jeudi 1 octobre 2009

Varginha Seconde partie D'importants témoignages médicaux



Gildas Bourdais, 2005, mise à jour en septembre 2009



L’affaire de Varginha comprend trois aspects médicaux importants : l’opération d’urgence d’un être blessé, à l’hôpital Régional le soir du samedi 20 janvier ; la mort rapide du jeune policier Eli Chereze, après la « capture » d’un être dans le quartier de Jardim Andere. Ces deux épisodes reposent sur des témoignages médicaux crédibles. Le troisième dossier est celui des rumeurs, et des dénégations, concernant une autopsie réalisée à l’université de Campinas.


Opération de l’être blessé, à l’hôpital Régional

Les enquêteurs ont recueilli plusieurs témoignages de personnels médicaux, à l’hôpital Régional et à l’hôpital Humanitas. Le principal est celui d’un médecin qui a révélé, bien entendu anonymement, qu’il avait dû opérer d’urgence, à la demande et sous le contrôle des militaires, l’être blessé amené le samedi-soir à l’hôpital Régional. Jusqu’en 2003, il avait été fait seulement allusion, discrètement, à l’existence de ce témoin, qui craignait beaucoup que son identité soit dévoilée publiquement. Cependant, lorsque le Dr Leir a été reçu à Varginha par Ubirajara Rodrigues en mars 2003, ils ont eu la surprise que le médecin accepte de les rencontrer. Celui-ci leur a raconté comment, le soir du 20 janvier, il avait été requis par des militaires qui se trouvaient à l’hôpital pour opérer d’urgence une fracture multiple et ouverte à une jambe. Il avait cru d’abord qu’il s’agissait d’un soldat accidenté, mais lorsqu’il se trouva devant le corps, déjà préparé sur la table d’opération, il eut le choc de découvrir une créature non humaine. Il en a donné la description la plus précise que l’on possède à ce jour, et elle correspond parfaitement à celles des autres témoins.




Un dessin de l’être de Varginha


Sa taille était d’environ 1,50 m, il avait une peau brune, d’apparence « réticulée » et huileuse mais lisse et sèche au toucher. La tête était volumineuse, surmontée de trois arêtes osseuses parallèles, et sans aucun cheveu. Les yeux étaient grands, de couleur rouge et légèrement relevés sur les côtés extérieurs. Ils semblaient aussi brillants et humides. Ses mains avaient quatre doigts longs et flexibles, sans pouce mais chaque doigt pouvait s’articuler avec les autres. Les pieds avaient trois doigts principaux à l’avant, complétés d’une sorte d’appendice préhensile à l’arrière, muni d’une griffe et rabattu vers le bas au repos. En fait, la disposition des doigts de pied correspondait bien aux empreintes de pied remarquées par les trois jeunes filles et leur mère dans le terrain vague de Jardim Andere. Le médecin a aussi donné quelques indications sur l’anatomie interne et la physiologie, bien qu’il n’ait pas eu vraiment le temps de les étudier, pressé qu’il était par les militaires de terminer l’opération au plus vite. Ses os comportaient des cavités comme s’ils souffraient d’ostéoporose, mais semblaient pourtant très solides. La plaie et les tissus superficiels se refermèrent avec une rapidité étonnante, en 24 heures, ce qui explique son transfert si rapide vers l’autre hôpital. Le sang était de couleur et de consistance semblable au nôtre, mais avec beaucoup plus de plaquettes, à l’examen au microscope. Il coagulait presque instantanément. Il avait une série de vaisseaux sanguins saillants sous la peau de ses épaules, un peu comme nos varices.

Enfin, après beaucoup d’hésitation, le médecin fit la révélation la plus extraordinaire : il aurait eu une sorte de communication très intense avec cet être en le regardant dans les yeux, comme le raconte Roger Leir dans son livre. Il faut signaler, cependant, que Ubirajara Rodrigues, qui assistait à l’entretien, a fait de fortes réserves sur cet aspect de son témoignage. J’en ai discuté, en octobre 2005 lors d’un symposium du CUN en Italie (à Cozensa, en Calabre) avec Roger Leir et l’ufologue A.-J. Geveard, qui soutenait Ubirajara Rodrigues bien qu’il n’ait pas été présent à cette rencontre avec le médecin. Les deux hommes, qui sont amis, sont retournés voir le médecin à Varginha pour tenter de clarifier cela. Celui-ci les a reçus après une longue attente, chaleureusement mais en leur faisant comprendre qu’il ne dirait plus rien. Roger Leir, que j’ai revu encore en juillet 2007, m’a raconté le mot de Gevaerd en repartant : « maintenant il vaut mieux le laisser tranquille car cela pourrait devenir dangereux pour lui ! ». A.-J. Gevaerd m’a confirmé tout cela et m’a même envoyé une photo de leur rencontre.


La mort du jeune policier Eli Chereze

L'un des faits les plus graves du "Cas Varginha" a été la mort très rapide par infection généralisée, le 15 février 1996, de l’un des deux policiers qui avaient capturé la seconde créature dans la soirée du 20 janvier. Il est donc mort trois semaines seulement après l’événement, et l’on pouvait craindre qu’il ait été contaminé lors de la capture. Les enquêteurs en avaient vite entendu parler par un témoin, mais un épais secret semblait entourer ce décès. Ubirajara Rodrigues réussit cependant à vérifier auprès de la mairie qu'un policier avait réellement trouvé la mort peu de temps après la capture. Il obtint même une copie du registre des décès, et par celui-ci, parvint à localiser la famille du garçon. Il s’agissait du caporal Marco Eli Chereze, qui avait alors 23 ans, et faisait partie du service secret de la Police Militaire (P2).




Le jeune policier Marco Eli Chereze


Sa famille n’a eu pratiquement aucune information sur les circonstances et la cause du décès, et n’a même pas pu assister à son enterrement. Lui même ne leur avait rien dit sur ce qui s’était passé. Lorsqu’il est tombé malade, les proches du policier, en particulier sa sœur, Marta Antônia Tavares, qui se rendait le plus fréquemment à l'hôpital, ont eu beaucoup de difficultés pour rencontrer le médecin responsable du traitement, et n’ont pu savoir quelle était sa maladie. A sa mort, sa famille a réussi à faire ouvrir une enquête par le commissariat local afin de mettre en évidence d'éventuelles responsabilités médicales de son décès, mais le commissaire de police lui-même n’a pu avoir d’informations et, en particulier, n’a pu assister à l’autopsie. Tout ceci a été confirmé au Dr Leir, qui a pu rencontrer sa jeune épouse, très silencieuse jusque là, lors de sa visite en 2003. C'est seulement un an après l'événement de Varginha, le 20 janvier 1997, la dissimulation des faits ayant été publiquement dénoncée avec insistance, à la fois par les ufologues et par toute la presse, que les choses ont commencé à bouger. Finalement, Ubirajara a réussi à obtenir un long entretien avec l’un des médecins qui avaient tenté de le sauver, le Dr Cesário Lincoln Furtado, qui a révélé en détail, en 2004, les circonstances de sa mort sur le plan médical. Par contre, il a dit ne rien savoir de la capture de la créature, susceptible de l’avoir contaminé, mais son récit renforce beaucoup cette hypothèse. Le voici, très résumé, qui montre à quel point les médecins ont été surpris et désarçonnés par la rapidité de sa mort, malgré des soins intensifs, avec des transferts dans plusieurs services de deux hôpitaux.




Le Dr Cesário Lincoln Furtado


Selon le Dr Furtado, le policier Marco Eli Chereze a été d’abord accueilli dans le département "Prontomed" (service des urgences) de l'hôpital Regional par son collègue Armando Martins Pinto (cardiologue) le 12 février 1996. Il y est entré à cause d'une douleur intense dans la région lombaire. Le Dr Armando l'a dirigé sur l'hôpital Bom Pastor, où il a été rapidement été pris en charge par le docteur René, médecin généraliste et cardiologue, responsable en titre du département de cardiologie, qui a ordonné quelques examens. Le Dr Furtado alors été impliqué lui aussi, étant à cette époque le superviseur (sorte de coordinateur) de la cardiologie à Bom Pastor. Le jour suivant, ils avaient demandé des examens parce que Chereze souffrait toujours de la région lombaire : « Nous avons demandé des analyses d’urine, des radios de la colonne, de la zone lombaire et du sacrum, en plus d'une analyse par l'orthopédiste, parce que la douleur était intense et que nous suspections la présence d'une hernie discale. Le docteur Rogério Ramos s'est chargé de la partie orthopédique de l'état du patient. Il nous indiqua qu'il n'y avait aucune altération et que le problème ne venait pas de là. Il nous dit aussi qu'il nous fallait continuer nos recherches sur la cause des douleurs et sur celle de la fièvre qui commença à apparaître ce même jour. Les examens de sang arrivés dans l'après-midi montrèrent un hémogramme avec une leucocytose, une déviation à gauche et des granulations toxiques dans les neutrophiles. Ceci était un signe d'une importante infection, hautement capable de provoquer un empoisonnement (toxémie) - car il y avait ces granulations toxiques. Nous avons alors procédé à l'administration de deux antibiotiques : de la pénicilline et de la gentamicine, parce que nous avons pensé qu'il pouvait s'agir d'une pneumonie, à cause de la localisation de la douleur, ou encore d'une infection urinaire. Nous avons donc administré des antibiotiques susceptibles de répondre aux deux possibilités. » Son cas fut évalué à nouveau le 13 février : même état. Le jour suivant, le 14 février, il passa la journée avec de la fièvre et des douleurs, mais à un stade acceptable. Cela, jusqu'au 15 au matin où il se réveilla en proie à de la fatigue, à une torpeur et à des signes de cyanose (coloration bleuâtre de la peau due à un manque d'oxygène). Ces symptômes tendaient à confirmer un empoisonnement général véhiculé par le sang, avec une issue possible de septicémie. Il fut alors immédiatement transféré au CTI (traitement intensif) de l'hôpital Regional, où il fut accueilli et mis sous médication. Son état de santé s’est détérioré rapidement et il est mort en quelques heures, bien qu’on lui ait donné des antibiotiques peu après son admission.

Le point principal, insiste le Dr Furtado, est que la cause de la mort – la causa mortis - n’a pas été clarifiée. Quelques jours plus tôt, le garçon était en bonne santé, et au début l’infection semblait relativement simple. Il n’avait jamais eu auparavant de traitement lourd pouvant causer une déficience immunitaire. Et cela ne pouvait pas non plus être congénital car, si cela avait été le cas, il n’aurait pas atteint l’âge de 23 ans en bonne santé. C’est pourquoi nous pouvons affirmer que son immunodéficience a été « acquise », mais nous ne savons pas comment. Sa mort n’a été causée ni par une pneumonie, ni par une infection urinaire, ni par l’abcès. Et le Dr Furtado ajoute : Au début, le diagnostic d’une infection urinaire ou rénale a prévalu à cause de la présence d’une « entérobactérie ». Mais, en moins de vingt jours, trois bactéries ont attaqué le policier. TROIS ! C’est quelque chose de très rare dans le monde. Lorsque Marco a eu une infection pulmonaire, il n’avait déjà plus aucune défense immunitaire. Dans une telle situation, n’importe quelle bactérie peut prendre le contrôle d’une personne. »

Le Dr Furtado, questionné avec insistance par Ubirajara Rodrigues, a fini par admettre ceci : « Ecoutez, il y a cette histoire rapportée par la famille (à propos de la capture d'un être), que je ne connais pas et dont je ne sais rien. Si une histoire a été tissée autour de cet événement, on ne le sait pas. Mais si nous analysons bien la façon dont les choses se sont passées, nous ne trouvons aucune explication rationnelle quant à la mort du garçon. Aurait-il acquis à travers ce contact, ou par une blessure qu'il aurait eue sur la peau, une chose quelconque qui aurait eu raison de sa résistance de façon foudroyante? Parce que cela a été terriblement rapide, vous comprenez ? Je vous garantis qu'aucun abcès ne provoque une immunodéficience. Un abcès peut être la cause d'une septicémie, mais cela ne tue personne. Par ailleurs, n'importe quel antibiotique en vient à bout. Ce ne fut pas le cas. Ce n'est pas la bactérie entrée par le bras qui provoqua l'infection. A Ubirajara qui lui demande alors s’il pouvait-il s’agir d’une bactérie totalement inconnue, Furtado, visiblement embarrassé, répond : « Oui. Bon, si nous parlons de quelque chose de complètement inconnu, il est évident qu'il serait impossible de se risquer à des conjectures. Il n'y a aucune réponse possible. Maintenant, est-ce que quelque chose aurait pénétré à l'intérieur de son organisme, quelque chose d'inconnu également, qui l'aurait privé de son système immunitaire? Ceci est une autre question sans réponse. »

Après encore quelques échanges, Ubirajara finit par poser une question encore plus directe: « Vous êtes en train de me dire que la mort de Marco Eli Chereze fut une mort étrange? ». A quoi Furtado répond : « Une mort étrange et sans explication rationnelle. Au cours de ma vie professionnelle, j'ai déjà vu deux personnes d'environ 25 ans mourir ainsi d'une infection, mais pour toutes les deux nous étions au courant de leur déficience immunitaire. Et toutes les deux, si je me souviens, avaient subi l'ablation de la rate (splénectomie) par suite d'un accident dans le passé. Après un certain délai, cela cause une immunodéficience. Dans cette situation, la personne peut décéder rapidement si elle se trouve dans les conditions d'une septicémie. Mais, une fois encore, là ce ne fut pas le cas. » En bref, il est assez clair que ce médecin, dont la réputation est bien établie, a admis que la mort du jeune policier était complètement incompréhensible sur le plan médical, ce qui en fait un épisode important du mystère de Varginha.


Une autopsie à l’université de Campinas ?

Le premier témoin à avoir parlé d’une autopsie, qui aurait été réalisée très secrètement à l’université de Campinas, dans des locaux en sous-sol, sécurisés, est tout simplement le frère de Vitório Pacaccini, étudiant en médecine dans cette université. Il a dit à Vitório l’avoir appris pas son conseiller, qui a cité le nom d’un médecin légiste réputé, le Dr Badan Palhares. Celui-ci est connu, notamment pour avoir autopsié et identifié le corps du tristement célèbre Dr Mengele, l’ancien tortionnaire nazi réfugié en Amérique du Sud.

Vitório Pacaccini, qui parle très bien l’anglais (j’ai eu plusieurs entretiens avec lui, au congrès de Brasilia en décembre 1997), a raconté cet épisode, et les premiers mois de son enquête, aux ufologues américains et britanniques venus au Brésil à un congrès ufologique, en juin 1996. L’un d’eux, John Carpenter, a filmé l’entretien et a publié la vidéo, intitulée Aliens Captured in Brazil ? J’en ai une copie et je peux dire qu’il reste un document convaincant sur Varginha. Il y a d’autres témoignages, recueillis à Campinas, si bien que nous avons là aussi plusieurs sources, qui se recoupent. L’une d’elles est un étudiant en droit qui avait assisté à une conférence du Dr Palhares sur la médecine légale, à Campinas. Etant au courant de rumeurs sur sa participation à l’autopsie d’une créature capturée à Varginha, il lui avait posé la question. Le Dr Palhares lui répondit qu’il voudrait bien lui en parler mais qu’il ne le pouvait pas, et lui suggéra de revenir lui poser la question dans une dizaine d’années ! Il se trouve justement que, en 2005, le Dr Badan Palhares a accepté d’en débattre, longuement, à la télévision, avec Ubirajara Rodrigues. L’entretien, rapporté en détail dans la revue UFO de A.-J. Gevaerd, a été courtois, mais le Dr Palhares a nié complètement avoir pratiqué une telle autopsie. Pourquoi, alors, en discuter ainsi publiquement ? Dans le but, a-t-il expliqué, de mettre fin à toutes ces rumeurs qui circulent depuis 1996 à son sujet et qui lui empoisonnent la vie. En fait, il semble bien que ce débat, assez insolite, n’ait fait que relancer la rumeur et attiser la curiosité…

L’un des aspects les plus secrets et peu documenté à ce jour, concerne le rôle qu’y auraient joué les Etats-Unis. Les témoins sont rares, mais en voici un, rapporté par Pacaccini. Un officier de l’armée de l’Air , qui travaillait au contrôle du trafic aérien (effectué au Brésil par un organisme mixte, civil et militaire, le CINDACTA), lui a confié que, dès le 13 janvier, le NORAD américain avait détecté un ovni qui avait pénétré dans l’atmosphère terrestre et se dirigeait vers le Brésil en perdant de l’altitude. On aurait même localisé un point de chute possible dans la région de Varginha , ce qui expliquerait la rapidité des interventions militaires. Remarquons que, si cette information est authentique, il s’agit bien de la date du 13 janvier et non du 20, à moins qu’il y ait plusieurs épisodes, dans une histoire plus complexe que nous ne le supposions. Dans le même ordre d’idées, des témoins auraient remarqué des allées et venues d’avions cargos militaires américains dans la région. Voilà que le mystère de Varginha s’épaissit encore ! En revanche, en 2005, l’armée de l’Air brésilienne a commencé à lever un coin du voile sur des observations aériennes d’ovnis, au profit d’un groupe d’ufologues brésiliens. Peut-être obtiendront-ils un jour, également, des révélations sur Varginha ?

mercredi 30 septembre 2009

Varginha. Un crash d'ovni au Brésil - Première partie



Gildas Bourdais, juin 2005, mise à jour en septembre 2009


Un engin extraterrestre s’est-il écrasé, en janvier 1996, près de la ville de Varginha au Brésil, et a-t-il été récupéré en secret, avec ses occupants, par l’armée de ce pays ? C’est bien ce que semblent révéler de nombreux témoignages, civils et militaires, qui ont été recueillis depuis cette date par des enquêteurs capables et motivés. Les premiers, et principaux enquêteurs sur cette affaire incroyable, Ubirajara Rodrigues et Vitório Pacaccini, ont pu recueillir très vite, avec leurs amis dans les quelques semaines suivant l’incident, une série de premiers témoignages concordants. Ils se sont rendu compte que le secret militaire avait été vite imposé aux soldats ayant participé aux opérations, mais « le chat était sorti du sac » et l’armée n’a pu empêcher un certain nombre de témoins de parler, sous couvert de l’anonymat, qui ont été enregistrés, avec des copies de cassettes mises en lieu sûr.



Carte de la région


L’incident de Varginha comporte encore des zones d’ombre et des interrogations, comme on va le voir, mais les enquêteurs ont réuni des témoignages assez solides pour penser qu’il y a bien eu, probablement, un accident d’ovni, avec capture de plusieurs êtres étranges, dans la banlieue de la ville. Extraordinaire découverte ! D’excellents enquêteurs brésiliens ont pu obtenir rapidement des témoignages importants, et l’histoire a bientôt attiré l’attention à l’étranger. Des enquêteurs de plusieurs pays sont venus s’informer sur place, et voir à leur tour les témoins trouvés par leurs collègues brésiliens, ce qui a encore renforcé la crédibilité du dossier. L’un d’eux, le Dr Roger Leir, est un médecin et enquêteur américain. Déjà connu des ufologues brésiliens, il a pu faire sa propre enquête avec leur aide efficace, et il en a tiré un livre de reportage, publié en France au début de l’année sous le titre Des Extraterrestres capturés à Varginha au Brésil (1). C’est un livre recommandable pour les lecteurs souhaitant en savoir plus. Voici le film détaillé des enquêtes, et des événements tels qu’on a pu les reconstituer.

Les premiers témoignages : des sources différentes et concordantes

Le soir du samedi 20 janvier 1996, la ville de Varginha est parcourue de rumeurs sur la découverte d’une étrange créature. C’est l’été, et dans cette ville prospère de 120 000 habitants de l’état de Minas Gerais, les nouvelles circulent vite. Dès le lendemain, l’avocat et ufologue Ubirajara Rodrigues, habitant de la ville et connu pour son sérieux, recueille déjà plusieurs témoignages.



Une rue de Varginha



L'enquêteur Ubirajara Rodrigues


Les premiers lui paraissent fragiles, puis il est appelé par un commerçant, M. Milton, dont l’une des employées connaît trois jeunes filles qui disent avoir vu un être étrange en traversant un terrain vague. Celui-ci les a effrayées au point qu’elles ont pris la fuite, croyant voir le Diable ! Voici ce qu’elles racontent à Ubirajara, qui les a retrouvées rapidement. Il a rencontré la mère de deux des trois filles, Mme Luisa da Silva. Celle-ci, d’abord réticente, a accepté de lui faire rencontrer ses deux fille et leur amie. Katia Xavier, âgée 22 ans, est femme de ménage et elle est accompagnée ce jour là de ses deux amies plus jeunes, les sœurs Liliane da Silva, 16 ans, et Valquiria, 14 ans. Elles sont encore scolarisées mais elle l’ont aidée à préparer un déménagement.



Les trois jeunes filles, Katia, Liliane et Valquiria


Toutes trois reviennent de leur travail, ce samedi 20 janvier vers 15 h 30, dans le quartier de Jardim Andere, pour rentrer chez elles au quartier de Santana, situé juste au nord. Varginha est bâtie sur un terrain vallonné, et ces deux quartiers, situés dans la banlieue est, sont sur des collines séparées par un petit bois et des prés en contrebas. Les trois filles ont l’intention de couper par un raccourci à travers bois, et elles sont en train de traverser un lotissement en friche de Jardim Andere lorsque, soudain, elle aperçoivent un être très bizarre, accroupi au pied d’un mur. "Ce n'était ni un homme, ni un animal - c'était quelque chose de différent", raconte Katia Xavier. Cet être avait la peau brune, d'aspect huileux, avec des membres « comme du caoutchouc ». Sa tête, très grosse, était surmontée par trois protubérances arrondies.



Un dessin de la créature


Alors que les trois filles s’approchaient, la créature a tourné la tête vers elles. Elles ont vu alors deux énormes yeux rouges qui les ont épouvantées, et elles ont pris la fuite en courant. Liliane, la sœur aînée, est restée un instant en arrière pour l’observer. Elle a eu l’impression que la créature était intelligente et en état de détresse. On a dit qu’elles avaient senti une odeur très forte, mais plus tard, notamment lorsque le Dr Leir va les interroger en 2003, elles ne confirmeront pas cela. A part ce détail, elles s’en sont toujours tenues à la même description. Les trois filles arrivent chez elles, très émues, et racontent leur aventure en pleurant à la mère des deux filles. Celle-ci s’arme de courage et va inspecter les lieux avec une voisine, mais l’être étrange n’est plus là. Il reste cependant des traces de pieds bizarres, dans les herbes hautes, au pied du mur.

Ubirajara a été impressionné par la sincérité des trois filles, encore très émues, au bord des larmes lorsqu’il les a rencontrées. D’autres enquêteurs ont eu la même impression. Notamment Roger Leir, et surtout le psychiatre américain John Mack, spécialiste de l’épineux dossier des histoires d’enlèvements, qui a pu lui les interroger en juin 1996, à l’occasion d’un congrès ufologique au Brésil. Après leur avoir parlé, le Dr Mack a déclaré que, si elles étaient des simulatrices, il était prêt à déchirer ses diplômes de médecin ! Mais qu’est-il advenu de cet être étrange qui semble avoir disparu ? Le enquêteurs vont le découvrir grâce à d’autres témoignages qu’ils vont commencer à recueillir rapidement.

Révélations d’une infirmière de l’hôpital Régional

Très vite, des rumeurs orientent l’enquête vers l’un des trois hôpitaux de la ville, l’hôpital Régional. Ubirajara Rodrigues réussit à parler à une infirmière qui, d’abord très réticente, lui raconte ce qu’elle a vu, après être assurée de son anonymat car elle est effrayée. Le dimanche 21 janvier, il y a eu une certaine agitation à l’hôpital. Des médecins sont venus, qui n’étaient pas de la ville. Etaient là également la police militaire et des véhicules militaires. Une partie de l’hôpital était fermée, interdite d’accès, même au personnel. Le lendemain, elle a été convoquée avec d’autres employés dans le bureau du Directeur qui leur a ordonné de ne rien dire de ce qui s’était passé : « c’était juste un exercice d’entraînement pour les médecins et les militaires ». Il les met en garde contre les questions qu’on pourrait leur poser, en particulier l’avocat Rodrigues. « Vous devez tout nier », conclut-il.



L’hôpital Régional


Peu après, Ubirajara reçoit une première confirmation par l’une de ses anciennes élèves (il est aussi professeur à l’université). Celle-ci s’est trouvée avec des amis à la réception de l’hôpital, le dimanche-soir vers 22 h 30, et ils ont demandé à l’employé ce qu’il en était des rumeurs sur le « petit monstre ». Celui-ci a confirmé qu’on l’avait bien amené là, mais qu’on l’avait déjà transporté ailleurs, à l’hôpital Humanitas. Celui-ci, plus petit, se trouve à la sortie de la ville et est plus facile à contrôler. Des témoins habitant près de cet hôpital ont remarqué des mouvements de personnels militaires, à l’entrée latérale. D’autres témoignages, on va le voir, recoupent bien celui-ci, sur le transport du blessé à l’hôpital Humanitas, le soir du dimanche 21 janvier. Disons-le déjà, il s’agissait sans doute de l’être blessé aperçu par les jeunes filles, qui avait été capturé le même soir par deux policiers, non loin de là. Mais poursuivons le fil de cette enquête qui va de surprise en surprise.

Ubirajara décide alors de se renseigner directement, et obtient un entretien avec le commandant Mauricio, de la police militaire. Celui-ci le reçoit courtoisement et déclare ne pas être au courant. Il « va se renseigner » et lui dit de le rappeler. Ce que fait Ubirajara, mais le commandant reste injoignable après des dizaines d’appels téléphoniques. Pourtant, une amie de l’enquêteur travaillant dans la police lui confirme qu’il y a eu beaucoup d’appels de témoins ayant vu le « petit monstre », mais que les policiers n’y ont pas fait attention, croyant que c’était une blague. Ubirajara, intrigué, continue à enquêter, en visitant la brigade des pompiers, à laquelle on fait normalement appel pour capturer des animaux égarés. Le capitaine Alvarenga n’est pas au courant lui non plus. Plus tard, lors d’une émission de télévision sur la station locale de la grande chaîne Globo TV, les pompiers, de même que l’hôpital Régional, vont nier toute participation, au beau milieu d’une émission avec Ubirajara Rodrigues. Or, on ne va pas tarder à découvrir que les pompiers de Varginha ont bien joué un rôle dans cette affaire, grâce au renfort d’un autre enquêteur, lui aussi très efficace, Vitório Pacaccini, venu de Belo Horizonte au début de février, trois semaines après l’événement. Au cours des mois suivants, les deux enquêteurs, travaillant ensemble, vont entendre pas moins de vingt-cinq témoins directs : des civils, des personnels et policiers militaires, des personnels médicaux. Aujourd’hui, leur nombre dépasse la soixantaine. Ils vont aussi apprendre l’identité de presque tous les militaires impliqués. Mais ni eux, ni les autres enquêteurs venus en renfort, comme Claudier Covo, de Saõ Paulo, n’ont encore pu mettre la main sur une preuve irréfutable d’un crash d’ovni à Varginha, telle qu’un débris ou un document militaire le confirmant. On peut dire cependant que c’est l’un des dossiers les plus remarquables dont on dispose aujourd’hui sur un accident d’ovni, comparable par le nombre et la qualité des témoins à celui de Roswell (2). On peut aussi supposer que, étant beaucoup plus récent, il a plus de chances d’être résolu, mais ce n’est pas sûr car l’affaire de Roswell a progressé ces dernières années, alors que ce n’est pas le cas, semble-t-il, pour Varginha. Mais il peut toujours y avoir des surprises…

Des témoins militaires

Vitório Pacaccini habite à Belo Horizonte, la grande ville de l’Etat de Minas Gerais. Toute cette région est prospère, tout comme Pacaccini qui est propriétaire de plantations de café et exportateur. Il est aussi un ufologue bien rôdé aux enquêtes de terrain, comme Ubirajara. Le 11 février, il découvre, avec ses amis, les événements de Varginha dans la presse, et son groupe ufologique, dont il est membre depuis pas moins de 18 ans, lui confie la mission d’aller enquêter sur place. Jouissant d’une assez grande liberté dans son travail, il va pouvoir consacrer beaucoup de temps à cette enquête, qui le passionne très vite. Il se met en rapport avec Ubirajara et il va, au cours des mois suivants, faire de nombreux déplacements de Belo Horizonte à Varginha, mais, comme il a des attaches dans la ville voisine de Três Corações, à 27 km à l’est de Varginha, c’est là qu’il se rend d’abord pour contacter des amis. Grâce à eux, il y trouve presque tout de suite des témoins militaires, car c’est dans cette ville que se trouve un grand établissement militaire, l’ESA, qui est l’école de sous-officiers de l’armée brésilienne (Escola de Sargentos de Armas), très impliquée dans l’affaire de Varginha.

La capture d’un être par les pompiers

Pacaccini rencontre, chez un ami, un premier témoin militaire qui accepte de parler, à condition bien entendu qu’il respecte son anonymat. Selon lui, la brigade des pompiers de Varginha a reçu de nombreux appels, sans doute transmis par la police, dès le samedi 20 janvier de bonne heure, entre 7 h et 8 h, lui demandant de venir capturer ce que l’on croit alors être un animal en liberté. Notons que les pompiers sont, comme en France, des militaires. Le chef de la brigade, le major Maciel, envoie une équipe de quatre pompiers qui arrive sur les lieux vers 10 h. Et devinez quoi : ce terrain est juste à côté de celui où les trois filles vont voir un être étrange dans l’après-midi. Mais, il n’est pas possible que ce soit le même car les pompiers vont en capturer un le matin même. Et ce n’est pas tout : nous allons voir plus loin que l’armée en a trouvé deux autres, toujours dans le même secteur, le même jour ! Mais revenons d’abord à cette première capture par les pompiers.

Une fois sur place, les pompiers trouvent d’abord trois garçons qui s’amusent à lancer des pierres en direction d’un être étrange. Ils les font décamper, et observent cette créature en train de se déplacer avec peine sur l’autre versant d’un petit vallon boisé, au pied duquel passe une ligne de chemin de fer. Leur route est en surplomb et il leur faut descendre une pente assez raide, puis traverser la voie ferrée, pour essayer de la capturer. Ils ont du mal à s’en approcher car elle s’est cachée dans le bois. Mais, finalement, elle se laisse faire. Les pompiers la capturent, non pas au moyen d’un filet comme on l’a cru, mais avec une longue canne munie d’une corde coulissante. Cet instrument sera montré au Dr Leir, quand il leur rendra visite avec Ubirajara en 2003 (à cette date, la consigne du secret se sera beaucoup relâchée…).



Schéma des environs


Le militaire qui a révélé à Pacaccini cette opération des pompiers donne une description de la créature semblable à celle des jeunes filles, avec d’autres détails : elle a de grands pieds avec deux gros doigts en V ; après avoir été capturée, elle va émettre un son curieux, comme un bourdonnement d’abeilles. Les pompiers, une fois remontés sur la route en surplomb, remettent la créature à des militaires, venus eux aussi sur les lieux, qui attendaient avec un camion sur la route en surplomb. Ceux-ci la placent dans une caisse recouverte d’une bâche, la chargent à bord de leur camion et s’en vont rapidement, retournant sans doute à leur base de l’ESA à Três Corações. Le Dr Leir raconte dans son livre, qui apporte beaucoup d’informations nouvelles, que, selon un autre témoin militaire qui l’a raconté à Ubirajara, cet être aurait été maintenu en captivité à l’ESA pendant 24 heures puis transféré en hélicoptère à Brasilia. De là, un avion militaire américain l’aurait embarqué pour les Etats-Unis. Cependant, cette information n’a pu être recoupée. En revanche, il y a d’autres témoins de cet étrange manège des pompiers. Il a été observé par des ouvriers en train de construire une maison, à une centaine de mètres plus loin. L’un de ces témoins est un poseur de briques du nom de Henrique Jose de Souza. Et il y a eu au moins trois autres témoins qui passaient par là. Et pour finir, il y a les pompiers eux-mêmes, ou du moins l’équipe en place en 2003, qui avait changé mais était au courant. Le Dr Leir raconte dans son livre qu’il a pu les rencontrer avec Ubirajara, et qu’ils ont été très bien accueillis !

Un être capturé par deux policiers

Vers 18 h, toujours le 20 janvier, une averse de grêle, brève mais brutale, est tombée sur Varginha, qui a effacé les traces de pas vues pas la mère des jeunes filles dans le terrain vague. En revanche, des témoins ont vu deux policiers en civil, en fait des agents de la police militaire, qui patrouillaient dans le quartier dans une voiture banalisée, arrêter et embarquer une étrange créature qui s’était cachée dans un terrain en construction. On sait maintenant que ce terrain était à seulement deux pâtés de maison du lotissement des jeunes filles, comme Ubirajara l’a montré, sur place, au Dr Leir lorsqu’il a enquêté en 2003. Il y a tout lieu de penser que c’était le même être qui, blessé, n’avait pas pu aller bien loin. On sait que les deux policiers ont d’abord amené la créature à une petite antenne médicale proche, qui les a dirigés vers l’hôpital Régional. L’un d’eux, le jeune Marco Eli Chereze, 23 ans, s’est arrêté à la maison de ses parents, pour changer ses vêtements trempés par la pluie. Il leur a dit de prévenir sa femme qu’il n’allait pas rentrer dîner car il allait travailler toute la nuit. C’est là que l’histoire de Varginha prend un tour dramatique. Chereze va tomber malade quelques jours plus tard, et mourir d’infection foudroyante le 15 février. L’un des témoignages les plus importants est celui du Dr Cesário Lincoln Furtado, qui avait tenté en vain de le soigner. Un autre témoignage médical de première importance est celui d’un membre de l’équipe qui a dû opérer d’urgence la créature, le soir même à l’hôpital Régional, sous étroit contrôle militaire, et dans le plus grand secret. Grâce à Ubirajara Rodrigues, le Dr Leir a pu le rencontrer en 2003 et c’est l’une des révélations majeures qu’il raconte dans son livre. Celui-ci a requis, avant de parler, le respect d’un strict anonymat. Je vais revenir plus loin, dans une seconde partie, sur ces deux témoignages qui renforcent beaucoup toute l’histoire, mais qui, dans le même temps, la rendent plus étrange encore. Car l’une des questions qui se posent, évidemment, est celle de la nature de ces êtres, qui sont quand même de drôles d’astronautes « extraterrestres », déambulant dans les rues d’une petite ville brésilienne, nus et sans armes, et se laissant prendre sans résister. On est loin de l’imagerie classique de science-fiction, avec pistolets laser et moyens sophistiqués de communication !

Deux autres créatures capturées par des militaires

Les enquêteurs vont découvrir un autre épisode qui s’est déroulé, dans le vallon boisé séparant les quartiers de Jardim Andere et de Santana, toujours dans cette journée du samedi 20 janvier. C’est celui de la capture de deux autres créatures dans le même petit bois, cette fois par une patrouille militaire, selon un témoin civil qui a pu les observer. C’est un avocat qui passait par là en faisant son jogging. Il a raconté aux enquêteurs qu’il a vu, entre 13 h 30 et 14 h du même jour, une patrouille de sept soldats armés se déployer dans le vallon, sur le terrain découvert qui se trouve à l’est du petit bois. Deux d’entre eux avaient des fusils automatiques, et les autres des armes de poing. Deux soldats portaient aussi des boîtes, ou valises, en aluminium. Le jogger s’est demandé ce qu’ils faisaient là. Restant prudemment à distance, il les a vus avancer dans la prairie, en formation en V. Ils ont d’abord inspecté un petit bosquet d’arbres juste à côté de la voie ferrée, où ils n’ont apparemment rien trouvé, puis ils se sont dirigés vers le bois. Le témoin s’est éloigné vers le quartier de Santana mais, une minute ou deux plus tard, il a entendu distinctement trois coups de feu. Très intrigué, ils est revenu dans la rue surplombant le bois, où se trouvaient un camion militaire en stationnement et des soldats. A ce moment, quatre soldats sont sortis du bois, portant deux grands sacs. Il lui a semblé que l’un des deux sacs était agité comme s’il contenait une créature vivante. Les soldats ont remonté difficilement la pente avec leur lourd fardeau, les sacs ont été chargés à bord du camion et tout le monde est parti rapidement. Probablement vers la base de l’ESA, comme le camion précédent deux heures plus tôt.



La route et le vallon


Ainsi, nous avons un scénario assez cohérent sur la découverte de plusieurs êtres, le même jour et presque et dans le même quartier : un être capturé par les pompiers le matin du 20 janvier ; deux êtres, par des militaires en début d’après-midi ; un autre être vu par les jeunes filles dans l’après-midi, puis sa capture, probablement, par les deux policiers le soir. Au total, ce seraient quatre êtres qui auraient été capturés le 20 janvier dans ce coin de banlieue de Varginha! Les informations fournies par les témoins se recoupent bien. En particulier pour la description de l’être, qui est pratiquement identique à celle des jeunes filles, et il va en être de même avec d’autres témoins.

Des témoins de transports militaires

Vitório Pacaccini a rencontré d’autres témoins militaires, à Três Corações. L’un d’eux est venu chez lui, à trois heures du matin avec sa femme. Il lui a expliqué le fonctionnement des services secrets, ou « S-2 », impliqués dans cette affaire, qui se déplacent discrètement en civil, roulent dans de vieilles voitures et se fondent dans la population. N’oublions pas que, quelques années plus tôt, le Brésil avait encore un gouvernement militaire. A l’ESA, ils disposent d’un bâtiment très sévèrement gardé. Même les officiers de l’armée régulière n’y ont pas accès. Comme, en plus, l’opération de Varginha a eu lieu pendant le week-end alors que la base était presque vide, ils ont pu entrer et sortir très discrètement.

Un autre témoin militaire lui dit avoir participé directement à une capture, et il cite des noms. Ce témoignage important, recueilli par Pacaccini avec un autre ufologue, Marco Petit, est enregistré sur vidéo. Il en sera de même avec d’autres témoins et des copies des vidéos seront mises en lieu sûr. Des extraits de ces enregistrements figurent dans une cassette intitulée « Rencontres extraterrestres » qui a été publiée en 1998 dans la série « Dossiers OVNI ». Un autre témoin militaire confirme que toute l’opération est restée très secrète, même à l’intérieur de la base. Sur les 3 000 hommes présents sur cette base, pas plus de 2% sont au courant. Pourtant, plusieurs autres témoins ont parlé. Deux d’entre eux, en particulier, disent avoir participé à la capture et au transport des êtres. Selon l’un d’eux, il y aurait eu encore une autre capture, tout simplement par le convoi militaire arrivant à Varginha, au bord d’une route ! Mais cette information ne semble pas confirmée.

Au total, ces témoins ont fourni plusieurs noms de militaires impliqués dans les événements : le lieutenant-colonel Olímpio Vanderlei, le capitaine Ramires, le lieutenant Tibério (de la police militaire), et le sergent Pedrosa ; ils ont aussi donné les noms de trois conducteurs de camions : le caporal Vasalo, le soldat Cirilo et le sodat De Mello. Ils ont été conduits par un lieutenant de S-2 à l’hôpital Humanitas. Que s’est-il passé là ?

Un être mort à l’hôpital Humanitas

Selon ces témoins militaires anonymes, un convoi de trois camions est arrivé à l’hôpital Humanitas, venant de Três Coraçoes, le lundi 22 au soir. Des témoins civils du quartier ont remarqué ce manège inhabituel. A leur arrivée, il y avait déjà du monde rassemblé à l’entrée latérale. Les témoins disent avoir vu plusieurs médecins, des policiers militaires, deux agents des services secrets S-2, attroupés autour d’une boite en bois posée sur deux chevalets, dans laquelle était placé le cadavre de l’un des êtres. Détail étonnant, l’un des médecins a extrait avec une pince la langue, longue, noire et élastique, de la créature. Lorsqu’il l’a lâchée, elle s’est rétractée aussitôt dans sa bouche ! La boite a été recouverte d’une bâche en plastique et chargée à bord d’un camion. Il planait sur la scène une forte odeur d’ammoniac. On a beaucoup insisté sur cette odeur, rapportée aussi par un chauffeur militaire qui l’a remarquée pendant le transport. Ce détail a été monté en épingle, par exemple dans un article du Wall Street Journal, qui a titré le 12 juillet 1996 : « Une histoire d’extraterrestres malodorants agite les ufologues au Brésil ». Mais peut-être que le cadavre se décomposait rapidement, et que en plus les médecins l’avaient badigeonné d’un puissant antiseptique ? La question reste non élucidée, mais il n’est pas du tout certain que les êtres vivants dégageaient une telle odeur : les trois filles, censées l’avoir remarquée elles aussi, l’on nié par la suite lorsque le Dr Leir les a interrogées, de même que des personnels médicaux dont nous allons parler plus loin (en seconde partie). Voilà comment on interprète abusivement un détail propre à tourner une histoire en ridicule.

Le convoi militaire est arrivé à Três Corações sans encombre le lundi 22 janvier au soir. Un nouveau convoi est reparti le lendemain, à 16 h, cette fois en direction de la ville de Campinas, à 320 km au sud, dans la l’Etat de Sao Paulo, toujours avec trois camions. Leur destination était d’abord un camp militaire, sans doute l’Ecole d’Elèves Officiers. Puis les êtres, vivants ou morts, auraient été livrés à un grand établissement universitaire, « Unicamp », réputé pour la recherche médicale et biologique. Selon un témoin à Campinas, une autopsie y aurait été faite par un médecin légiste connu, le Dr Badan Palhares. Cependant, celui-ci a nié publiquement toute participation (voir seconde partie).

Une explication ridicule des militaires à l’ESA

L’histoire des enquêtes sur Varginha comporte un épisode franchement comique, celui des explications fournies par les militaires de l’ESA, à Três Corações, aux journalistes britanniques qui ont filmé en 1998 la vidéo, citée plus haut, de la collection « Dossiers OVNI ». On y voit un officier du nom de Calza (nom visible sur son uniforme) fournir deux explications successives pour les observations de créatures à Varginha. Il suppose d’abord que les gens ont vu, à l’hôpital Régional, un couple de nains dont la femme était enceinte ; puis il fournit une seconde explication, quand les journalistes reviennent quelques jours plus tard : il y avait un nain handicapé mental, au physique très particulier, dans le quartier de Jardim Andere. Pendant l’orage, il s’était peut-être blessé et réfugié dans le terrain vague où l’avaient aperçu les jeunes filles ! Cela fait beaucoup de nains. Ces explications font désormais partie du folklore ufologique, au même titre que les explications américaines, présentées sans rire en 1997, selon lesquelles les gens de Roswell qui croyaient avoir vu des cadavres d’extraterrestres, en juillet 1947, avaient vu en fait des mannequins en bois utilisés pour des essais de parachutes dans les années 50 ! Une chose est certaine, les principaux enquêteurs de l’affaire de Varginha ont été étroitement surveillés, leurs téléphones mis sur écoute, et ils ont même reçu des menaces physiques. Un témoin militaire de l’ESA a raconté que le seul fait de citer le nom de Pacaccini pouvait valoir dix jours de prison !




Oralina de Freitas




Eurico de Freitas


Les deux fermiers remarquent que l’appareil semble en difficulté, se déplaçant lentement, avec une sorte de roulis, à seulement cinq ou six mètres au dessus du sol. Il ne semble pas faire de bruit - mais il est peut-être couvert par le bruit des animaux - et il est plutôt petit, de taille comparable à un minibus. Il y a une grosse déchirure sur le côté, d’où s’échappe de la fumée, ou de la vapeur, grise. A l’arrière, semblent flotter des sortes de débris qui s’effilochent. L’engin était si lent qu’ils ont pu l’observer pendant trois quarts d’heure, avant de le voir disparaître derrière une colline à environ 700 m de là, en direction de Varginha. Est-il allé s’écraser dans les environs ? Quoi qu’il en soit, leur témoignage est renforcé par un autre témoin, celui d’un étudiant, Hildo Lucio Galdino, qui habite dans une chambre non loin de la ferme. Sa chambre est au rez-de-chaussée et, lorsqu’il ouvre sa fenêtre, ce matin-là peu après 8 h, il a un choc en découvrant un être bizarre, accroupi près de l’entrée. Le lecteur perspicace a déjà deviné que sa description ressemble en tous points à celle des autres créatures observées à Varginha : de petite taille, environ 1,20 m à 1,50 m, sans vêtements, la peau huileuse brun foncé, grosse tête sans cheveux, petite mains avec trois longs doigts. La créature s’est enfuie en courant lorsqu’il l’a appelée. Le témoignage des deux fermiers est l’un de premiers à avoir été recueillis par Ubirajara Rodrigues, seulement six jours plus tard. Ce détail est important car la date de leur observation est de ce fait quasi certaine, alors qu’il y a une incertitude sur la date d’une autre observation que nous allons voir maintenant.




Dessin de l’ovni


Le témoignage de Carlos de Souza

Neuf mois après l’incident de Varginha, un autre témoin s’est fait connaître, un commerçant du nom de Carlos de Souza, qui serait un témoin direct du crash d’un ovni. Il dit avoir gardé longtemps le silence car on l’avait intimidé. Son témoignage est très intéressant mais il a donné initialement une autre date pour son observation, le 13 janvier. Cependant, après discussion avec les enquêteurs, il n’en était plus certain, et a admis que cela aurait pu se passer plutôt le 20 janvier. Nous allons y revenir, mais voici son histoire. Carlos, qui voyage beaucoup dans la région, avait quitté les environs de Saõ Paulo à quatre heures du matin, pour retrouver à Três Corações, à 250 km de là. Il roulait déjà près de cette ville, vers huit heures du matin, sur la route allant au Nord à Belo Horizonte, près du croisement avec la route reliant Varginha à l’ouest et Três Corações à l’est, lorsqu’il entend un curieux vrombissement qui l’inquiète un peu. Il s’arrête et découvre dans le ciel un engin bizarre en forme de cigare, qui vole lentement, à environ 60 à 80 km/h, à environ 30 m d’altitude, à l’ouest de la route. Il estime sa longueur de 9 à 12 m et sa hauteur de 4 à 5 m. L’engin semble mal en point, avec un grand trou vers l’avant, prolongé par une fissure sur le côté, comme s’il avait été atteint par un projectile (ou une météorite ? Ou un vulgaire débris spatial ? Sinon, une question vient à l’esprit, évidemment : qui a tiré ?). de cette fissure s’échappe une fumée blanche. Carlos de Souza, très excité, parvient à suivre l’engin pendant 16 km. Il voit l’engin se diriger vers des collines, puis plonger brutalement derrière l’une d’elles. Supposant qu’il s’est écrasé là, il parvient à s’en approcher par une petite route de terre, et atteint à pied le haut de la colline, vingt minutes plus tard. Là, il est stupéfait de découvrir, non seulement l’engin écrasé en contrebas, mais toute une équipe de militaires, déjà sur place, affairée à récolter de nombreux débris ! Il s’approche discrètement et commence à ramasser un débris, mais est remarqué et un soldat arrive, lui ordonnant sans ménagement de quitter les lieux. Très secoué, Carlos renonce à son rendez-vous et décide de rentrer chez lui. Il s’arrête en route, pendant plus de deux heures, dans un café, pour réfléchir et reprendre ses esprits. Or il est rejoint par des agents en civil qui l’abordent et lui expliquent longuement qu’il connaissent son identité (on a dû l’identifier par sa voiture) et que, s’il raconte ce qu’il a vu, il aura de gros ennuis. Pendant neuf mois, il n’en parlera qu’à sa femme et à deux amis, mais un article de Claudier Covo, dans un journal de Saõ Paulo, va le décider à parler. Covo le convainc de venir à Varginha, et ils vont visiter le lieu supposé du crash avec Ubirajara. Mais ils ne trouvent aucune trace, à part un terrain qui semble avoir été semé récemment de gazon. Une précision importante est que ce terrain est proche de la ferme d’Oralina et Eurico de Freitas. Et il n’est qu’à 11 km de Três Corações. S’est-il trompé simplement sur la date ? S’il a vu cela le 20 janvier, date du début de l’incident à Varginha, son témoignage peut coller avec les autres, bien qu’il ne laisse pas beaucoup de temps à ces êtres mystérieux pour franchir les quelques kilomètres les séparant de la banlieue est de Varginha, surtout si l’un d’eux avait une fracture ouverte à la jambe, comme on va le voir plus loin ! Mais il a peut-être une autre explication. D’autres témoins avaient vu un ovni du côté de la Rivière Verte, une zone boisée plus proche de Varginha. On peut imaginer que l’engin, avant de s’écraser, ait pu déposer des êtres à cet endroit. Il s’est peut-être passé pas mal de choses, entre 1 h et 8 h du matin. En l’occurrence, on a aussi le témoignage d’un fermier qui a dit avoir tué l’un de ces êtres à coup de fusil ! On voit qu’il y a encore quelques points à éclaircir dans cette affaire, pour le moins. D’autant plus que, pour compliquer le tout, les enquêteurs ont recueilli plusieurs témoignages de militaires qui disent avoir vu des débris d’un engin accidenté, apportés par camion à l’ESA, et c’était justement le 13 janvier ! Y aurait-il eu deux accidents successifs ? C’est encore plus difficile à croire. Cette date du 13 janvier n’aurait-elle pas été suggérée par mégarde à ces témoins ?

L’histoire se complique

Le mystère de Varginha s’est encore épaissi, avec de nouveaux témoignages sur des êtres qui auraient été aperçus plus tard, au cours des mois suivants. C’est l’une des parties les plus bizarres de tout le dossier, sur laquelle on se perd en conjectures. Le soir du 21 avril, trois mois après l’incident, une réception avait lieu, à l’occasion d’un anniversaire, au restaurant du zoo de Varginha. Vers 21 h, après le dîner, Mme Terezinha Clepf quitta la salle pour aller fumer tranquillement une cigarette dans la véranda, bordée par un épais fourré. Et là elle eut un choc en apercevant tout à coup une figure étrange qui semblait l’observer, à seulement quelques mètres d’elle. Elle n’a vu que sa tête mais sa description colle bien avec celle des êtres de Varginha. A un détail près, qui n’est pas sans intérêt : il portait une sorte de casque ! Stupéfaite et effrayée par cette vision d’un être aux gros yeux rouges, faiblement lumineux dans l’obscurité, Mme Cabral a rejoint son mari, mais lorsqu’ils sont revenus voir ensemble, l’être avait disparu. Que penser de cela ? Etait-ce un survivant du crash ? Un autre témoignage le donne à croire, celui de la directrice du zoo, Mme Lelia Cabral, qui a constaté durant cette période la mort inexpliquée de cinq animaux.

Un autre témoignage est celui d’un étudiant en biologie de 21 ans, Ildo Lucio Gordino, qui dit avoir vu un être au bord de la route allant de Varginha à Três Corações, le 15 mai vers 19 h 30. Il venait de ralentir dans un virage quand il a vu un étrange animal sur la route. Il a remis ses feux de route pour mieux voir. La créature s’est tournée vers lui et il a pu voir ses grands yeux rouges, mais elle s’est aussitôt protégé les yeux et s’est précipitée dans les fourrés. Quand Ubirajara et Pacaccini ont enquêté, ils ont découvert que ce lieu était tout proche de la ferme de Eurico et Oralina de Freitas. Si ces témoignages sont véridiques, il y avait encore des survivants trois et quatre mois plus tard, mais nul ne sait ce qu’ils sont devenus. Il n’est pas sans intérêt de signaler que, dans cette période, on a vu beaucoup d’ovnis dans la région…

Suite de l’article dans la seconde partie : « Varginha. D’importants témoignages médicaux »

____________________ (1) Dr Roger K. Leir, Des Extraterrestres capturés à Varginha au Brésil (Le Mercure Dauphinois, 2005)
(2) Sur le crash de Roswell, voir le livre de Gildas Bourdais, Le crash de Roswell (JMG Editions - Le Temps Présent 2009).

mardi 22 septembre 2009

A-t-on étudié des débris de Roswell à l'Institut Battelle ?



Gildas Bourdais, septembre 2009

La longue quête du Graal sur les études supposées après Roswell

Une nouvelle piste a été ouverte en 2009 sur les études supposées de débris provenant du crash d’un ovni près de Roswell en 1947. Il s’agit des fameuses feuilles à mémoire de forme, dont l’étude, menée secrètement dans un important centre de recherche, le Battelle Memorial Institute vers la fin des années 40, aurait conduit à la création d’un alliage spécial de Titane et de Nickel possédant des propriétés analogues.


Le Battelle Memorial Institute


Ce n’est pas la première révélation du genre, mais elle est peut-être plus sérieuse que d’autres. Les lecteurs qui ont suivi les enquêtes sur Roswell pendant les quinze dernières années se souviennent des révélations étonnantes du lieutenant-colonel Philip Corso, faites en 1997 dans son livre The Day After Roswell, l’année où fut fêté le cinquantenaire de l’incident à Roswell. Le colonel Corso a raconté qu’il avait initié l’étude secrète de débris provenant du crash de l’ovni de Roswell, en 1961 et 1962, alors qu'il était en poste au Pentagone à la Division des Technologies Etrangères. On se souvient aussi que ces révélations ont été très critiquées, comme je l’ai raconté dans mes livres sur Roswell et dans la revue LDLN (1), et cette piste des études secrètes sur les matériaux de Roswell a été quelque peu laissée de côté en attendant des révélations et confirmations plus solides.
En 1998, on a pu croire que s’ouvrait une nouvelle piste, avec des révélations faites par un certain Jack Shulman, directeur d’une petite entreprise d’informatique, l’American Computer Company (ACC) (2). Hélas, il a fallu rapidement déchanter lorsque l’intéressé a avoué peu après qu’il avait inventé son histoire pour se faire connaître ! Ironiquement, cette pseudo-révélation était encore prise au sérieux dans un live récent, Les sciences interdites, de Douglas Kenyon. Mentionnons au passage une autre « découverte » qui a fait long feu, celle d’une mystérieuse pierre gravée, censée avoir été trouvée dans la région de Roswell, et annoncée abusivement comme un « événement majeur » en 2009 (3). On voit que la prudence est recommandée face à de telles révélations, mais nous allons voir que cette nouvelle affaire semble plus sérieuse.

Sur ce terrain des rumeurs d’études secrètes, Il faut aussi rappeler la déjà longue histoire des révélations, non moins controversées, faites à partir des années 80 sur la création par le Président Harry Truman d’un groupe ultra secret, surnommé « Majestic 12 », ou MJ-12, pour étudier l’ovni et les cadavres récupérés à Roswell, et lors d’autres accidents. Dès lors que l’on admet comme probable la réalité du crash de Roswell, la création d’un tel groupe est une suite logique, et elle a d’ailleurs été confirmée, notamment, par le général Arthur Exon dans un entretien avec Kevin Randle (4). Le général Exon était bien placé pour en parler, ayant été en poste à la base de Wright Field en 1947, puis nommé commandant de la même base, de Wright-Patterson, en 1964. Il a confirmé à Kevin Randle en mai 1990, qu’avait bien été créé en 1947 un groupe très secret pour étudier tout ce qui avait été trouvé à Roswell : débris, ovni et cadavres. Il en avait appris l’existence indirectement mais de bonne source. Ces études étaient très compartimentées, à trois niveaux. Au sommet, un comité de direction (oversight committee) surveillait le travail d’ensemble, avec un premier groupe qui avait le contrôle, un groupe secondaire comprenant des aides et des assistants du premier groupe, et un troisième niveau où les tests étaient effectivement réalisés. Des études étaient confiées à l’extérieur, ce qui aurait été le cas pour les études faites au Battelle Institute. Le général Exon n’était pas certain que le nom «Majestic 12 » ou « MJ-12 » était le bon, ou du moins ce groupe avait pu changer de nom au cours du temps.
Cependant, les choses se sont obscurcies au cours des années 90 alors que des centaines de pages de documents ont été publiées, qui étaient censées émaner de ce groupe MJ-12. Mais leur origine reste obscure, et leur contenu controversé, souvent avec des erreurs facilement détectées (peut-être semées à dessein par certains agents de désinformation amplifiante ?). Signalons toutefois que quelques chercheurs, dont Stanton Friedman, continuent à soutenir l’authenticité d’au moins un petit nombre de documents. Toutefois, Le résultat global est que, à ce jour, l’incertitude demeure sur leur authenticité. Rappelons encore les révélations fracassantes, aussitôt contestées, d’un jeune physicien, Robert Lazar, sur sa participation, assez brève au demeurant, à l’étude très secrète d’ovnis à Groom Lake, dans la Zone 51. Lazar était peut-être sincère mais manipulé. Quoi qu’il en soit, ses révélations n’ont pas peu fait pour mettre en doute ces rumeurs d’études secrètes. Revenons vite à cette nouvelle piste, qui semble plus sérieuse, d’études supposées de débris issus du crash de Roswell.

Les investigations d’Anthony Bragalia sur des études au Battelle Institute

Dans leur livre Witness to Roswell, plus précisément dans la seconde édition, parue en juin 2009 (5), Tom Carey et Donald Schmitt ont donné la parole à un collègue enquêteur, Anthony Bragalia, qui dit avoir découvert des documents indiquant que des études auraient été menées secrètement, à partir de 1948, sur les fameuses feuilles métalliques à « mémoire de forme » que l’on aurait trouvées parmi les débris du crash de Roswell. Rappelons que, parmi les différents matériaux que plusieurs témoins disent avoir eu en main lors de l’incident de Roswell en 1947, l’un des plus remarquables consistait en des feuilles métalliques très minces, légères et lisses, que l’on ne pouvait ni couper ni percer, et qui reprenaient leur forme après avoir été froissées.
Disons-le clairement : les éléments révélés par Anthony Bragalia et d’autres enquêteurs n’apportent pas une preuve décisive sur l’authenticité des débris de Roswell, ce que ne manquent pas de souligner les sceptiques qui sont naturellement déjà au rendez-vous pour mettre en doute son travail, notamment sur Internet. En revanche, ils constituent les pièces d’un puzzle qui esquisse un scénario crédible d’études très secrètes sur ces feuilles à mémoire de forme. L’enquête n’est d’ailleurs pas finie et elle va probablement apporter de nouveaux éléments. Bragalia a fait le point de ses recherches récemment, dans les colonnes du Mufon UFO Journal (6). Il y est présenté brièvement comme étant le directeur d’un bureau d’études pour les « industries scientifiques », qui a aidé discrètement, depuis de nombreuses années, les enquêteurs à la recherche de la vérité sur Roswell. C’est élogieux mais bref, et l’on aimerait en savoir plus. Dans leur livre Witness to Roswell, Carey et Schmitt le citent comme un « associé », et un « homme d’affaires indépendant » qui les a aidés dans leurs enquêtes.
Selon Anthony Bragalia, des études auraient été menées secrètement au Battelle Memorial Institute dès la fin des années 40, qui auraient joué un rôle important dans la création d’un alliage aujourd’hui bien connu, le Nitinol, composé de titane et de nickel et possédant des propriétés analogues à ces feuilles à mémoire de forme. Le Battelle Institute est un centre réputé de recherches techniques, notamment dans le domaine de la métallurgie, situé à Columbus dans l’Ohio, non loin de la fameuse base de Wright-Patterson où se trouvent les services techniques de l’armée de l’Air, et où il est à peu près certain qu’ont été menées des études secrètes sur les ovnis. Le Battelle Institute a mené, depuis sa création dans les années 30, des études importantes pour les armements, y compris pour la bombe atomique. Il est intéressant de rappeler que c’est également au Battelle Institute que fut réalisée au début des années 50, pour le compte de l’armée de l’Air américaine, une remarquable étude statistique sur les observations d’ovnis. Cette étude, menée sous la direction du Dr Howard Cross, fut publiée plus tard sous le titre de « Rapport 14 » de la commission Livre Bleu ( Blue Book), et elle est encore aujourd’hui un document de référence en faveur de la réalité des ovnis.
Un autre épisode intéressant, à rappeler ici, est celui du rôle qu’avait joué le Battelle Institute, à la même époque, dans la préparation d’une importante réunion scientifique, connue sous le nom de « Commission Roberstson », qui fut réunie au début de 1953 par l’Air Force et la CIA. Le même Dr Howard Cross avait écrit une lettre de recommandations à l’Air Force, dont une copie avait été conservée par son conseiller scientifique Allen Hynek. Jacques Vallée, qui était alors son assistant, avait découvert cette lettre confidentielle, qu’il a baptisée « Mémo de Pentacle », et il en a fait tout une histoire, croyant qu’elle était à l’origine de toute une politique de désinformation avec des mises en scène de faux ovnis. Mais des ufologues américains, notamment du CUFOs, ont complètement réfuté cette thèse, comme je l’explique dans un autre article, que l’on trouvera sur ce blog à :
http://bourdais.blogspot.com/2001/04/jacques-valle-et-le-mmorendum-de.html


La base de Wright-Patterson, dans l’Ohio


Anthony Bragalia raconte qu’il a trouvé les premières pièces du puzzle sous la forme de références, citées dans des documents militaires déclassifiés, à deux études métallurgiques faites au Battelle Institute dès la fin des années 40, qui semblent bien être à l’origines des études faites ensuite pour créer le Nitinol. Or, selon l’histoire « officielle », les études sur cet alliage n’auraient commencé qu’au début des années 60. Citons Bragalia :
« Mes propres recherches ont confirmé que les études sur le Nitinol avaient en réalité commencé chez Battelle juste après le crash de Roswell - et non au début des années 60. Et c'est la base de Wright-Patterson (où les débris du crash avaient été transférés) qui leur attribua le contrat de cette recherche secrète. Ce point est confirmé par une annotation que l'on trouve dans une étude réalisée par l'un des inventeurs "officiels" du Nitinol à l'U.S. Naval Lab. Dans ce rapport militaire sur le Nitinol, l'auteur se réfère à une étude de Battelle datée de 1949 où il est clairement question de la purification du Titane et du Nickel. La citation mentionne un "diagramme de phase" qui détaille le processus et explique comment réussir l'alliage des deux métaux. En suivant précisément ces directives, on peut réaliser le Nitinol à mémoire de forme. Il est possible mais pas certain que les co-inventeurs "officiels" du Nitinol aient ignoré que les propriétés de l'alliage avaient été découvertes dans l'étude des débris de Roswell. On n'a trouvé que trois autres références sur cet alliage de Titane et de Nickel dans les rapports de Battelle. A chaque fois, ce ne sont que des notes en bas de page - et seulement dans les études sur les métaux conduites sous les auspices de l'armée américaine ».
Anthony Bragalia donne quelques précisions sur la création du Nitinol. On considère habituellement qu’il a été découvert "par hasard" au début des années 60 dans les labos de l'U.S. Naval Ordnance, situés dans le Maryland, et que ses co-inventeurs sont les Drs. Wang et Buehler. Mais la véritable histoire du Nitinol a été volontairement dénaturée, et elle ne tient pas route, soutient Bragalia. Dès la fin des années 40, c’est le Dr. Howard Cross, expert métallurgiste de l'Institut Battelle, qui avait fourni l'information nécessaire sur le Titane à l'US Naval Lab. Et c'est ce laboratoire qui a officiellement mis au point le Nitinol dix ans plus tard. L'un des problèmes qui apparait tout de suite dans l'histoire "officielle" du Nitinol est l'année précise de sa découverte, qui est variable selon les sources, de 1959 à 1963. Même les co-inventeurs officiels, William Buehler et Frederick Wang, avaient évoqué différentes années alors qu'ils travaillaient au Naval Lab. Les revues scientifiques et les articles de la grande presse indiquent des années différentes. Bragalia raconte que, lorsqu’il a posé la question à Wang, celui-ci a ri de manière bizarre et a reconnu qu'il n'était pas très sûr de l'année, en ajoutant qu'il lui faudrait y réfléchir !

Il faut avouer que les premiers éléments d’enquête recueillis par Anthony Bragalia semblent plutôt minces – quelques notes de bas de page dans des documents militaires – renvoyant à deux études de Battelle intitulées « Progress Report » 1 et 2. Mais le mystère de la création du Nitinol s’est alors épaissi. Bragalia, aidé du journaliste Billy Cox, du Saratosa Herald Tribune, a essayé pendant une année entière d’obtenir copie de ces documents, mais ils étaient introuvables, aussi bien dans les archives du Battelle Institute que dans celles de la base de Wright-Patterson, malgré les efforts conjoints des conservateurs, qui ont avoué leur perplexité. Les recherches ont échoué également au grand centre d’archives techniques de la Défense (DTIC : U.S. DOD’s Defense Technical Information Center). Sur le conseil de Billy Cox, Tony Bragalia a alors posé une demande en application de la loi FOIA (Freedom of Information Act). Et voici que, après une assez longue attente, le « Progress Report » Numéro 2 a fait surface, comme par miracle !
Son titre complet est : "Second Progress Report Covering the Period September 1 to October 21, 1949 on Research and Development on Titanium Alloys Contract No. 33 (38)-3736." Il a pour auteurs "Simmons, C.W.; Greenidge, C.T., Craighead, C.M. et autres". Il a bien été remis en 1949 à la Direction technique de l’armée de l’Air qui l’avait commandée (Wright-Patterson Air Materiel Command). Il semble que la version divulgué soit incomplète, mais elle contient bien des données scientifiques clés, ouvrant la voie à la création du Nitinol, en particulier des « diagrammes de phase » (phase diagrams) nécessaires pour fabriquer l’alliage particulier de titane et de nickel. Autrement dit, ce document prouve que les études étaient déjà bien avancées en1949, contredisant ainsi l’histoire officielle qui fait démarrer les études au début des années 60. Il est intéressant de noter que les scientifiques signataires du rapport étaient étroitement associés avec le chef métallurgiste de Battelle, spécialiste du Titane, le Dr. Howard Cross, déjà mentionné. Les scientifiques ont continué à produire des rapports sur la métallurgie exotique, en couvrant des domaines comme "les métaux et la superplasticité", "la transformation des métaux", et "les microstructures des métaux". Précisons que, pour crééer le Nitinol, il fallait obtenir des composant d’une grande pureté. Or l’institut Battelle, qui était en pointe en matière de métallurgie, était le seul à l’époque à posséder un four à haute température adéquat pour obtenir ce résultat. Il reste d’autre part à retrouver le « Progress Report » Numéro 1, lequel pourrait dater de l’année précédente, 1948, c'est-à-dire de l’année suivant Roswell… Mais des sceptiques doutent déjà de son existence, en dépit des références qui y sont faites. On voit cependant que le puzzle prend tournure, et il est temps d’y ajouter une autre pièce intéressante, le témoignage d’un ingénieur qui avait révélé à des proches avoir participé à cette étude.

Le témoignage de l’ingénieur Elroy John Center

Toujours selon Anthony Bragalia, un ingénieur du Battelle Institute, Elroy John Center, a reconnu qu'il avait analysé un métal provenant d'une épave d'ovni alors qu'il était employé par Battelle. Center avait travaillé comme expert-chimiste pour Battelle pendant près de vingt ans, de 1939 à 1957. Ceci nous a été confirmé, dit Bragalia, à la fois par les registres de l'Université du Michigan et par les articles scientifiques qu'il avait publié du temps où il travaillait pour Battelle. Ingénieur chimiste diplômé, Center avait rédigé des articles publiés dans des revues de haut niveau. Il, avait fait des analyses chimiques de métaux, des études sur la « micro-identification » des métaux dans des alliages, et sur l'analyse spectroscopique de matériaux particuliers. Center avait le profil idéal pour être impliqué dans les premières études sur les débris de Roswell. Il avait mis au point une technique d'analyse des métaux très innovante qui est signalée dans plusieurs études concernant "l'identification polygraphique du Titane" dans des alliages. Or il faut du Titane spécialement préparé pour fabriquer du Nitinol semblable au "métal à mémoire" de Roswell.

Elroy John Center


Les membres de la famille de Center ont confirmé qu'il s'intéressait beaucoup aux ovnis et à la vie extraterrestre. En mai 1992, le Dr. Irena Scott de Columbus, Ohio, chercheuse et historienne réputée (qui avait aussi fait partie de l'équipe des scientifiques de Battelle) avait interviewé un proche partenaire professionnel d'Elroy Center. Elroy lui avait confié qu’il avait été impliqué dans un très étrange programme de laboratoire. Ses supérieurs lui avaient demandé de participer à une étude hautement classifiée de l'Institut, qui faisait l'objet d'un contrat du gouvernement. Le projet consistait à travailler sur un matériau très inhabituel. Center avait compris que ces fragments de matériau avaient été récupérés par le gouvernement américain à la suite d'un crash d'ovni. Center parlait de l'échantillon qu'il était chargé d'étudier comme d'un "morceau". Il avait expliqué que ce "morceau" était d'une nature totalement inhabituelle. Il déclara également que d'étranges symboles, qu'il appelait des "glyphes", étaient inscrits sur ces fragments. Divers témoins des débris du crash de Roswell ont bien sûr parlé de telles inscriptions. Center ne pourra nous fournir d'autres indications, étant décédé en 1991.

Espérons que Tony Bragalia, et peut-être d’autres enquêteurs, parviendront à trouver de nouveaux documents, et à recueillir de nouveaux témoignages susceptibles de renforcer cette histoire. Mais elle est bien intéressante, en l’état, et elle vient s’ajouter aux témoignages et documents déjà connus sur les études secrètes de matériaux liés peu ou prou aux ovnis.

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Notes
(1) Gildas Bourdais, Le crash de Roswell. Enquête inédite (JMG – Editions Le temps présent, 2009), et Roswell. Enquêtes, secret et désinformation (JMG, 2004). Voir également mon article dans la revue Lumières dans la Nuit (LDLN, numéo 348, avril 1998).
(2) Les « révélations » de Jack Shulman ont été présentées notamment dans la revue américaine UFO Magazine, Volume 13, No 2, de mars-avril 1998. Elles ont été démenties dès le mois de juillet de la même année.
(3) Article « La pierre de Roswell », dans la revue Monde Inconnu février-mars 2009.
(4) Kevin Randle, The Truth about the UFO Crash at Roswell (Evans and Company, New York, 1994), chapitre 9 : “The Wright Field Connection”. Voir aussi The Roswell Encyclopedia, Harper Collins, 2000.
(5) Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell. Unmasking the Government Biggest Coverup. Deuxième édition, 2009, Newpage Books, The Career Press, New Jersey.
(6) Anthony Bragalia, article « Roswell debris inspired memory metal Nitinol; lab located, scientists named », in Mufon UFO Journal, No 495, juillet 2009.

jeudi 13 août 2009

Le crash de Roswell, confirmé par de nouveaux témoins



Le crash de Roswell,
confirmé par de nouveaux témoins


Gildas Bourdais, mise à jour, Août 2009


Depuis la parution en 2004 de mon livre Roswell. Enquêtes, secret et désinformation, le dossier s’est enrichi de nouveaux témoignages qui permettent de cerner de plus près le déroulement de l’événement, au cours des premiers jours de juillet 1947. Une étape importante dans cette voie a été le livre de Tom Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell, paru en juin 2007, auquel s’ajoutent d’autres sources, notamment les livres de Kevin Randle et du Dr Marcel Jr. Carey et Schmitt ont proposé dans leur livre un nouveau film des événements (« time line »), qui représente un gros progrès par rapport aux ouvrages précédents, mais qui comporte encore, à mon avis, quelques difficultés. J’en ai discuté avec les auteurs, et je leur ai suggéré de légères modifications, tenant mieux compte des témoignages. Donald Schmitt a fini par me dire, en septembre 2008, son accord sur mes suggestions. C’est ce scénario remanié que j’ai retenu dans la nouvelle édition de mon livre, publié en février 2009 sous le titre Le crash de Roswell. Enquête inédite (JMG, Le Temps Présent).


Ce scénario est développé principalement dans le chapitre VI : « Nouveaux témoins et scénario révisé ». Il intègre de nombreux témoignages, anciens et nouveaux, comme les pièces d’un puzzle dont l’image générale apparaît de mieux en mieux. Je pense qu’il va surprendre plus d’un lecteur, tellement il a gagné en précision. En voici un bref résumé. Aussi étonnant que cela puisse paraître, depuis la parution de mon livre en février 2009, quelques nouveaux témoins ont été encore dévoilés, notamment dans une nouvelle édition du livre de Carey et Schmitt parue en juin, dont j’ai tenu compte dans ce scénario.



Mercredi 2, ou Jeudi 3 juillet 1947, au soir

Orage violent dans la soirée du mercredi 2, ou du jeudi 3 juillet (le débat reste ouvert sur la date exacte). Le fermier William « Mack » Brazel, éleveur de moutons au ranch Foster (situé à environ 100 km au nord-ouest de la ville de Roswell, à vol d’oiseau), entend une forte explosion, différente du tonnerre.



Jeudi 3 ou Vendredi 4 juillet

Découverte du champ de débris, et de plusieurs cadavres près de celui-ci

Le matin du jeudi 3 ou du vendredi 4 juillet, Brazel, en conduisant son troupeau de moutons, découvre le champ de débris à environ 16 km (10 miles) de sa maison, en compagnie de Timothy « Dee » Proctor, un fils des voisins Proctor, âgé de sept ans, qui l’accompagne souvent à cheval. Puis il découvre aussi, toujours avec Timothy, un site avec des cadavres, à 4 km (2 miles et demi) à l’est du champ de débris. Ils sont abîmés et sentent très mauvais. Les témoignages sur cette découverte sont indirects et, pour cette raison, elle a été laissée longtemps de côté par les enquêteurs. Ce sont : Loretta Proctor, la mère de Dee ; Sydney « Jack » Wright, qui était un camarade de Dee ; le journaliste Frank Joyce auquel Brazel en a parlé au téléphone dès le dimanche 6 à Roswell. Sydney, fils d’un employé du ranch Richards (situé au sud du ranch Foster), a témoigné en 1998 qu’il avait vu lui aussi ces cadavres, en présence de Mack Brazel. Selon lui, Brazel était très impressionné par cette découverte. Appelons ce site «  le troisième site » pour bien le distinguer du « deuxième site », plus proche de Roswell, où ont été découverts un ovni et des cadavres.


La photo de Brazel par Robin Adair le 8 juillet à Roswell


Dee Proctor et des camarades retournent sur les deux sites du ranch Foster, à l’insu de Brazel, et y ramassent des débris. Ce sont Sydney « Jack » Wright, deux fils du rancher Thomas Edington, et l’une des filles du rancher Truman Pierce. Il semble qu’il y ait eu d’autres visiteurs, dès le vendredi (ou le jeudi ?), car des débris auraient même circulé au rodéo du vendredi 4 juillet (jour de fête nationale), à Capitan, bourgade située à une heure de route au sud-ouest du ranch Foster. Pour cette raison, il paraît plausible que le crash ait eu lieu dès le mercredi-soir 2 juillet.

Brazel rend visite à ses voisins les plus proches, Floyd et Loretta Proctor, dont le ranch est à environ 16 km (10 miles) du sien, et leur montre des débris. Brazel, habituellement calme et réservé, est très excité par sa découverte. Il leur propose d’aller voir le site. Sur le moment, les Proctor ne veulent pas se déplacer, mais Floyd ira plus tard voir le terrain et y ramassera des débris, qui seront ensuite récupérés par l’armée. D’autres voisins viennent voir le champ de débris : Budd Eppers, Truman Pierce, Glaze Sacra. Les parents de Danny Boswell, qui ont un ranch à 40 km (25 miles) à l’est, viennent voir aussi. Tous ramassent des débris, qui seront ensuite récupérés, sans ménagement, par l’armée.

Brazel se demande comment nettoyer le champ de débris, que les moutons refusent de traverser. Le samedi 5 juillet, Il va à la petite ville de Corona, située à 50 km (32 miles) à l’ouest du ranch. Il y montre des débris à son oncle Hollis Wilson, aux patrons du Wades’s Bar, et à l’épicerie, la General Store. Voulant résoudre son problème, il montre également des débris à son ami policier Robert Scroggins, qui lui conseille d’aller voir les militaires à Roswell. Un nouvel élément intéressant est apparu récemment, dans la seconde édition du livre de Carey et Schmitt. A Corona, Brazel avait téléphoné aux propriétaires du ranch, les frères H.et J.B. Foster, vivant au Texas, pour leur apprendre son extraordinaire découverte. Deux témoins le confirment : l’ancienne épicière de Corona, Geraldine Perkins, qui avait à l’époque l’unique ligne téléphonique, et une fille de J.B. Foster, Jo Ann Purdie. Celle-ci a précisé que son père n’en avait jamais parlé publiquement car il avait été menacé lui aussi, comme Brazel, par les militaires.

Un point à souligner, important pour comprendre le déroulement de cette histoire, est que, dès le début du week-end, pas mal de gens des environs sont déjà au courant des débris étranges, et en ont ramassé. De plus, personne n’a identifié des ballons météo, et cibles radar montées sur baguettes de balsa, matériels banals qu’ils connaissaient bien, mais qui constituent encore aujourd’hui l’explication de l’armée de l’Air américaine.



Dimanche 6 juillet

Le fermier Mack Brazel vient à Roswell avec quelques débris. Les routes ne sont pas toutes goudronnées - il y a même une trentaine de km de chemin de terre plus ou moins cahotants - et le trajet, d’environ 160 km au total (cent miles), dure trois heures avec sa vieille voiture. Il montre ces débris au shérif George Wilcox, qui appelle aussitôt la RAAF (Roswell Army Air Force), la base des bombardiers B-29 située juste au sud de la ville. Des officiers viennent rapidement, examinent les débris et retournent à la base avec Brazel.

Auparavant, Wilcox a passé Brazel, au téléphone, au jeune journaliste Frank Joyce, de la radio locale KGFL, qui se trouve venir aux nouvelles à ce moment-là. Premier entretien de Brazel avec Joyce, à qui il révèle avec émotion avoir découvert des corps étranges : « Ils ne sont pas humains ! » (« They are not human ! »). Joyce finira par révéler cet entretien en mai 1998.


Franck Joyce en 1998


Dès le dimanche-soir, Brazel repart au ranch Foster avec le commandant (Major) Jesse Marcel, responsable de la sécurité de la base, et le capitaine Sheridan Cavitt, responsable du contre-espionnage, sur ordre du colonel William Blanchard. Celui-ci informe aussitôt de la découverte sa hiérarchie, sur la base de Carswell, près de Fort Worth au Texas, laquelle informe à son tour le Pentagone à Washington. C’est à Fort Worth que se trouve le quartier général de la 8ème Armée aérienne, dirigée par le général Roger Ramey, et son adjoint, le colonel Thomas DuBose.

A Fort Worth, le colonel DuBose reçoit l’ordre du général de division aérienne (Major General) Clements McMullen, commandant adjoint du Strategic Air Command, d’envoyer immédiatement à Washington des débris, dans un sac scellé. C’est le premier vol Roswell – Fort Worth, avec le lot de débris apportés par Brazel, dès le dimanche-soir. Le colonel DuBose supervise à Fort Worth le transfert sous sac scellé pour livraison d’urgence à Washington, confié au colonel Al Clark, commandant de la base de Carswell. Un premier lot de débris est donc examiné au Pentagone dès le matin du lundi 7, ce qui va provoquer une série de réactions en haut lieu.



Lundi 7 juillet

Marcel et Cavitt au champ de débris

Le commandant Marcel et le capitaine Cavitt inspectent le champ de débris toute la journée, et ils retournent le soir à Roswell.

Marcel est resté plus longtemps sur le site, et passe chez lui très tard en revenant. Il montre des débris à sa femme Viaud et à son fils, Jesse Marcel Jr., alors âgé de onze ans et demi. Celui-ci va devenir, quarante ans plus tard, un témoin direct important sur les débris. En août 2007, la chaîne SciFi a révélé un nouveau témoin sur cet épisode : l’ancien lieutenant Jack Trowbridge, qui était membre du service de sécurité de Marcel. Il raconte qu’il jouait au bridge avec des collègues quand Marcel est revenu du ranch Foster, et leur a montré des débris. Remarquons que ce nouveau témoignage n’est pas tout à fait cohérent avec ceux des Marcel, père et fils. Le Major Marcel a dit, et son fils l’a confirmé, qu’il avait réveillé sa femme et son fils à une ou deux heures du matin pour leur montrer des débris, étalés dans la cuisine. Mais il ne leur a peut-être pas dit qu’il était passé d’abord les montrer à ses collègues et amis.

Pendant ce temps, dans la journée du lundi, Walt Whitmore Sr, patron de la radio KGFL à Roswell, alerté par son journaliste Frank Joyce, envoie quelqu’un chercher Brazel sur son ranch, le reçoit chez lui et enregistre son témoignage avec l’intention de le diffuser le lendemain. Il l’héberge pour la nuit, selon le témoignage du propre fils de Whitmore.

Le troisième site, avec des cadavres, près du champ de débris

Sur le « troisième site », situé 4 km à l’est du champ de débris, se trouvent deux ou trois cadavres, très abîmés, en voie de décomposition et sentant très mauvais. Il est très probable que le fermier Brazel a montré également à Marcel et Cavitt ce site proche avec cadavres abîmés, étant donné qu’il en avait déjà parlé la veille au journaliste Frank Joyce. Ce n’est pas une certitude, cependant, car son propre fils, le Dr Jesse Marcel Jr, en doute. Il me l’a dit encore en juillet 2007 lors d’un dîner à Roswell : son père ne lui en avait jamais parlé. Mais il y a d’autres témoins, proches du Major Marcel qui l’ont confirmé. Le sergent Herschel Grice, membre de l’équipe de Marcel en 1947, a dit que Marcel lui avait même décrit leur apparence physique, avec des visages blancs, d’aspect « caoutchouteux » (« white, rubbery figures »). C’est également Sue Marcel Methane, de la famille Marcel, qui avait recueilli cette confidence de Marcel peu avant sa mort. Il lui avait décrit des visages blancs et « poudreux » (« white powdery figures »).

Pour sa part, Marcel a fait comprendre plusieurs fois aux enquêteurs qu’il n’avait pas tout dit  (interview de Linda Corley en 1982 ; interview à la radio KOAT en 1985, un an avant sa mort). Ce qu’il a toujours dit, en revanche, c’est que le capitaine Sheridan Cavitt était retourné avant lui à la base, alors qu’il était resté plus tard pour continuer à étudier le champ de débris. Ainsi, il semble évident que Cavitt a alerté le colonel Blanchard dès son retour le lundi-soir, sur leur double découverte extraordinaire, du champ de débris et des cadavres non loin de là.

Il semble plausible, en tenant compte, on va le voir, d’autres témoignages sur la base, qu’il ait été décidé d’aller chercher ces cadavres au plus vite et de les rapporter à la base le soir même, malgré le risque sanitaire que cela impliquait. Le premier souci était déjà à ce moment-là, sans doute, d’imposer le secret sur cette extraordinaire découverte. Il était trop tard, ce lundi-soir, pour prendre le contrôle du vaste champ de débris, mais il était possible de retourner sur le terrain avec une petite équipe, guidée par Cavitt, pour récupérer d’urgence les cadavres. Plusieurs témoignages semblent le confirmer, notamment celui-ci, recueilli par Carey et Schmitt : le sergent LeRoy Wallace, de la police militaire, est appelé un soir pour aller à un site de crash aux environs de Corona, « pour aider à charger des corps ». Selon sa veuve, lorsqu’il est revenu le lendemain-matin, ses vêtements étaient imprégnés d’une odeur épouvantable, et elle les a brûlés. C’est aussi suggéré indirectement par le nouveau témoignage d’Eli Benjamin, que nous allons voir plus loin.

Selon ce scénario, les deux ou trois cadavres du troisième site, très abîmés, sont transportés à la base, dans des sacs hermétiques et dans un véhicule frigorifique. Ils sont déposés à l’hôpital, et ils font l’objet d’un premier examen le soir même. En effet, selon la veuve d’un chirurgien de l’hôpital, qui vivait sur la base, le colonel Blanchard avait appelé son mari pour une affaire urgente, vers 23 h 30. Il s’était absenté pendant une heure et demie et ne lui en avait jamais rien dit ensuite. Il est plausible qu’un premier examen ait été fait ce soir-là, mais c’est le lendemain-matin, mardi 8 juillet, qu’aurait eu lieu une première autopsie à l’hôpital de la base.

La découverte du deuxième site, plus près de Roswell : ovni, cadavres, et un survivant !

Le lundi-matin, une équipe d’archéologues découvre le deuxième site du crash, avec l’ovni, plus près de Roswell, à environ 60 km (40 miles) au nord de Roswell et 8 km (5 miles) à l’ouest de la route 285. Il faut environ trois quarts d’heures pour y aller par la route depuis Roswell. Ce n’est pas exactement le lieu qui avait été indiqué par Franck Kaufmann au début des années 90, témoin aujourd’hui discrédité. Selon les témoignages nouveaux recueillis par Tom Carey et Donald Schmitt, il est un juste peu plus au nord. Incidemment, ce site est à seulement 20 à 30 km à vol d’oiseau au sud-est du champ de débris. Tom Carey, lorsque je l’ai rencontré à Roswell en juillet 2007, m’a pointé le lieu exact sur une carte, mais c’est un détail qui reste confidentiel pour protéger ce terrain privé.

L’équipe d’archéologues découvre un petit engin de forme ovoïde, trois cadavres et sans doute un survivant ! L’un d’eux signale leur découverte par téléphone, au shérif de Roswell, en allant au hameau de Mesa sur la route 285 (soit une marche de huit à dix km pour y arriver). Les militaires arrivent dans l’après-midi sur les lieux, avec des pompiers. On a cru longtemps que c’étaient des pompiers de la ville de Roswell, mais selon un nouveau témoignage recueilli par Anthony Bragalia et Kevin Randle, c’étaient en fait des pompiers militaires de la base de Roswell. Selon ce nouveau témoin, lui-même ancien pompier de la ville, ceux-ci s’étaient vus interdire d’y aller par les militaires. Cependant, l’un d’eux, Dan Dwyer, y était allé quand même, avec sa voiture personnelle, en prenant sans doute de vitesse les militaires. Ceci explique le témoignage de sa fille Frankie Rowe, à qui il avait raconté ce qu’il avait vu : engin, cadavres, et un survivant. Cet épisode est en fait l’un des premiers à avoir été révélé, de toute l’histoire de Roswell, mais on croyait à l’époque que le site était dans la plaine de San Agustin, à l’ouest de la vallée du Rio Grande ! Les principaux témoins (voir au chapitre V de mon livre Le crash de Roswell) sont le Dr Bertrand Schultz, le Dr Curry Holden, qui dirigeait l’équipe archéologique, Mary Ann Gardner, et Frankie Rowe, fille du pompier Dan Dwyer.

Selon de nouveaux témoignages, retrouvés notamment par Carey et Schmitt, les archéologues n’ont peut-être pas été les seuls civils ayant découvert l’ovni et les cadavres. Ce serait le cas du père de Sue Farnsworth qui, selon elle, aurait été ensuite menacé. De même, selon George Cisneros, plusieurs voisins l’avaient vu et furent aussi menacés. Un autre témoignage civil, très intéressant, est celui d’un ingénieur de Boeing, Richard Loveridge, enquêteur sur les accidents d’avions. Il avait révélé à son fils, à la fin de sa vie, qu’il avait été sur le site et qu’il avait « tout vu » : l’ovni, les cadavres et le survivant !

Nouveaux témoins militaires, sur le deuxième site, avec l’ovni :

Plusieurs témoins militaires importants, permettant de préciser le film des événements, ont été révélés en 2007, notamment dans le livre de Tom Carey et Donald Schmitt, et dans des émissions de télévision comme celles de CNN (Larry King Live) et SciFi Channel (Voir mon livre Le crash de Roswell).

Le sergent Homer Rowlette faisait partie du 603ème escadron d’Ingénierie de l’Air (Air Engineering Squadron). Son fils Larry et sa fille Carlene Green (vidéos sur le site SciFi) ont dit ce qu’il leur avait révélé sur son lit de mort en mars 1988. Il avait fait partie de l’équipe de nettoyage déployée sur le site au nord de Roswell. Il avait eu en main l’une de ces feuilles controversées « à mémoire de forme » décrites par beaucoup. Plus important encore, il avait vu l’appareil, qu’il a décrit comme étant de forme « à peu près circulaire », et a dit qu’il avait vu « trois petits êtres » avec de larges têtes. Au moins l’un d’eux était vivant.


Le sergent Homer Rowlette (RAAF Yearbook)



Carlene Green, fille de Homer Rowlette (SciFi Channel)


Le soldat de 1ère classe (PFC) Roland Menagh était un autre MP (police militaire) sur le site, selon ses fils Michael et Roland Jr. Il leur a décrit un appareil en forme d’œuf et sans traces de soudure. Michael se souvient qu’il avait aussi décrit trois cadavres. Son père leur a dit qu’ils avaient chargé l’appareil sur un camion à 18 roues et recouvert d’une bâche (le lendemain mardi, épisode que nous allons voir plus loin). Il l’avait escorté avec une jeep, à travers la ville et jusqu’à la base, où l’épave avait été déposée dans un hangar.



Lundi-soir, et nuit du lundi 7 au mardi 8 juillet

Les militaires sont probablement arrivés assez tard sur le deuxième site, plus proche de Roswell. Il a fallu un certain temps pour qu’un membre de l’équipe d’archéologues aille à pied jusqu’au hameau de Mesa sur la route 285, pour téléphoner au shérif de Roswell. Il a fallu également du temps pour que les militaires arrivent sur le terrain. Mais le site était plus petit que celui du ranch Foster avec son vaste champ de débris, et ils ont été en mesure de le boucler rapidement, le soir même. Ainsi, contrairement aux cadavres du ranch Foster, non gardés, qu’il fallait récupérer au plus vite en dépit de risque sanitaire, il a pu être décidé de garder les cadavres sur le site, au moins pour la nuit, à l’abri d’une tente, bien gardée par des soldats armés.

Deux témoignages au moins indiquent cela, de soldats qui ont été chargés de garder cette tente. Selon des membres de leurs familles, le soldat Ed Sain et le caporal Raymond Van Why furent emmenés sur le site dans une ambulance, le soir du 7 juillet, pour garder une tente où se trouvaient les cadavres, et reçurent l’ordre de tirer sur toute personne qui essaierait d’entrer. Par contre, s’il y avait bien un survivant sur le deuxième site, ils ne le virent pas. Il semble très probable qu’il fut ramené le jour même à la base, sans doute à l’hôpital. Deux témoins indépendants l’auraient même vu entrer, en marchant, à l’hôpital.

Il faut dire ici que Tom Carey et Donald Schmitt ont supposé que cet épisode de la tente avait eu lieu, non pas sur le deuxième site proche de Roswell, mais sur le troisième site, au ranch Foster. Or cette option est contredite par le fait que ces deux soldats, chargés de garder la tente, ont dit qu’ils avaient vu l’ovni, qui était sur le deuxième site, plus proche de Roswell. De plus ils ont dit que le trajet n’avait guère duré plus d’une demi-heure sur la route, avant de s’enfoncer dans la « cambrousse » (« into the boondocks »). Cette durée du trajet correspond bien à l’emplacement du deuxième site. Dans un message qu’il m’a adressé en septembre 2008, Donald Schmitt m’a dit son accord à ce sujet, mais ils n’ont pas modifié ce scénario dans leur nouvelle édition de 2009.


Le caporal Raymond Van Why (RAAF Yearbook)


Donnons quelques précisions sur ces deux témoins importants. Selon Carey et Schmitt, en 1947, le soldat Ed Sain faisait partie du 390eme Air Service Squadron (ASS), lui-même rattaché au 509eme Groupe de bombardement, l’unique groupe de bombardiers atomiques de l’époque, basé à Roswell. Cet « escadron », dirigé par le Major Richard Darden, était chargé spécialement de garder les bombardiers B-29 du 509eme groupe. C’était une mission de confiance, et les soldats de l’ASS avaient une habilitation au niveau « top secret », plus élevée que celle de la police militaire, la 1395eme compagnie, dirigée par le Major Edwin Easley. C’est à celle-ci qu’appartenait l’autre témoin, le caporal Raymond Van Why. Selon Ed Sain, interviewé par Carey et Schmitt, les deux commandants Darden et Easley étaient déjà sur ce deuxième site de la plus haute importance, lorsqu’ils sont arrivés. Les deux soldats reçurent des provisions pour garder la tente la nuit, avec ordre de tirer sur toute personne essayant d’y entrer… Heureusement, personne ne se montra. Ils furent relevés avant même la fin de la nuit, et ramenés la base. Carey et Schmitt ont pu aussi s’entretenir avec le fils de Sain, Steven, qui lui a précisé que son père avait mis trente ans pour se décider à en parler, à lui et à son frère : « Il leur dit qu’il avait prêté serment de secret et qu’il craignait pour sa vie s’il disait quoi que ce soit… Il ne voulait regarder aucune émission, ni lire aucun livre sur Roswell. Ce n’est que récemment qu’il a commencé à en parler ». Il a aussi évoqué l’appareil, qui était « la chose la plus étrange qu’il avait vue de sa vie ».

Raymond van Why est décédé en 2001 à l’âge de 76 ans. Selon sa veuve Leola, il était très peu bavard sur les neuf années et demie qu’il avait passées dans l’armée. Il avait notamment gardé le B-29 Enola Gay (le bombardier d’Hiroshima). Lorsqu’il a quitté l’armée, il a jeté tous ses papiers militaires. Selon elle, il a parlé pour la première fois en 1954, en lisant un article de magazine sur un crash supposé d’ovni. « J’ai vu cela ! » s’est-il écrié. Il lui a raconté qu’il avait dû garder un site dans le désert, à Roswell, là où un engin spatial s’était écrasé. « Mon mari m’a dit que c’était bien un ovni qui s’était écrasé, que c’était un disque rond ». Comment le sais-tu ? lui avait-elle demandé. «  Parce que j’étais là et que je l’ai vu ! ».



Mardi 8 juillet

Le briefing du colonel Blanchard, et le communiqué de presse

Avant d’en venir à un autre épisode important, celui du transport à la base de Roswell de tout ce qui a été découvert – ovni, cadavres, débris, sur les trois sites - pour lequel de nouveaux témoins sont apparus également, il faut placer ici, chronologiquement, le briefing du colonel Blanchard, très tôt dès le mardi-matin, moment crucial où toute la suite des opérations va être décidée, certainement en liaison avec la hiérarchie militaire. Cet épisode, que l’on croyait bien connaître, a été fortement secoué par le témoignage posthume de Walter Haut, selon lequel le général Ramey et son adjoint le colonel DuBose étaient venus de Fort Worth pour y participer (voir le texte intégral de son affidavit dans Le crash de Roswell).

Le commandant Marcel et le capitaine Cavitt informent le colonel Blanchard, dès 6 h du matin, de ce qu’ils ont trouvé sur le ranch Foster (et sans doute dès la veille au soir pour Cavitt). Blanchard convoque son briefing hebdomadaire plus tôt que d’habitude, à 7 h 30. Il y fait le point de la situation sur les différents sites, avec plusieurs responsables de la base. Des débris rapportés par Marcel et Cavitt, qui participent eux aussi à la réunion, sont examinés. Le lieutenant Walter Haut y assiste aussi en tant que responsable de la communication

Dès la publication de l’affidavit de Walter Haut, dans le livre de Carey et Schmitt, un point a été débattu : la présence du général Ramey et du colonel DuBose à ce briefing. Sont-ils venus dès la veille au soir de Fort Worth (situé à 600 km, à une heure et demie de vol) ? C’est plausible, étant donné que toute la hiérarchie était déjà en alerte. Rappelons les signes d’agitation dans les hautes sphères militaires et politiques à Washington (évoqués au premier chapitre de mon livre Le Crash de Roswell). Si c’est bien le cas, Ramey et DuBose ont dû repartir dans la matinée de mardi pour Fort Worth, où ils ont « joué » la mise en scène au ballon météo pour la presse en fin d’après-midi.

Le communiqué de presse

Dans la matinée, le colonel Blanchard dicte au lieutenant Walter Haut le célèbre communiqué de presse annonçant la découverte d’un « disque volant ». Haut le diffuse vers midi aux deux journaux et aux deux radios de Roswell. L’annonce est aussitôt diffusée à la radio, et déclenche une tempête médiatique de portée internationale. Pourquoi le colonel Blanchard, officier d’élite promis à une brillante carrière (il deviendra général à quatre étoiles), a-t-il ordonné de publier ce communiqué étonnant ? Comme me l’a souligné Walter Haut quand je l’ai rencontré en 1995, il ne l’avait sûrement pas décidé tout seul. Ce communiqué a donc fait partie d’un plan d’action décidé au sommet. L’explication qui me semble la plus plausible est que cela a été décidé, dans la matinée, pour parer au risque de ne pouvoir garder totalement le secret, alors qu’il y avait trois sites sur le terrain dont seul le deuxième était sous contrôle à ce moment-là. Les militaires se rendent compte que la nouvelle du crash commence à se répandre dans la région. On dissuade la diffusion de l’interview de Brazel à la radio KGFL, et on bloque l’annonce du journaliste John McBoyle à la radio KAOT d’Albuquerque (selon le témoignage de Lydia Sleppy), mais un dérapage médiatique reste possible, et dans ce cas le communiqué permettra de faire bonne figure. L’essentiel est de cacher la découverte principale, celle de l’ovni sur le deuxième site. Si les militaires arrivent à boucler les trois sites et à tout bien contrôler sur le terrain, ils pourront revenir en arrière et démentir le communiqué. C’est exactement ce qui a été fait, le soir même, à Fort Worth, dans le bureau du général Ramey, et à Roswell aux radios et aux journaux.

Bouclage et nettoyage du champ de débris

Dès le début de la matinée, le colonel Blanchard envoie une équipe de 50 à 60 hommes pour boucler, puis nettoyer le vaste champ de débris au ranch Foster. Le mardi-matin, le directeur de la radio KGFL Walt Whitmore a amené à la base le fermier Brazel, qui avait passé la nuit chez lui. C’est sans doute Brazel, alors repris en main, qui va conduire les militaires pour aller sur le ranch et prendre le contrôle des lieux. Selon certains, il aurait même été emmené dans un avion d’observation pour les guider plus rapidement.

Le commandant Edwin Easley, chef de la police militaire, et le commandant Richard Darden, commandant adjoint de la base et chef de l’unité d’élite pour la garde des bombardiers atomiques, dirigent les opérations, sur les trois sites. Des MP de la 1395eme compagnie (dirigée par Ealsey) sont postés le long de la route 285 (au nord de Roswell) jusqu’au hameau de Ramon. Plusieurs témoins indépendants les ont remarqués, notamment William Woody et son père.

Des témoins civils ont observé de loin le bouclage du champ de débris. Trinidad « Trini » Chavez, fils d’un employé du ranch Richards (au sud du ranch Foster), a observé le travail des soldats sur le champ de débris, avec des camarades, à distance depuis une colline. Il était trop tard pour s’approcher et ramasser des débris, mais il a appris ensuite que son père en avait déjà ramassé. Le jeune Charlie Schmid, qui habitait au nord de la ville, a eu vent de l’événement. Il a enfourché sa moto et a réussi à s’approcher du champ du débris. Il a eu juste le temps de regarder quelques pièces métalliques, avec des inscriptions étranges. Mais, en entendant des véhicules militaires arriver, il a préféré s’éclipser, comprenant qu’il était tombé sur une affaire très secrète.

Le début de marche–arrière à Roswell

Dès mardi-matin, on l’a dit, la radio KGFL est fortement dissuadée de diffuser l’interview de Brazel, par deux coups de téléphone, depuis Washington. Ainsi, tout est déjà dirigé d’en haut. C’est le codirecteur de la station à l’époque,  George « Jud » Roberts, qui l’affirme : il a été appelé par le bureau du sénateur du Nouveau-Mexique Dennis Chavez, et par T. J. Slowie, secrétaire exécutif de la FCC (Federal Communications Commission). Celui-ci lui a fait comprendre que, s’il diffusait l’enregistrement de Brazel, sa radio risquait de perdre sa licence dans les trois jours ! John McBoyle, directeur de la station de la radio de Roswell KSWS, appelle Lydia Sleppy à Albuquerque (elle est le premier témoin dont a eu connaissance Stanton Friedman dans les années 70), et lui annonce la découverte de l’ovni. Mais l’entretien tourne court, et il lui dit d’oublier cet appel. La transmission à Los Angeles est arrêtée par un télex du FBI sur sa machine Télétype.

Dès le mardi-midi, l’armée a complètement bouclé les trois sites, et pense contrôler enfin la situation. Elle peut alors commencer à faire marche-arrière par rapport au communiqué de presse du matin. Sur le bouclage du site des débris, rappelons l’un des plus anciens témoins retrouvés par les enquêteurs. Budd Payne, éleveur des environs, avait voulu pénétrer sur le ranch de Brazel, à la recherche d’une bête égarée, mais il avait été arrêté par un garde armé. Il arrivait par l’ouest, ce qui veut dire que le ranch était déjà bouclé dans sa totalité. Que de précautions pour quelques kilos de ballons météo ! En début d’après-midi, quelques tentatives sont faites par les militaires de Roswell pour arrêter la diffusion du communiqué de presse. On va encore récupérer des copies le 9 juillet, à Roswell, Albuquerque et Santa Fé. Cependant, dès le mardi-matin, la rumeur de la découverte s’est déjà répandue à Roswell. Le communiqué de midi est publié par le Roswell Daily Record dans l’après-midi, ainsi que d’autres journaux du Centre et de l’Ouest des Etats-Unis (par exemple le San Francisco Chronicle). Les journaux de la côte Est publieront directement le démenti du soir, le lendemain 9 juillet. Rappelons également ici cette mise en scène à Fort Worth, avant de présenter les nouveaux témoignages, très importants, sur la récupération de l’ovni et des cadavres du deuxième site.

La mise en scène de Fort Worth, mardi-soir 8 juillet

Le général à la retraite Thomas DuBose a clairement dit, dans un « affidavit» signé en 1991, qu’ils avaient reçu l’ordre du Pentagone (le général McMullen), au quartier général de la 8eme armée aérienne à Fort Worth, de mettre en scène un cover-up et de tout oublier ensuite.

Le mardi en fin de matinée a lieu un vol de B-29 (Dave’s Dream) à Fort Worth, avec à son bord le Major Marcel et d’autres officiers. Marcel a pour mission d’apporter personnellement au général Ramey un nouveau lot de débris ramassés sur le ranch Foster. Equipage très galonné, selon le sergent-chef (Ms Sgt) Robert Porter, qui était à bord comme mécanicien de vol. A sa tête, le Lieutenant-colonel Payne Jennings, adjoint du colonel Blanchard (selon l’affidavit de Porter). Porter a eu en main des paquets de vrais débris, d’une surprenante légèreté. A Roswell, le lieutenant Robert Shirkey a assisté à leur départ.

Arrivé à Fort Worth, le commandant Marcel montre quelques débris au général Ramey, dans son bureau. Celui-ci l’emmène dans la salle des cartes pour qu’il lui montre le lieu précis du crash. Au retour dans son bureau, les débris ne sont plus là. Pendant ce temps, le colonel DuBose, adjoint de Ramey, réceptionne des débris de ballon météo et de cible radar très abîmés, livrés sans doute par un autre avion car il n’a pas vu Marcel, et va les étaler lui-même dans le bureau de Ramey. Pour lui, ce ne sont que des débris bons à jeter, selon ses entretiens avec des enquêteurs. Avant même l’arrivée des vrais et faux débris, le général Ramey, répondant à des journalistes, commence déjà à dire, en début d’après-midi, que c’est une confusion avec un ballon. Il annonce aux journalistes que le vol prévu vers la base de Wright Field (Ohio), pour examen des débris, est annulé. Mais un télex du FBI, à 16 h17 CST (qui sera rendu public sur demande FOIA), indique que non.

La célèbre conférence de presse au ballon météo a lieu vers 16 h 30 (CST). Le reporter photographe John Bond Johnson prend en photo Ramey et DuBose devant les débris étalés, qui seront publiées le lendemain. D’autres photos sont prises de Marcel, également devant des débris de ballon. L’adjudant Irving Newton, responsable météo convoqué au bureau de Ramey, identifie immédiatement ballon et cible radar, et est congédié. Sur ordre de Ramey, Marcel a assisté à la séance sans rien dire, contrairement à ce que racontera plus tard Newton, devenu un important témoin soutenant la thèse militaire des ballons (important car ils sont peu nombreux !). Le lendemain, le démenti de Fort Worth est publié en première page dans tous les journaux, et l’incident est clos pour trente ans. Mais à Roswell, et ailleurs, les opérations continuent.

Le démenti à Roswell

A Roswell, en début d’après-midi, de nombreux appels continuent à arriver de partout, mais le colonel Blanchard est injoignable. On dit qu’il est parti en congé ! En fait il est allé visiter les sites, selon le lieutenant-colonel Joe Briley. Les jours suivants, Blanchard se serait fait installer un bureau provisoire, à l’écart sur la base.

Le mardi après-midi, arrivée à Roswell des journalistes Robin Adair et Jason Kellahin, de l’Associatd Press. Témoignages contradictoires : Adair, venant d’El Paso par avion sur ordre urgent de l’AP à Washington, survole deux sites par avion. Des militaires en armes leur font signe de s’écarter. On montre à Kellahin, venu en voiture d’Albuquerque, des débris de ballons, près de la route 285. C’est manifestement une petite mise en scène arrangée spécialement pour lui. Nouvel entretien de Brazel le soir, aux deux journaux et aux deux radios, cette fois sous escorte militaire (témoignage de Paul McEvoy, éditeur du Record). Maintenant, Brazel dit qu’il a trouvé des débris de ballon le 14 juin, au lieu de début juillet. Sa femme Margaret, sa fille Bessie et son fils Vernon étaient avec lui. Brazel raconte maintenant qu’il avait trouvé en fait 5 livres de ballons. Mais alors, pourquoi s’est-il donné la peine de faire le voyage à Roswell ? Photo de Brazel par Adair, publiée le lendemain avec son témoignage modifié et le démenti de Fort Worth (article « Harassed rancher »…). Un nouvel épisode de probable manipulation des journalistes a été révélé en 2009 : un jeune photographe de Life Magazine, Alan Grant, a été embarqué à Albuquerque sur un petit avion par un Major Charles Philips qui l’a baladé dans un coin désertique, où ils n’ont rien trouvé : vous voyez, il n’y a rien ! De fait, Life, suivi par beaucoup d’autres magazines, ne va rien publier sur l’incident

Plusieurs témoins voient Brazel déambuler dans les rues de Roswell sous escorte militaire : Floyd Proctor, Lyman Strickland, Leonard « Pete » Porter, Bill Jenkins, et L. D. Sparks. Brazel, qui les connaît bien, baisse la tête et semble ne pas les voir. Second entretien de Brazel avec le journaliste Frank Joyce. Joyce lui fait remarquer qu’il a changé son histoire. Commentaire final de Brazel, très mal à l’aise, au moment de partir : « ils ne sont pas verts ! » Brazel est ensuite gardé près d’une semaine à la base, dans la maison d’hôtes (témoignages de sa famille et de ses voisins).

Cependant, des vols spéciaux, non programmés, commencent à arriver à Roswell : de Washington DC, de White Sands (Alamogordo AFB), de Fort Bliss (près d’El Paso), et de Kirtland AFB. On fait venir des équipes de nettoyage en renfort, depuis Fort Bliss et Alamogordo. Revenons maintenant au film des événements sur les sites et sur l’acheminement des débris, de l’ovni et des cadavres à Roswell, précisé par de nouveaux témoins.

Le mardi 8 matin, séance photo sur le deuxième site

A Washington, le Pentagone, alerté par Roswell et Fort Worth sur la découverte des deux sites, a décidé dès le lundi d’expédier par avion à Roswell une équipe de photographes : le sergent Frederick Benthal et le caporal Al Kirkpatrick, de la Anacostia Naval Air Station à Washington (Benthal avait photographié les tests atomiques de Bikini en 1946). Cet épisode de la séance photographique a été raconté aux enquêteurs par Benthal lui-même, en 1993.

Décollage de Washington vers 10 h, vol en B-25, arrivée à Roswell le lundi soir vers 17 h (MT). Au petit matin, Benthal et Kirkpatrick sont conduits sur le deuxième site. Ils doivent revêtir des tenues de protection. Ils voient des tentes, gardées par des hommes en armes, ainsi qu’un camion frigorifique. Kirkpatrick est envoyé sur un autre site : sans doute le champ de débris, que l’on est en train de boucler. Benthal voit s’affairer un certain nombre de soldats et d’officiers, dont deux commandants dont il ne connait pas les noms : sans doute les Majors Darden et Easley. Il doit faire des photos des cadavres, au flash sous la tente, où sont alignés des petits corps sur une toile en caoutchouc. Il remarque une odeur de désinfectant (formaldéhyde). Les deux photographes sont ramenés le jour même à la base de Roswell. Caméras et films confisqués. Retour le lendemain-matin à Washington, debriefing par le lieutenant-colonel Bibbey, et interdiction de parler. Peu de temps après, Benthal va être envoyé en mission en Antarctique !

Transport des cadavres à la base

Après la séance photo sous la tente, les cadavres du deuxième site sont transportés à la base, sans doute mardi en fin de matinée. Nous connaissons déjà un témoin probable de cette opération : le sergent Melvin Brown (selon sa fille Beverly Bean). Ils sont d’abord installés dans le grand hangar P-3 (qui existe encore aujourd’hui, sous le nom de hangar 84), puis une équipe est chargée de les transporter à l’hôpital de la base.

Voici un nouveau témoignage important, celui du soldat Elias « Eli » Benjamin qui, selon Tom Carey et Donald Schmitt, s’est décidé à parler en 2005. Jusque là, il n’osait pas, de peur de perdre sa pension de retraite militaire. Finalement, il a parlé publiquement pour la première fois, à l’âge de quatre-vingts ans, lors d’une émission de la chaîne câblée SciFi, qui a été diffusée en novembre 2006 aux Etats-Unis (en 2008 en France).


Eli Benjamin avec Richard Dolan et Lisa van Camp, au hangar P-3 (SciFi Channel)


Un matin de juillet, Eli Benjamin vient de terminer une garde de nuit, quand il reçoit l’ordre de rester en alerte pour une mission spéciale. Il remarque une activité importante et inhabituelle autour de quartier général de la base : c’est sans doute la fameuse réunion du mardi-matin. Dans l’après-midi, il reçoit l’ordre d’aller au hangar P-3. Lorsqu’il arrive au hangar, il découvre que l’officier qui lui avait dit de prendre ce poste est en proie à une grande agitation, et est contraint au silence par des MP : Il a craqué en voyant les cadavres dans le hangar ! Ceux-ci sont disposés sur des lits à roulettes (gurneys), trois ou quatre, croit-il se rappeler, et recouverts de draps. Benjamin est alors chargé, par un autre officier arrivé sur les lieux, d’escorter le transport de ces corps à l’hôpital de la base, dans une ambulance. Selon Benjamin, l’un d’eux semble se mouvoir. Le drap a glissé et il a aperçu un visage grisâtre, une large tête sans cheveux qui n’était pas humaine. Devant la caméra de SciFi Channel, Benjamin imite le mouvement de sa tête se penchant sur le côté, comme s’il était mourant.

Lorsque Benjamin arrive à l’hôpital, plusieurs médecins, et des officiers, sont là, attendant les corps. Ils enlèvent les draps, ce qui permet à Benjamin de les apercevoir furtivement. Il remarque que les médecins sont comme fascinés, immobiles, autour des cadavres. De mémoire, Benjamin fait la description d’un petit corps, avec une grosse tête en forme d’œuf, des yeux allongés, une bouche mince comme une fente, et deux trous à la place du nez.


La tête de l’alien selon Eli Benjamin (dessin de Don Schmitt)


Benjamin remarque aussi une très forte odeur de cadavres décomposés. Or cette odeur ne provient pas des corps qu’il vient d’acheminer. Ce détail suggère que les cadavres très abîmés du troisième site étaient déjà là, et semble confirmer le récit qu’une infirmière aurait fait à Glenn Dennis d’une tentative d’autopsie à laquelle elle aurait dû participer.

Un nouveau témoignage à l’hôpital

A l’hôpital, Miriam « Andrea » Bush, âgée de vingt-sept ans, était la secrétaire de l’administrateur de l’hôpital, le lieutenant-colonel Harold Warne. Selon son frère George et sa sœur Jean, elle est revenue un soir en état de choc. Elle a fini par dire qu’il y avait à l’hôpital du personnel médical qu’elle ne connaissait pas. Warne l’avait emmenée dans une pièce d’examen où elle avait vu plusieurs corps, petits comme des enfants. L’un d’eux était vivant. Leur peau était grisâtre ou tirant vers le brun, et ils avaient une grande tête et de grands yeux. Le lendemain, elle a déclaré que personne ne devait plus rien dire sur cette histoire. La famille a eu l’impression qu’elle avait été sévèrement menacée. Selon eux, l’événement l’avait tellement perturbée qu’il a gâché sa vie. Elle est morte en 1989 dans des circonstances suspectes, avec des traces de coups sur les bras, mais il a été conclu au suicide, en s’étouffant avec un sac en plastique noué autour de sa tête… Sa belle-sœur Pat Bush a témoigné publiquement (la vidéo a été publiée sur le site SciFi). Elle ne croit pas du tout au suicide, et est convaincue que Miriam avait été menacée.


Pat Bush, belle-sœur de Miriam Bush (SciFi Channel)


Rappelons le témoignage de l’ancien employé de pompes funèbres Glenn Dennis. Il a raconté qu’il avait été appelé par la base pour savoir s’ils disposaient de petits cercueils, hermétiques, et comment faire pour embaumer des corps. Il aurait ensuite rencontré une infirmière à l’hôpital qui lui dit avoir participé à une séance d’autopsie, interrompue à cause de l’odeur insupportable des cadavres. Son témoignage a été mis en doute car il avait caché le nom de l’infirmière en donnant de faux noms. Or une série de nouveaux témoignages ont permis de retrouver très probablement la véritable infirmière, Mary Crowley Lowe, qui habitait encore à Roswell en 2009 ! Wendy Connors, enquêtrice réputée lui a rendu visite à la demande de Carey et Schmitt. Elle n’a pas avoué vraiment mais l’entretien la désignait assez clairement.


L’ancienne infirmière Mary Crowley Lowe (photo W Connors)


Les corps sont ensuite amenés dans une chambre froide, située à mi-chemin entre le hangar et l’hôpital (ceci a été confirmé récemment à Carey et Schmitt par une personne qui y a travaillé dans les années 90, et a entendu parler de l’événement de 1947). Puis, ils sont ramenés dans le hangar P3 pour la nuit, où l’on a préparé un local à cet effet, et où l’on a fabriqué des caisses spéciales en bois pour leur transport le lendemain. Il s’agit là des corps du deuxième site, ramenés à Roswell en début d’après-midi. Les corps très abîmés du troisième site sont traités à part, comme on va le voir plus loin.

Mardi-soir : préparatifs pour le transport des corps du deuxième site.

Il y a plusieurs témoignages crédibles de soldats qui ont dû garder le hangar P-3 pendant la nuit de mardi à mercredi, et préparer des caisses pour le transport le lendemain. Certains soldats sont postés pour garder le hangar la nuit. Certains ont vu les cadavres. Parmi eux, le sergent Melvin Brown (selon sa fille Beverly Bean) est l’un des plus anciens témoins connus.

Il y a aussi le soldat Francis Cassidy qui a dit à sa femme, Sarah Mounce, qu’il avait vu les corps à l’intérieur. Autre témoin : selon sa veuve Wanda Lida, le caporal Robert J. Lida lui a dit qu’il avait gardé le hangar et observé à l’intérieur l’épave et de petits corps, que l’on préparait pour être expédiés. Ce sont encore le sergent Robert Smith et d’autres membres de la First Air Transport Unit (1st ATU) qui ont participé aux préparatifs.

Le lendemain, probablement, a eu lieu le chargement et le transport de ces corps, directement vers la base de Wright Field, à bord d’un quadrimoteur C-54 (Douglas DC-4 en version civile). Cet avion a été piloté par le capitaine Olivier « Pappy » Henderson (selon les témoignages de sa veuve Sapho Henderson, et de sa fille Mary Kathryn Groode).

Chargement et transport des cadavres du troisième site

Les cadavres du troisième site, que l’on a rapidement renoncé à autopsier à l’hôpital à cause de leur odeur très forte, sont entreposés pour la nuit dans une tente, placée à l’extrémité de la base, le plus à l’écart possible des bâtiments, et non loin des puits de chargement (« bomb pits ») des bombardiers B-29 pour les bombes atomiques, en vue de leur transport dès le lendemain-matin. Les encombrants cadavres, à évacuer au plus vite, ont peut-être transité eux aussi par la chambre froide, où on les a mis dans de la glace et dans des housses étanches, puis on les a installés dans une grande caisse en bois. Au cours de la nuit, cette caisse est placée dans le puits de chargement No 1, et est chargée dans la soute du B-29 « Straight Flush ». Deux soldats ont raconté comment ils avaient gardé l’avion pendant qu’on le chargeait sur le bomb pit. L’un d’eux a décrit comment le puits avait été entouré de deux toiles pour empêcher quiconque de voir à l’intérieur. Il avait dû monter la garde en aveugle entre les deux toiles (ces témoignages, qui se recoupent bien, sont détaillés dans Le Crash de Roswell).

Le compte-rendu le plus intéressant, peut-être, sur le chargement du B-29 est celui du capitaine Meyers Wahnee, selon sa fille Blanche Wahnee. Son père avait révélé à sa famille que l’incident de Roswell était véridique, dans la dernière année de sa vie. Officier de sécurité de haut niveau, il était venu à Roswell par avion de Fort Simmons, au Colorado, pour superviser le transport d’un « élément top secret », de Roswell à Fort Worth par un vol spécial de B-29. L’élément était une unique, grande caisse en bois, que Wahnee devait accompagner comme garde de sécurité dans le puits de chargement. Il dit qu’il contenait les corps d’aliens trouvés près de Roswell. Comme plusieurs autres témoins dans le livre, il a précisé qu’il y avait trois sites de crash.

Nous allons voir comment toute une série de témoins, dont certains sont nouveaux, ont décrit ce transport des corps par B-29 le lendemain mercredi, vers le quartier général de Fort Worth, au Texas. Mais, pour respecter la chronologie, plaçons d’abord ici l’épisode du transport de l’ovni à la base, le mardi après-midi, pour lequel il y a aussi de nouveaux témoins.

Chargement et transport à Roswell de l’ovni du deuxième site

Le mardi 8, pendant qu’est mis en scène à Fort Worth le démenti public au ballon, les opérations de récupération continuent sur les sites et sur la base de Roswell. Dès 5 h du matin, le sergent Earl Fulford voit son ami, le sergent George Houck, quitter la base au volant d’un camion avec une longue remorque. L’après-midi, vers 16 h, alors qu’il quitte son travail, il le voit revenir avec un chargement bâché sur la remorque, qui semble avoir la forme d’une Wolkswagen. Fulford lui a demandé ce qu’il transportait, mais Houck a toujours refusé de lui en parler.


L’ancien sergent Earl Fulford, invité à CNN


Le soldat Rolland Menagh a participé au chargement de l’ovni sur un camion remorque à 18 roues, recouvert d’une bâche. Il a escorté en Jeep le retour du convoi à Roswell, où l’engin a été déposé dans un hangar. Des témoins, en ville, voient passer le camion 18 roues, bâché, sous escorte armée. Ces divers témoignages indiquent bien que l’appareil a été rapatrié au hangar P-3 en fin d’après-midi.

C’est sans doute le lendemain mercredi que le capitaine Sheridan Cavitt est allé visiter le deuxième site, accompagné de son assistant, le sergent-chef Lewis Rickett. Celui-ci a raconté la visite, à trois quarts d’heure de route au nord de Roswell. Il n’a pas vu l’ovni, mais il y avait encore quelques débris au sol. Il en a ramassé un qui était légèrement incurvé et très léger, mais impossible à plier.

En 2009, encore de nouveaux témoins !

De nouveaux témoignages sur ces opérations ont encore été recueillis par l’équipe Carey-Schmitt, et cités dans leur seconde édition de 2009. James Strom, selon son beau-frère John Tilley, a escorté le convoi à travers Roswell en fin d’après-midi. Bill Blair a confirmé l’entreposage au hangar P 3. De nouveaux témoins confirment les rumeurs qui circulaient à la base sur le crash : les sergents Harvie Davis et Leonard Hardy, les soldats John Bunch et Eugene Helnes.

D’autres témoins militaires, directs ou indirects, ont encore été retrouvés : selon sa femme Mary, le soldat Frank Martinez a conduit des camions vers le ranch Foster pendant deux jours d’affilée. En juillet 2008, l’ancien sergent William Ennis, ami d’Earl Fulford (un témoin important de la première édition, décédé le 3 août 2008) qui était ingénieur de vol sur B-29, a fini pas avouer qu’il avait vu l’ovni et il a fait ce commentaire : « Il n’y avait pas de moteur ! Avant de m’en aller, je voudrais bien savoir. » les témoins sont maintenant si nombreux, sur toutes ces opérations, que l’on renonce à les compter !

Un témoin surprenant : le gouverneur adjoint Montoya.

Il faut signaler ici un épisode curieux, mais qui semble confirmé selon les enquêteurs, après de nombreux entretiens avec des témoins. Ce serait la visite sur la base du jeune gouverneur adjoint du Nouveau-Mexique, Joseph Montoya, un Américain « hispanique ». Celui-ci aurait vu les cadavres, qui venaient d’être transportés dans le grand hangar P-3. Kevin Randle et Donald Schmitt en avaient déjà parlé dans leur second livre, paru en 1994. Tom Carey et Donald Schmitt ont repris et développé cet épisode étonnant dans leur livre de 2007, sur la base d’une série d’entretiens qu’ils ont réussi à avoir avec des témoins, proches de Montoya, notamment Ruben Anaya, qui avaient été impliqués dans l’incident. Cet épisode pose quand même quelques questions qui sont discutées dans Le crash de Roswell).

Selon Ruben Anaya, le gouverneur adjoint Montoya était allé au hangar P-3 pour serrer la main à de jeunes soutiens politiques (les « montoyistas »). Il se trouve qu’il est entré dans le hangar juste après que des véhicules militaires y avaient apporté les cadavres et un premier chargement de débris, que des techniciens et des médecins commençaient juste à examiner. Il pouvait difficilement tomber plus mal, et il fut littéralement saisi de panique. C’est alors qu’il a appelé Ruben Anaya pour venir d’urgence le sortir de là en voiture. Anaya était bien connu à la base et a pu y entrer sans difficulté, puis en ressortir avec Montoya, celui-ci en état de choc. Après avoir absorbé des remontants chez les deux frères Anaya, il a pu leur raconter ce qu’il avait vu : des corps allongés sur des tables « qui n’étaient pas humains ! ». L’un d’eux était encore vivant car il l’a entendu gémir. Incidemment, il y a une scène analogue, fameuse, dans le film Roswell (avec l’acteur Martin Sheen), dont le directeur exécutif Paul Davids connait très bien les enquêtes sur Roswell, et a préfacé le livre de Carey et Schmitt.

Selon Montoya, les « petits hommes » furent embarqués vers l’hôpital juste avant qu’il quitte le hangar. C’est compatible avec le témoignage d’Eli Benjamin qui avait dû opérer ce transfert, sans doute dans l’après-midi. D’autre part, Montoya n’avait pas vu l’appareil dans le hangar, seulement des débris. C’est compatible également les témoignages, déjà cités, selon lesquels l’appareil aurait été acheminé à la base en fin d’après-midi. Incidemment, c’est alors que le colonel Blanchard, revenu à la base après sa visite du terrain, aurait fait une visite au hangar, flanqué de son fidèle lieutenant Haut, lequel a eu ainsi l’occasion de voir, brièvement, l’engin et des cadavres. On voit que les divers témoignages s’enchaînent et s’emboîtent, tels les morceaux d’un puzzle compliqué, de manière plausible.



Mercredi 9 et jours suivants

Le deuxième vol de B-29 vers Fort Worth

C’est le mercredi 9 juillet, vers 16 h, que décolle le bombardier B-29 Straight Flush, avec la grande caisse en soute, en direction du quartier-général de Fort Worth, au Texas. L’appareil est piloté par le capitaine Frederick Ewing, et c’est un vol sous haute protection, avec des gardes armés dans la soute : le vol aller se fait à basse altitude (4 à 5 000 pieds, soit 1 300 à 1 600 m), alors que le retour à Roswell se fera à l’altitude de vol normale (25 000 pieds, soit 8 300 m, la cabine étant pressurisée). Le Major Marcel est sur le vol de retour. Le plus ancien témoignage recueilli par les enquêteurs est celui du sergent Robert Slusher, membre de l’équipage, qui l’a décrit avec précision dans son affidavit du 23 mai 1993. D’autres témoins plus récents, membres eux aussi de l’équipage, sont le sergent Arthur Osepchook et le soldat Lloyd Thompson.


L’ancien sergent Robert Slusher (SciFi Channel)


Les récits des deux autres témoins de ce vol, le sergent Arthur Osepchook et le soldat Lloyd Thompson, corroborent bien celui de Robert Slusher, avec quelques détails révélateurs sur la nature exceptionnelle de ce transport de haute sécurité. Le sergent Osepchook était certain, comme les autres hommes, qu’il y avait quelque chose de très important dans cette caisse. Un aspect intéressant de son témoignage est qu’ils ils furent « débriefés » à leur retour à Roswell. On leur dit qu’il n’existait pas de « soucoupes volantes », et qu’il n’y avait pas eu de crash de l’une d’elles. Encore une fois, que de précautions pour une grappe de ballons ! Autre détail : Lloyd Thompson se souvient qu’avait participé au vol un médecin de la base, qu’il a reconnu car l’avait soigné la semaine précédente. Bizarre aussi, ce médecin embarqué pour un simple aller et retour à Fort Worth...

A l’arrivée à Fort Worth, un groupe de gens attendait l’avion sur le tarmac. L’équipage a entendu dans l’intercom le lieutenant Felix Martucci dire qu’il reconnaissait parmi eux un ancien camarade d’école, devenu entrepreneur de pompes funèbres (mortician), mais le capitaine Ewing lui a ordonné aussitôt de se taire ! Au retour à Roswell, le même Martucci a sans doute gaffé une seconde fois en s’exclamant : « Les gars, nous venons de faire l’histoire ! » (« Boys, we just made history ! »). Incidemment, Tom Carey et Donald Schmitt racontent qu’ils ont réussi à joindre Martucci au téléphone mais que, dès qu’ils ont abordé ce vol « historique », il a répliqué immédiatement qu’il ne savait rien et leur a raccroché au nez. Ils ont bien essayé de le rappeler un peu plus tard, mais il avait changé de numéro. Il n’est pas inconcevable qu’il ait écopé d’un sérieux avertissement à l’époque.

Transports de débris par plusieurs avions C-54, les jours suivants

Nous retrouvons ici le sergent Earl Fulford qui raconte qu’il a été réveillé à 2 h du matin (vraisemblablement dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10) et a reçu l’ordre d’aller au hangar P-3. Il était aussi opérateur de chariot élévateur, et c’est pourquoi on l’avait ainsi mobilisé. C’est aussi, peut-être, parce qu’il avait une habilitation au niveau « top-secret » : on préférait utiliser des hommes de confiance, et en nombre limité autant que possible. Il a dû charger une caisse en bois, de 7 pieds carrés, dans un avion C-54. Elle pouvait être manipulée comme si ce qu’il y avait dedans était très léger.

Il y a eu d’autres chargements et d’autres vols : selon Robert Smith (affidavit), il y a eu trois ou quatre vols de quadrimoteurs C-54. Il confirme un vol vers la base de Wright par le capitaine Henderson (il a vu son équipage), déjà évoqué plus haut. Selon ses proches, celui-ci avait transporté des corps, probablement ceux du deuxième site. Ces transports ont eu, selon les témoins, plusieurs destinations : White Sands, et Kirtland, puis Los Alamos par la route. Cette destination de Los Alamos a été révélée par un cousin de Robert Smith, membre des services secrets, Raymond de Vinney. L’envoi de débris pour étude à White Sands et à Los Alamos est logique. Ce sont des centres de recherche avancée de l’époque, pour les fusées et les bombes atomiques. Selon certains, des personnalités éminentes, comme Robert Oppenheimer pour le nucléaire, Von Braun pour l’espace, auraient été consultées. On a parlé aussi d’un transport à Washington : selon les témoignages du lieutenant-colonel Joe Briley et du sergent Lewis Rickett, un avion venu de Washington le mardi 8, avec à son bord du personnel du contre-espionnage (CIC, Counterintelligence Corps), était reparti le jour même avec un chargement de débris.

Le nettoyage des sites au cours des jours suivants

Au cours de jours suivants, les militaires de Roswell, aidés de renforts venus d’autres bases, notamment de Fort Bliss, situé plus au sud, près du Mexique, ont procédé à un ratissage à fond des sites. Le sergent Earl Fulford a aussi raconté que, le mercredi 9, il « avait été porté volontaire » pour faire partie d’une équipe de quinze à vingt hommes qui furent conduits sur le champ de débris de Brazel pour finir de nettoyer le site. On les avait dotés de sacs de toile et on leur avait ordonné de ramasser tout ce qui « n’était pas naturel ». Il a décrit une zone qui s’étendait sur des centaines de mètres et qui était, comme l’ont dit d’autres témoins, encerclée par des MP. Manifestement, le terrain avait déjà été nettoyé, car il ne restait pas grand chose, et l’on pouvait voir des traces de pneus de gros camions qui avaient dû servir à embarquer des choses. Il a trouvé seulement sept morceaux, et il a décrit, comme tant d’autres témoins, des feuilles « à mémoire de forme » (« memory foil ») qui reprenaient leur forme initiale après avoir été pliées.

Rappelons ici l’inspection, en septembre, de la région de Roswell par le professeur Lincoln LaPaz, assisté de Lewis Rickett, (voir le chapitre 2 du livre). LaPaz découvre une zone de terrain vitrifiée, à 5 miles au nord-ouest du champ de débris. Il confirmera plus tard à Rickett son opinion qu’il y a eu chute d’un engin extraterrestre. Il y aurait eu ainsi quatre sites plus ou moins alignés, du nord-ouest au sud-est : la zone vitrifiée (premier impact au sol ?) ; le champ de débris 5 miles plus loin (explosion d’une coque externe ?), le site des cadavres à 2 miles et demi du champ (une capsule de sauvetage ?) ; le site d’impact avec ovni et autres cadavres, à environ 20 miles plus loin.

Que s’est-il vraiment passé à Roswell ? Risquons ici un commentaire prudent sur toute l’affaire : nous sommes confrontés, manifestement, à une histoire complexe. En dépit de tous les témoignages accumulés, on voit qu’il y a encore des zones d’ombre et des inconnues. Mais ce n’est pas une raison pour tout mettre en doute. Beaucoup de pièces du puzzle sont déjà bien assemblées.

Témoins menacés, habitants surveillés

Les militaires ont également procédé la récupération du moindre débris ramassé par les habitants. Les maisons sont fouillées, saccagées, et les habitants sont menacés, même les enfants, selon le témoignage du photographe de Roswell, Jack Rodden. L’un des éleveurs de la région lui a raconté que ses trois enfants étaient rentrés de promenade très traumatisés, et avaient refusé de dire ce qu’ils avaient vu. Rodden a ensuite appris qu’ils en avaient vu trop, et que les militaires les avaient menacés et effrayés. D’autres parents ont raconté la même chose.

A Roswell même, Nous connaissons déjà le témoignage des filles du pompier Dan Dwyer, Frankie Rowe et Helen Cahill, sur des menaces de mort faites à leur famille. Nous connaissons aussi celui de Barbara Dugger, la petite fille du shérif George Wilcox, à qui sa grand-mère Inez avait révélé, peu de temps avant sa mort, les menaces de mort faites à son mari et à elle-même. Or, le cas du shérif fut peut-être encore pire, si l’on en croit les frères Anaya, évoqués plus haut comme témoins de l’expérience traumatisante de Joseph Montoya. Ils avaient eu la visite du shérif Wilcox, qui avait mission de mettre en garde et menacer les témoins. Ainsi, Wilcox aurait été forcé par les militaires de jouer ce pénible rôle, avant d’être menacé à son tour ! Ceci explique pourquoi cette histoire l’avait moralement brisé, selon les confidences d’Inez Wilcox à Barbara Dugger, et aussi l’un de ses adjoints, au point qu’il avait renoncé à sa carrière de shérif. Dans leur édition de 2009, Carey et Schmitt ont encore cité de nouveaux témoins sur les pressions et manœuvres d’intimidation dont furent victimes, à l’époque, les témoins.

Les jours suivants, au ranch Foster 

Les deux fils de Brazel, Bill et Paul, ont vu sa photo et le démenti dans les journaux. Comprenant que leur père a des problèmes, Ils accourent au ranch pour s’occuper des bêtes, chevaux et moutons. Paul, rancher au Texas, arrive le premier, mais les militaires sont encore là et il est refoulé, à plusieurs reprises. Il refusera totalement de témoigner par la suite. Le second, Bill, qui vit à Albuquerque, arrive juste après leur départ, avec sa femme Shirley, et ils peuvent s’occuper des bêtes. Brazel, à son retour, amer et humilié, refusera de parler à ses proches. Cependant, selon des témoins, il va avoir de quoi quitter le ranch et s’établir peu après à son compte.

Les habitants de la région ont continué à être surveillés et à être visités pendant des années. De fait, quelques-uns avaient gardé des débris. Bill Brazel va raconter, à Corona en 1949, qu’il a récolté quelques débris. Peu après, il a la visite d’un certain capitaine Armstrong, accompagné de trois soldats, qui demande et obtient les débris. Ils fouillent la maison et la mettent sans dessus-dessous. Selon un rancher de la région, L. D. Sparks, juste quelques années après l’incident, un voisin de Brazel, Dan Richards, lui avait montré un morceau de feuille métallique. Il l’avait jeté en l’air et ils avaient tiré dessus, mais sans arriver à l’endommager. On pouvait la replier mais elle reprenait ensuite sa forme originale : encore un témoin des feuilles infroissables, à mémoire de forme ! On verra, au chapitre 2 du Crash de Roswell, comment Brazel lui-même avait fait un jour cet exercice avec des amis chasseurs.

Malgré cet effort considérable des militaires pour récupérer tous les débris qui avaient pu être ramassés sur le ranch Foster et aux alentours (certains débris, les plus légers, avaient sans doute été dispersés à la ronde par le vent), il n’est pas impossible que des habitants aient réussi à en conserver quelques-uns. Tom Carey a dit à l’émission de CNN, Larry King Live du 4 juillet 2008, qu’il avait peut-être une piste pour en retrouver un !