorque. L'après-midi, vers 16 h, alors qu'il quitte son travail, il le voit revenir avec un chargement bâché sur la remorque, qui semble avoir la forme d'une Wolkswagen. Fulford lui a demandé ce qu'il transportait, mais Houck a toujours refusé de lui en parler.

L'ancien sergent Earl Fulford, invité à CNN

Le soldat Rolland Menagh a participé au chargement de l'ovni sur un camion remorque à 18 roues, recouvert d'une bâche. Il a escorté en Jeep le retour du convoi à Roswell, où l'engin a été déposé dans un hangar. Des témoins, en ville, voient passer le camion 18 roues, bâché, sous escorte armée. Ces divers témoignages indiquent bien que l'appareil a été rapatrié au hangar P-3 en fin d'après-midi.

C'est sans doute le lendemain mercredi que le capitaine Sheridan Cavitt est allé visiter le deuxième site, accompagné de son assistant, le sergent-chef Lewis Rickett. Celui-ci a raconté la visite, à trois quarts d'heure de route au nord de Roswell. Il n'a pas vu l'ovni, mais il y avait encore quelques débris au sol. Il en a ramassé un qui était légèrement incurvé et très léger, mais impossible à plier.

Un témoin surprenant : le gouverneur adjoint Montoya.

Il faut signaler ici un épisode curieux, mais qui semble confirmé selon les enquêteurs, après de nombreux entretiens avec des témoins. Ce serait la visite sur la base du jeune gouverneur adjoint du Nouveau-Mexique, Joseph Montoya, un Américain « hispanique ». Celui-ci aurait vu les cadavres, qui venaient d'être transportés dans le grand hangar P-3. Kevin Randle et Donald Schmitt en avaient déjà parlé dans leur second livre, paru en 1994. Tom Carey et Donald Schmitt ont repris et développé cet épisode étonnant dans leur livre de 2007, sur la base d'une série d'entretiens qu'ils ont réussi à avoir avec des témoins, proches de Montoya, notamment Ruben Anaya, qui avaient été impliqués dans l'incident. Cet épisode pose quand même quelques questions qui sont discutées dans Le crash de Roswell).

Selon Ruben Anaya, le gouverneur adjoint Montoya était allé au hangar P-3 pour serrer la main à de jeunes soutiens politiques (les « montoyistas »). Il se trouve qu'il est entré dans le hangar juste après que des véhicules militaires y avaient apporté les cadavres et un premier chargement de débris, que des techniciens et des médecins commençaient juste à examiner.

Il pouvait difficilement tomber plus mal, et il fut littéralement saisi de panique. C'est alors qu'il a appelé Ruben Anaya pour venir d'urgence le sortir de là en voiture. Anaya était bien connu à la base et a pu y entrer sans difficulté, puis en ressortir avec Montoya, celui-ci en état de choc. Après avoir absorbé des remontants chez les deux frères Anaya, il a pu leur raconter ce qu'il avait vu : des corps allongés sur des tables « qui n'étaient pas humains ! ». L'un d'eux était encore vivant car il l'a entendu gémir. Incidemment, il y a une scène analogue, fameuse, dans le film Roswell (avec l'acteur Martin Sheen), dont le directeur exécutif Paul Davids connait très bien les enquêtes sur Roswell, et a préfacé le livre de Carey et Schmitt.

Selon Montoya, les « petits hommes » furent embarqués vers l'hôpital juste avant qu'il quitte le hangar. C'est compatible avec le témoignage d'Eli Benjamin qui avait dû opérer ce transfert, sans doute dans l'après-midi. D'autre part, Montoya n'avait pas vu l'appareil dans le hangar, seulement des débris. C'est compatible également les témoignages, déjà cités, selon lesquels l'appareil aurait été acheminé à la base en fin d'après-midi.

Incidemment, c'est alors que le colonel Blanchard, revenu à la base après sa visite du terrain, aurait fait une visite au hangar, flanqué de son fidèle lieutenant Haut, lequel a eu ainsi l'occasion de voir, brièvement, l'engin et des cadavres.

On voit que les divers témoignages s'enchaînent et s'emboîtent, tels les morceaux d'un puzzle compliqué, de manière plausible.

Mercredi 9 et jours suivants

Le deuxième vol de B-29 vers Fort Worth

C'est le mercredi 9 juillet, vers 16 h, que décolle le bombardier B-29 Straight Flush, avec la grande caisse en soute, en direction du quartier-général de Fort Worth, au Texas. L'appareil est piloté par le capitaine Frederick Ewing, et c'est un vol sous haute protection, avec des gardes armés dans la soute : le vol aller se fait à basse altitude (4 à 5 000 pieds, soit 1 300 à 1 600 m), alors que le retour à Roswell se fera à l'altitude de vol normale (25 000 pieds, soit 8 300 m, la cabine étant pressurisée). Le Major Marcel est sur le vol de retour. Le plus ancien témoignage recueilli par les enquêteurs est celui du sergent Robert Slusher, membre de l'équipage, qui l'a décrit avec précision dans son affidavit du 23 mai 1993. D'autres témoins plus récents, membres eux aussi de l'équipage, sont le sergent Arthur Osepchook et le soldat Lloyd Thompson.

L'ancien sergent Robert Slusher (SciFi Channel)

Les récits des deux autres témoins de ce vol, le sergent Arthur Osepchook et le soldat Lloyd Thompson, corroborent bien celui de Robert Slusher, avec quelques détails révélateurs sur la nature exceptionnelle de ce transport de haute sécurité. Le sergent Osepchook était certain, comme les autres hommes, qu'il y avait quelque chose de très important dans cette caisse. Un aspect intéressant de son témoignage est qu'ils ils furent « débriefés » à leur retour à Roswell. On leur dit qu'il n'existait pas de « soucoupes volantes », et qu'il n'y avait pas eu de crash de l'une d'elles. Encore une fois, que de précautions pour une grappe de ballons ! Autre détail : Lloyd Thompson se souvient qu'avait participé au vol un médecin de la base, qu'il a reconnu car l'avait soigné la semaine précédente. Bizarre aussi, ce médecin embarqué pour un simple aller et retour à Fort Worth...

A l'arrivée à Fort Worth, un groupe de gens attendait l'avion sur le tarmac. L'équipage a entendu dans l'intercom le lieutenant Felix Martucci dire qu'il reconnaissait parmi eux un ancien camarade d'école, devenu entrepreneur de pompes funèbres (mortician), mais le capitaine Ewing lui a ordonné aussitôt de se taire ! Au retour à Roswell, le même Martucci a sans doute gaffé une seconde fois en s'exclamant : « Les gars, nous venons de faire l'histoire ! » (« Boys, we just made history ! »). Incidemment, Tom Carey et Donald Schmitt racontent qu'ils ont réussi à joindre Martucci au téléphone mais que, dès qu'ils ont abordé ce vol « historique », il a répliqué immédiatement qu'il ne savait rien et leur a raccroché au nez. Ils ont bien essayé de le rappeler un peu plus tard, mais il avait changé de numéro. Il n'est pas inconcevable qu'il ait écopé d'un sérieux avertissement à l'époque.

Transports de débris par plusieurs avions C-54, les jours suivants

Nous retrouvons ici le sergent Earl Fulford qui raconte qu'il a été réveillé à 2 h du matin (vraisemblablement dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10) et a reçu l'ordre d'aller au hangar P-3. Il était aussi opérateur de chariot élévateur, et c'est pourquoi on l'avait ainsi mobilisé. C'est aussi, peut-être, parce qu'il avait une habilitation au niveau « top-secret » : on préférait utiliser des hommes de confiance, et en nombre limité autant que possible. Il a dû charger une caisse en bois, de 7 pieds carrés, dans un avion C-54. Elle pouvait être manipulée comme si ce qu'il y avait dedans était très léger.

Il y a eu d'autres chargements et d'autres vols : selon Robert Smith (affidavit), il y a eu trois ou quatre vols de quadrimoteurs C-54. Il confirme un vol vers la base de Wright par le capitaine Henderson (il a vu son équipage), déjà évoqué plus haut. Selon ses proches, celui-ci avait transporté des corps, probablement ceux du deuxième site. Ces transports ont eu, selon les témoins, plusieurs destinations : White Sands, et Kirtland, puis Los Alamos par la route. Cette destination de Los Alamos a été révélée par un cousin de Robert Smith, membre des services secrets, Raymond de Vinney. L'envoi de débris pour étude à White Sands et à Los Alamos est logique. Ce sont des centres de recherche avancée de l'époque, pour les fusées et les bombes atomiques. Selon certains, des personnalités éminentes, comme Robert Oppenheimer pour le nucléaire, Von Braun pour l'espace, auraient été consultées. On a parlé aussi d'un transport à Washington : selon les témoignages du lieutenant-colonel Joe Briley et du sergent Lewis Rickett, un avion venu de Washington le mardi 8, avec à son bord du personnel du contre-espionnage (CIC, Counterintelligence Corps), était reparti le jour même avec un chargement de débris.

Le nettoyage des sites au cours des jours suivants

Au cours de jours suivants, les militaires de Roswell, aidés de renforts venus d'autres bases, notamment de Fort Bliss, situé plus au sud, près du Mexique, ont procédé à un ratissage à fond des sites. Le sergent Earl Fulford a aussi raconté que, le mercredi 9, il « avait été porté volontaire » pour faire partie d'une équipe de quinze à vingt hommes qui furent conduits sur le champ de débris de Brazel pour finir de nettoyer le site. On les avait dotés de sacs de toile et on leur avait ordonné de ramasser tout ce qui « n'était pas naturel ». Il a décrit une zone qui s'étendait sur des centaines de mètres et qui était, comme l'ont dit d'autres témoins, encerclée par des MP. Manifestement, le terrain avait déjà été nettoyé, car il ne restait pas grand chose, et l'on pouvait voir des traces de pneus de gros camions qui avaient dû servir à embarquer des choses. Il a trouvé seulement sept morceaux, et il a décrit, comme tant d'autres témoins, des feuilles « à mémoire de forme » (« memory foil ») qui reprenaient leur forme initiale après avoir été pliées.

Rappelons ici l'inspection, en septembre, de la région de Roswell par le professeur Lincoln LaPaz, assisté de Lewis Rickett, (voir le chapitre 2 du livre). LaPaz découvre une zone de terrain vitrifiée, à 5 milles au nord-ouest du champ de débris. Il confirmera plus tard à Rickett son opinion qu'il y a eu chute d'un engin extraterrestre. Il y aurait eu ainsi quatre sites plus ou moins alignés, du nord-ouest au sud-est : la zone vitrifiée (premier impact au sol ?) ; le champ de débris 5 milles plus loin (explosion d'une coque externe ?), le site des cadavres à 2 milles et demi du champ (une capsule de sauvetage ?) ; le site d'impact avec ovni et autres cadavres, à environ 20 milles plus loin.

Que s'est-il vraiment passé à Roswell ? Risquons ici un commentaire prudent sur toute l'affaire : nous sommes confrontés, manifestement, à une histoire complexe. En dépit de tous les témoignages accumulés, on voit qu'il y a encore des zones d'ombre et des inconnues. Mais ce n'est pas une raison pour tout mettre en doute. Beaucoup de pièces du puzzle sont déjà bien assemblées.

Témoins menacés, habitants surveillés

Les militaires ont également procédé la récupération du moindre débris ramassé par les habitants. Les maisons sont fouillées, saccagées, et les habitants sont menacés, même les enfants, selon le témoignage du photographe de Roswell, Jack Rodden. L'un des éleveurs de la région lui a raconté que ses trois enfants étaient rentrés de promenade très traumatisés, et avaient refusé de dire ce qu'ils avaient vu. Rodden a ensuite appris qu'ils en avaient vu trop, et que les militaires les avaient menacés et effrayés. D'autres parents ont raconté la même chose.

A Roswell même, Nous connaissons déjà le témoignage des filles du pompier Dan Dwyer, Frankie Rowe et Helen Cahill, sur des menaces de mort faites à leur famille. Nous connaissons aussi celui de Barbara Dugger, la petite fille du shérif George Wilcox, à qui sa grand-mère Inez avait révélé, peu de temps avant sa mort, les menaces de mort faites à son mari et à elle-même. Or, le cas du shérif fut peut-être encore pire, si l'on en croit les frères Anaya, évoqués plus haut comme témoins de l'expérience traumatisante de Joseph Montoya. Ils avaient eu la visite du shérif Wilcox, qui avait mission de mettre en garde et menacer les témoins. Ainsi, Wilcox aurait été forcé par les militaires de jouer ce pénible rôle, avant d'être menacé à son tour ! Ceci explique pourquoi cette histoire l'avait moralement brisé, selon les confidences d'Inez Wilcox à Barbara Dugger, et aussi l'un de ses adjoints, au point qu'il avait renoncé à sa carrière de shérif.

Les jours suivants, au ranch Foster

Les deux fils de Brazel, Bill et Paul, ont vu sa photo et le démenti dans les journaux. Comprenant que leur père a des problèmes, Ils accourent au ranch pour s'occuper des bêtes, chevaux et moutons. Paul, rancher au Texas, arrive le premier, mais les militaires sont encore là et il est refoulé, à plusieurs reprises. Il refusera totalement de témoigner par la suite. Le second, Bill, qui vit à Albuquerque, arrive juste après leur départ, avec sa femme Shirley, et ils peuvent s'occuper des bêtes. Brazel, à son retour, amer et humilié, refusera de parler à ses proches. Cependant, selon des témoins, il va avoir de quoi quitter le ranch et s'établir peu après à son compte.

Les habitants de la région ont continué à être surveillés et à être visités pendant des années. De fait, quelques-uns avaient gardé des débris. Bill Brazel va raconter, à Corona en 1949, qu'il a récolté quelques débris. Peu après, il a la visite d'un certain capitaine Armstrong, accompagné de trois soldats, qui demande et obtient les débris. Ils fouillent la maison et la mettent sans dessus-dessous.

Selon un rancher de la région, L. D. Sparks, juste quelques années après l'incident, un voisin de Brazel, Dan Richards, lui avait montré un morceau de feuille métallique. Il l'avait jeté en l'air et ils avaient tiré dessus, mais sans arriver à l'endommager. On pouvait la replier mais elle reprenait ensuite sa forme originale : encore un témoin des feuilles infroissables, à mémoire de forme ! On verra, au chapitre 2 du Crash de Roswell, comment Brazel lui-même avait fait un jour cet exercice avec des amis chasseurs.

Malgré cet effort considérable des militaires pour récupérer tous les débris qui avaient pu être ramassés sur le ranch Foster et aux alentours (certains débris, les plus légers, avaient sans doute été dispersés à la ronde par le vent), il n'est pas impossible que des habitants aient réussi à en conserver quelques-uns. Tom Carey a dit à l'émission de CNN, Larry King Live du 4 juillet 2008, qu'il avait peut-être une piste pour en retrouver un !

Un témoignage nouveau à Wright Field

L'un des témoignages nouveaux les plus intéressants vient des quatre fils du lieutenant- colonel Mario M. Magruder, un pilote émérite de l'aéronavale de la deuxième guerre mondiale, dans le Pacifique. Selon eux, il a confessé sur son lit de mort qu'il avait vu l'épave du crash, et un alien vivant au terrain de Wright (Wright Field, renommé plus tard Wright-Patterson AFB) deux semaines après l'incident, dans la seconde moitié de juillet 1947. Il venait juste d'intégrer au Collège de Guerre aérienne (Air War College), dans l'Alabama, que suivaient des officiers d'élite, considérés comme de futurs leaders par les différents services. Ils furent emmenés par avion à Wright Field pour donner leur opinion sur une affaire urgente. On leur apprit alors la découverte d'un engin extraterrestre qui s'était écrasé près de Roswell. On leur fit examiner l'épave, et on les introduisit ensuite dans une autre salle où se trouvait un alien survivant !

Mike Magruder a dit que son père avait décrit la « créature » comme ayant moins de cinq pieds (1,50 m) de haut, « d'apparence humaine » mais avec des bras plus longs, des yeux plus grands, et une tête surdimensionnée, dépourvue de cheveux. Il avait une fente à la place de la bouche, et deux trous sans appendices pour le nez et les oreilles – la description classique du « Gris »… Il n'y avait pas de doute dans son esprit qu'il « venait d'une autre planète ». Et il a dit à ses fils qu'il avait vécu là le plus grand choc de sa vie. Ce récit, s'il est véridique, nous donne à réfléchir à ce problème que l'on ne cesse d'évoquer, à juste titre, celui de la levée du secret. Que se passerait-il si toute cette histoire de Roswell, et de ses suites, venait à être révélée de manière irréfutable ? Cela ferait sans doute plus que quelques gros titres dans les journaux.

___________________________

Publié sur http://bourdais.blogspot.com/

Reproduction libre en citant cette source.

___________________________

__________________________